VISITE D’ÉTAT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE 
OSCAR LUIGI SCALFARO
ET DE SA FILLE MARIANA AU LIBAN

 
 
 
Séduisante Italie dont le nom est synonyme de vacances mais qui, aujourd’hui, pour le Liban marque une grande première: la visite d’Etat qu’effectue le président italien Oscar Luigi Scalfaro accompagné de la Première Dame d’Italie, en l’occurrence, sa fille Madame Mariana.

Le décès de son épouse étant survenu il y a plusieurs années, c’est Madame Mariana Scalfaro qui assume le rôle de Première Dame de la République italienne, depuis son élection à la tête de l’Etat le 25 mai 1992.
A noter que le président Hraoui, le Premier ministre Hariri et le chef du Législatif Berri ont déjà été en visite officielle en Italie.
Visite longtemps souhaitée, elle consacre les liens d’amitié traditionnels entre l’Italie et le Liban qui n’ont jamais subi la moindre crise, aucune ombre n’ayant jamais terni ces relations préférentielles et privilégiées.

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SCALFARO: UN COURAGEUX PIÉMONTAIS
Ancien président de la Chambre des députés italiens, Oscar Luigi Scalfaro a occupé différents postes avant d’être choisi par ses concitoyens comme président de la République.
Le président Scalfaro est né le 9 septembre 1918 à Novara (Novare en français), une des provinces du Piémont.
Diplômé en Droit de l’Université Catholique du Sacré Cœur de Milan en 1942, il est nommé magistrat cette même année et devient président de l’Action Catholique du diocèse de Novara.
Au cours de la période de la lutte clandestine, il aide les antifascistes incarcérés et persécutés, ainsi que leurs familles. C’est là qu’il a mérité le surnom de “Monsieur Courage.”
Après 1945, il devient Procureur général de la République italienne près la Cour d’Assises spéciale de Novara et d’Alessandria (une autre des provinces du Piémont).
Elu chef de liste à l’assemblée constituante en 1946, de la circonscription de Turin-Novara-Vercelli, il est ensuité élu sans interruption député depuis 1948,  obtenant plusieurs fois le maximum de suffrages sur la liste de la Démocratie Chrétienne, même au cours des élections de 1992 où il demeure un mois avant d’être élu à la magistrature suprême.
C’est un  parcours sans faute qu’effectue celui qui deviendra président de la République.
Son expérience de la vie italienne est sans doute unique, car il a occupé successivement:
- Le poste de vice-président de la Commission spéciale pour l’examen du projet de loi sur le fonctionnement de la Cour Constitutionnelle (1949-1952).


Au cours de sa visite officielle en Italie, 
le Président Hraoui s’entretient avec 
son homologue italien au palais du Quirinal.
- Secrétaire et ensuite vice-président du groupe parlementaire et membre du Conseil national de la Démocratie Chrétienne; il a fait aussi partie de la direction centrale de la D.C. durant le secrétariat de De Gasperi (1949-1954).
- Sous-secrétaire au ministère du Travail et de la Sécurité sociale en 1954.
- Sous-secrétaire auprès de la Présidence du Conseil des ministres en 1954-1955.
- Sous-secrétaire au ministère de la Justice de 1955 à 1958, aucun des problèmes qui se pose sur ce plan ne lui est étranger.
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PLUSIEURS FOIS MINISTRE
Il est difficile de mentionner tous les postes que le président Scalfaro a occupés avant la magistrature suprême.
Il suffit de mentionner qu’il a été ministre des Transports et de l’Aviation civile de 1966 à 1968.
De 1970 à 1972, il a été secrétaire pour l’Organisation de la Démocratie Chrétienne; ensuite, dirigeant du Bureau législatif.
Ministre de l’Instruction publique (1972-1973) il occupe le poste de ministre de l’Intérieur de 1983 à 1987.
Suite aux divergences surgies dans l’équipe gouvernementale au printemps 1987 et à la crise du second ministère Craxi, le président de la République Cossiga le charge de former le gouvernement. Ne pouvant remplir les conditions nécessaires pour la formation d’un gouvernement de coalition, M. Scalfaro renonce à sa charge.
Président de la Chambre des députés du 24 avril au 25 mai 1992, il est élu président de la République le 25 mai 1992 et a prêté serment devant le parlement et les représentants des régions le 28 mai 1992.


L’ambassadeur d’Italie M. Carlo Calia
au cours de sa conférence de presse.  

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SCALFARO, PREMIER PRÉSIDENT ITALIEN À ÊTRE RÉÉLU POUR DEUX ANS?
Une commission bicamérale (des deux Chambres) est en train d’étudier l’amendement de statuts fondamentaux de la Constitution italienne.
Il est probable que cette étude, faite en profondeur par des juristes consciencieux ne peut être baclée et terminée avant la fin du mandat du président Scalfaro qui a été élu pour une période de 7 ans.
Il est sans doute probable qu’il verra sa présidence prolongée à titre exceptionnel et pour une période de deux ans, jusqu’à la fin des travaux et la naissance de la IIe république italienne.

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LA MAFIA? LES SÉPARATISTES DU NORD?
Le président Scalfaro a été vice-président de la commission d’enquête sur le phénomène de la MAFIA; aussi, avons-nous demandé à l’ambassadeur d’Italie au Liban M. Carlo Calia, d’essayer d’expliquer pourquoi ce phénomène semble difficile à éradiquer.
 “La MAFIA, dit-il, a subi de nombreux revers ces dernières années.
“Néanmoins, il est très difficile d’éradiquer d’un seul coup ce mouvement qui a de nombreux sympathisants et des ramifications dans le monde entier. De plus, les mafiosis sont des gens en général (ou du moins leurs dirigeants) très intelligents. Ils s’arrangent pour ne pas être directement impliqués.
“La MAFIA sévit, actuellement, dans plusieurs pays de l’ex-bloc communiste. Elle a été frappée durement, mais la bataille est en cours”.
- Y a-t-il un danger réel pour l’UNITE italienne, les Nordistes demandant la partition?
L’ambassadeur Calia répond:
- “Il est vrai que 700.000 personnes ont voté pour la partition, (l’Italie compte une population de 57 millions, dont la moitié élit). Mais le danger ne semble pas sérieux. Contrairement aux autres pays où pareils mouvements ont, à l’origine, la population la plus démunie, ceux qui protestent en Italie sont les plus riches.
“En effet, les Nordistes manifestent, mais sans aucune violence, ni du type basque, ni du type corse. Ce sont des manifestations pour le moins folkloriques...
“Il faut rester vigilants, mais le danger ne semble pas être sérieux.”

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SÉJOUR LIBANAIS FRUCTUEUX
A l’heure où nous mettons sous-presse, le président italien est déjà à Beyrouth.
Le séjour du président Scalfaro, dont nous donnerons un compte-rendu détaillé dans notre prochain numéro, s’annonce, d’ores et déjà, très chargé et fructueux. Cette visite au Liban qui s’adresse strictement au Liban, puisque le président Scalfaro ne se rendra chez aucun de nos voisins, s’annonce comme un modèle d’amitié et de coopération. On ne peut que souhaiter pour l’instant à l’illustre hôte du Liban un excellent séjour en lui répétant: “Bienvenue au pays des Cèdres.”
 

LES POUVOIRS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE
Dans le système constitutionnel italien, le président de la République se place comme une haute autorité équidistante des trois fonctions traditionnelles (Législative, Exécutive et Judiciaire) ayant des pouvoirs d’impulsion, de contrôle, de modération et de garantie du fonctionnement correct des autres pouvoirs de l’Etat.
Le président de la République est le gardien de la Constitution, car il veille sur l’observation de ses principes et de ses valeurs fondamentales et il exerce la fonction essentielle de Chef de l’Etat et de représentant de l’Unité nationale. Il est le garant de l’application du Système constitutionnel, à travers une fonction impartiale et ponctuelle de liaison entre tous les autres organes constitutionnels de l’Etat.
Le président est élu au scrutin secret par le parlement en séance commune, intégré par trois délégués pour chaque région, (un seulement pour le Val d’Aoste). Est élu président - s’il possède les qualités requises de la nationalité italienne, de l’âge (pas moins de 50 ans) et de la pleine jouissance des droits civils et politiques - celui qui a obtenu, dans un des trois premiers scrutins, la majorité d’au moins 2/3 des voix des composants de l’Assemblée électorale et, dans les éventuels scrutins successifs, celui qui a obtenu la majorité absolue.
Le président de la République reste en fonction pendant 7 ans et, avant d’assumer ses fonctions doit - devant le parlement en séance commune - prêter serment de fidélité à la République et d’observance de la Constitution.
La Constitution indique les attributions du président de la République. La tâche, de loin la plus importante, concerne la fonction délicate de réactivation des mécanismes constitutionnels, qui placent le président de la République au Centre des événements politico-constitutionnels de l’Etat, comme dans les cas de la nomination du président du Conseil des ministres et de la dissolution anticipée des Chambres.
Le président de la République exerce une fonction de garantie, aussi en veillant afin que certains organes qu’il préside (Conseil Supérieur de la Magistrature et Conseil Suprême de Défense) n’aillent pas au-delà de leurs limites constitutionnelles.
Le chef de l’Etat peut exercer, aussi, une fonction importante de rappel comme dans le cas d’envoi de messages aux Chambres. Il dispose, ensuite, d’attributions pour des tâches discrétionnaires, comme celle d’accorder la grâce ou de conférer des décorations. Des facultés de nomination lui sont aussi attribuées, comme dans les cas des 5 sénateurs à vie et des 5 juges de la Cour constitutionnelle.
La Constitution établit que le président de la République n’est pas responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions, à l’exception de la haute trahison ou l’atteinte à la Constitution. C’est pour cela que la responsabilité est attribuée aux ministres pour les actes présidentiels qu’ils contresignent.
Dans l’hypothèse où, à cause d’un empêchement, le président de la République ne peut accomplir ses fonctions, on a recours à la suppléance de la part du président du Sénat, qui assume le pouvoir et remplit toutes les fonctions attribuées au président de la République.
A l’expiration de son mandat, le président de la République devient, automatiquement et de droit, sénateur à vie.
 
MARY YAZBEK AZOURY

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