EXCLUSIF
Bien que
vingt-quatre ans se soient écoulés depuis la guerre d’octobre
1973, l’événement conserve sa pesanteur et peut être
sujet à répétition!
A l’occasion du vingt-quatrième anniversaire de cette guerre
glorieuse, “La Revue du Liban” a rencontré l’un de ses chefs éminents,
le général Moustapha Tlass, commandant-adjoint de l’armée
et des forces armées syriennes, vice-président du Conseil,
ministre de la Défense.
Voici les questions que nous lui avons posées et ses réponses.
LES HÉROS CONNUS ET CACHÉS DE
LA GUERRE
- Il a été beaucoup dit et écrit sur la guerre
d’octobre, en tant qu’événement et qu’acquis, mais il existe
certains de ses aspects non encore révélés. Pourriez-vous
nous en entretenir? “Je crois que tous ses aspects importants ont fait l’objet d’études et d’analyses militaires et politiques. De même, ses épisodes sont consignés dans maints rapports rendus publics”. - Le président Hafez Assad est le héros de la guerre d’octobre: c’est une vérité non sujette à controverse. Le peuple arabe, surtout en Syrie et en Egypte, ainsi que les effectifs des armées dans les deux pays en sont, également, les héros... Mais quels en sont les “héros inconnus”? “Il a été beaucoup écrit autour des héroïsmes de cette guerre, de ses symboles individuels et collectifs, au niveau des unités militaires combattantes, comme des officiers et des hommes de troupes. Ces faits ont été évoqués à la faveur d’entrevues personnelles et sur les colonnes des journaux. “Cependant, certains faits pourraient avoir été ignorés, en raison des circonstances dans lesquelles ces héros sont tombés au champ d’honneur. Cela se produit dans toutes les guerres”. |
PAS DE PAIX AU P.O. SANS
LA SYRIE; LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE EN A PLEINEMENT CONSCIENCE |
SES EXEMPLES ET LES LEÇONS À
EN TIRER
- La guerre d’octobre apparaît, dans son 24ème anniversaire,
comme présentant un important élément de motivation
au plan de la politique syrienne, face à l’opération de paix
au Proche-Orient. Dans quelle mesure ceci est-il exact?
“Oui, c’est exact. La guerre d’octobre constitue un haut fait dans notre
Histoire, riche en exemples et en leçons, dont notre peuple et les
générations futures de notre nation peuvent s’inspirer dans
leur lutte et leur confrontation avec les défis de nos ennemis.
“Quant à ses acquis, ils sont nombreux. D’abord, au plan de l’objectif,
l’attachement de la Syrie à l’objectif politique de la guerre d’octobre,
celui de la libération de la terre arabe occupée par l’agression
de 1967, de la récupération des droits légitimes du
peuple palestinien, ce qui a maintenu la cause vivace dans le cadre de
la politique internationale.
“Ceci a coupé la voie à l’ennemi sioniste qui a tenté
de trancher en sa faveur le conflit israélo-arabe. De même,
la communauté internationale a, maintenant, la conviction qu’il
n’y a pas de solution sans la Syrie qui a brandi le slogan de la paix juste
et globale depuis la guerre d’octobre.
“En ce qui concerne le second point, à savoir: l’attachement à
la terre, la Syrie a présenté aux masses arabes un exemple
de sa sincérité à l’égard du principe, du peuple
et des martyrs. Ce qui a freiné la dégradation de la situation
dans le monde arabe et incité ce dernier à soutenir les efforts
et la lutte de la Syrie visant à réaliser la paix juste et
globale. Ceci l’a habilitée à être le porte-drapeau
dans la bataille de la paix.
LIBÉRATION DE LA TERRE ET SOLIDARITÉ
INTERARABE
“L’attachement à l’objectif relatif à la libération
de la terre, a amené les Etats-Unis à entreprendre leur initiative
de paix, conformément à la formule de Madrid, agréée
par la Syrie, mais rejetée par Israël, par écrit, ce
qui a placé Tel-Aviv en mauvaise posture et l’a présenté
face au monde comme l’ennemi de la paix. “Sur le plan de l’instauration de la paix, le fait pour la Syrie de s’en tenir à la solidarité interarabe, laquelle s’est consacrée dans la guerre d’octobre, témoigne de son souci de faire prévaloir cette solidarité dans les relations arabes, celle-ci devant se traduire par une position combative nationale ferme et permanente contre la capitulation face à l’Etat hébreu. “Partant de là, ajoute le général Tlass, la Syrie a insisté sur la nécessité de consolider la coordination dans le camp arabe. Optant pour la participation à la conférence de Madrid par une délégation arabe unique, elle s’est opposée à la politique de la normalisation et à la participation aux congrès économiques auxquels Israël est invité”. |
ISRAËL APPARAÎT À
L’OPINION MONDIALE COMME L’ENNEMI DE LA PAIX |
DISPONIBILITÉ DE NOS FORCES ARMÉES
“D’autre part, nous nous employons à maintenir au plus haut niveau
la disponibilité de nos forces armées que nous équipons
du matériel ultra-moderne. La Syrie a fait fi des protestations
d’Israël et du tapage qu’il a entretenu autour des missiles. Le président
Assad a dit, littéralement: Nous nous trouvons en état de
guerre et avons besoin de moyens d’assurer notre défense. Pourquoi
ne disposerions-nous pas de missiles?
“Par ailleurs, nous soutenons les forces de la résistance arabe
qui affronte l’ennemi par la lutte armée, spécialement la
résistance libanaise, considérée comme un moyen important
d’avoir à l’usure les forces matérielles et morales de l’ennemi.
“Ne pas régresser du point auquel ont abouti les négociations
politiques entre les délégations syrienne et israélienne.
Cette position ferme, s’harmonise avec la volonté internationale,
soucieuse d’assurer le succès de l’opération de paix, tout
en affirmant notre respect des principes approuvés à Madrid.
Ce qui prive Netanyahu de la possibilité d’entraîner l’opération
de paix vers la position qui serve sa politique, tout en donnant l’impression
que les principes définis par la conférence de Madrid seraient
erronés et devraient être abolis”.
LA GUERRE, UN PHÉNOMÈNE SOCIAL
OUI, NOUS SOUTENONS LA RÉSISTANCE LIBANAISE ET ARABE DANS SON COMBAT CONTRE L’OCCUPANT SIONISTE | - L’exploit accompli durant la guerre d’octobre, peut-il être
réédité sur le terrain, comme au plan politique et
jusqu’à quel degré? “La guerre est un phénomène social pouvant être réédité. Cependant, l’acte humain si grande que soit sa capacité, ne peut assurer les conditions et les circonstances, ayant permis à un tel phénomène de se réaliser. Car les relations dans les sociétés et entre elles changent en permanence, de même que les intérêts des Etats et des peuples. “L’important en ce qui nous concerne, est de sauvegarder la cause; de poursuivre la lutte jusqu’à atteindre l’objectif final en toutes circonstances. L’homme doit œuvrer en vue de parvenir au but qu’il s’est fixé, sans faire marche arrière, ni accorder des concessions. “Après l’agression de juin 1967, les circonstances ont permis d’atteindre l’objectif essentiel, à savoir: la libération du territoire par l’utilisation de la force militaire et la lutte armée. La guerre d’octobre s’est distinguée par son caractère offensif arabe. Mais actuellement, les circonstances diffèrent. La paix est l’enjeu fondamental et la volonté internationale veut que cette étape soit celle du prélude à une paix mondiale globale. “Sur cette base, nous avons adopté le slogan de la paix en tant qu’objectif stratégique. Nos efforts vont dans ce sens, mais sans renoncer aux impératifs du renforcement de nos forces militaires, tout en portant à l’apogée leur disponibilité et leur capacité combative. Car l’avenir abonde en surprises et nul ne peut savoir quand le “dieu de la guerre” se manifestera de nouveau dans la région. “Nous défendons une cause juste qui motive notre action, tout en nous insufflant d’un pouvoir renouvelé de patience et de sacrifice. L’avenir sera, sans doute, l’allié de la partie manifestant plus de patience et assumant la défense d’une cause juste”. |
LA GUERRE D’OCTOBRE PORTÉE À
L’ÉCRAN?
- Au cours des deux dernières décennies, il a été
question en Egypte et en Syrie d’un projet visant à unifier l’historique
de la guerre sur ses deux fronts principaux. Où en est ce projet?
“A ma connaissance, un tel sujet n’a pas été examiné jusqu’ici au niveau officiel. Il aurait été évoqué, peut-être au niveau culturel ou artistique, mais aucun arrangement n’a été pris à ce propos, du moins de notre part. Il est possible que des tentatives aient lieu pour des réalisations mixtes sur le plan de la production cinématographique”. - En plus de vos énormes charges, vous vous occupez, également, du problème culturel. De ce point de vue, comment voyez-vous les retombées de la guerre d’octobre sur les milieux des hommes de lettres? “Comme je l’ai dit, la guerre d’octobre est un grand événement dans l’Histoire contemporaine de notre nation, ayant laissé de profondes traces dans la personnalité de l’homme arabe. Ceci s’est concrétisé dans divers domaines de la vie nationale et, spécialement, dans celui de la pensée et de l’écriture. “Ajoutez à cela, le fait pour la guerre d’avoir suscité des réactions au niveau du citoyen et du combattant. Les hauts faits d’armes et les actes héroïques constituent une matière riche pour les écrivains, les poètes et les romanciers. “Ceux-ci ont publié des ouvrages admirables pouvant servir de bagage culturel aux générations montantes, lesquelles auront la possibilité d’en tirer les leçons qui s’imposent, en vue de former l’homme arabe et d’édifier la société arabe à l’orée du troisième millénaire”. |
EN DÉPIT DE LA PROTESTATION
DE L’ÉTAT HÉBREU, NOUS VEILLONS À LA CAPACITÉ
COMBATIVE DE NOTRE ARMÉE |
Damas - AYAD EL-BOUNNI