Le
politique fiscale est à l’ordre du jour et dans leur ensemble, les
milieux de l’Assemblée s’y montrent hostiles. A l’exception, naturellement,
d’une poignée d’irréductibles qui soutiennent, inconditionnellement,
le Premier ministre. Tout dépendra, en définitive, de la
position du chef du Législatif et de son bloc parlementaire. Notre
photo: MM. Berri et Hariri quittant le palais de Baabda, à l’issue
d’un déjeuner de travail et de... réconciliation.
Le président
Nabih Berri n’a pas fini de nous surprendre par ses déclarations
et prises de position contradictoires, en ce sens qu’il proclame parfois
une chose et agit contrairement à ce qu’il défend.
Dimanche dernier et faisant allusion aux décisions du dernier
Conseil des ministres, le chef du Législatif a soutenu que “le gouvernement
a franchi dernièrement avec succès une dure épreuve
et sa manière de gérer les affaires publiques sur une base
institutionnelle lui a valu une plus grande confiance.”
Puis, se ravisant, M. Berri a ajouté: “Le relèvement
des impôts et taxes n’est pas une simple opération démocratique;
celle-ci revêt aussi un aspect socio-politique et nul ne doit manquer
le but à atteindre dans ce domaine.”
Et explicitant davange le fond de sa pensée, il a émis
ces réflexions, sous le ton de l’avertissement: “Il existe des lignes
rouges à ne pas dépasser.. Tout plan ou toute proposition
portant atteinte à la vie des citoyens et à leur avenir,
doit obtenir, au préalable l’approbation de l’Assemblée nationale.”
Ensuite, le président de la Chambre a énuméré
une série de mesures destinées, à son avis, à
réduire les dépenses improductives, à empêcher
le gaspillage, à généraliser la perception des impôts
et taxes, à reconsidérer l’ordre des priorités par
rapport aux projets à exécuter, à améliorer
les conditions de vie des catégories à revenu limité,
à renforcer le service pour la protection du consommateur.
D’autre part, il s’est étonné du retard mis par le Sérail
à créer le bureau national des médicaments, le projet
de loi y relatif ayant été ratifié par la Chambre
depuis près de cinq ans. “L’attitude officielle à ce sujet,
observe-t-il, est pareille à la politique de la Grande-Bretagne
favorable et hostile, à la fois, aux Arabes et aux Israéliens,
tout en restant neutre...”. Façon de dire, que le Cabinet est tenu
de prendre position et ne plus tergiverser...
Tout cela est fort beau, digne d’intérêt et d’attention.
Cependant, nous souhaiterions que le comportement du chef du législatif
sous l’hémicycle, lors du débat sur la nouvelle politique
fiscale, ne nous incite pas à répéter le dicton populaire
qui s’énonce de la sorte “Ecoutez et vous vous réjouissez,
mais à l’essai vous devenez triste”.
Le débat parlementaire autour des impôts et taxes, conçus
et concoctés par l’Argentier de la République, devrait tenir
compte de la situation si peu enviable dans laquelle se débat le
peuple libanais et prendre en considération la capacité des
contribuables à supporter des surcharges fiscales, dont le moins
qu’on puisse dire, est qu’elles sont abusives, iniques et inéquitables.
Or, ce qu’il a lâché d’une main - notamment la majoration
du prix de l’essence, qui aurait provoqué une hausse en chaîne
de tous les produits de consommation courante - le gouvernement cherche
à le prendre de l’autre, obnubilé qu’il est par son unique
souci de combler le déficit budgétaire dont il est seul responsable.
Car il a suivi une politique incohérente, en engageant des crédits
sans avoir établi un ordre des priorités et, surtout, avant
de recevoir l’aide promise par les Etats frères et amis ou
partant du fait que “la paix est imminente” et que la normalisation ne
saurait plus tarder à se manifester à tous les niveaux et
dans tous les secteurs.
En d’autres termes, il a vendu la peau de l’ours avant de l’avoir abattu! |