“L’ASTRONOME”, D’ALEXANDRE NAJJAR, UN HYMNE À LA VÉRITÉ ET À L’AMOUR
L’AUTEUR SIGNE SON OUVRAGE À LA LIBRAIRIE ANTOINE

 
Parler d’Alexandre Najjar est une tâche ardue: tout semble avoir été dit sur ce brillant avocat et écrivain libanais: sa jeunesse, sa culture, sa polyvalence et les nombreux prix qui ont couronné son œuvre.

Pourtant, on découvre toujours dans la personnalité de cet écrivain au physique juvénile, dans la profondeur de sa réflexion, dans ses yeux au regard à la fois tendre et perçant, un étonnant mélange de rigueur, de sensibilité et un désir toujours inassouvi de défendre l’Etat de droit, en tant qu’avocat, le Liban meurtri, dans ses poèmes et ses écrits; enfin, Galilée, que “l’Astronome” réhabilite.
Car “l’Astronome” est une longue plaidoierie en faveur d’un Galilée jalousé, incompris, “affublé” de tous les défauts: l’égocentrisme, l’entêtement, l’arrivisme, la recherche de la gloire personnelle. Cet homme, assure l’auteur, travaille  toute sa vie pour la science et la vérité au mépris de douleurs atroces qui lui transpercent le corps, alors que lui, inlassable essaie de percer les secrets de l’Univers.

GALILÉE BLANCHI
Point par point, dans un style qui n’est plus à présenter, l’auteur réfute les accusations portées contre son personnage et le blanchit totalement: plus que grand savant, Galilée est un grand homme.
Mais, d’abord, comment est né ce roman dont Galilée est le héros, du temps ou l’émir Fakhreddine II résidait à la Cour de Florence sous le règne des Médicis, sur fond d’idylle entre un disciple de Galilée et une jeune Libanaise de la suite de Fakhreddine?
Dans sa conférence à la Salle Ernest Renan (au salon “Lire en Francais et en Musique 97”) en présence, notamment de M. Jouanneau, ambassadeur de France et de son épouse ainsi que de nombreuses personnalités, Me Najjar déclare que son livre est né d’une interrogation: Qu’a donc bien pu faire un émir libanais (en l’occurrence Fakhreddine II), contraint à s’exiler en Toscane (après l’invasion du Liban par les Ottomans), sur une terre qui lui était totalement inconnue, dont les mœurs étaient si différentes de celles qu’il connaissait?”

FAKHREDDINE II À FLORENCE
“En fait, indique l’auteur, Fakhreddine passait son temps à visiter les merveilles et les musées de Florence et à essayer de convaincre le Grand duc de Toscane de la nécessité d’un débarquement au Liban pour le libérer.
“Une autre question s’est, alors, imposée: A l’époque où les Médicis régnaient sur Florence avec l’affluence de savants et d’artistes  de l’époque que cela suppose, est-il possible que l’émir n’ait pas rencontré nombre d’entre eux dont Galilée?”
Mais Galilée et Fakhreddine se sont-ils vraiment rencontrés? Le conférencier estime “qu’un romancier peut faire en sorte que deux lignes parallèles se rencontrent et peut combler par le fruit de son imagination les lacunes de l’Histoire”. Il énumère les “rayons” de ce faisceau d’indices auquel recourent les avocats pour  établir une certitude: Fakhreddine et Galilée étaient tous deux les protégés du Grand duc; ils étaient conviés aux mêmes festivités mais, surtout, se trouvaient à la même époque à la Cour du même roi. De plus, Fakhreddine était passionné par l’astronomie, ce qui conforte la présomption d’une rencontre.
Mais là n’est pas la question: Galilée, jalousé et accusé d’hérésie, tombe dans le piège du débat théologique et est contraint d’abjurer, devant ses juges, toutes les idées qu’il a jusque-là professées... “Et pourtant elle tourne” dira-t-il, faisant allusion à la Terre et à sa rotation autour du soleil.
Considéré comme un héros jusqu’au XIXème siècle par les romantiques notamment, Galilée se trouve, au XXème siècle, une fois de plus condamné à titre posthume cette fois, par des écrivains tels que Bertold Brecht dans “la Vie de Galilée” et Arthur Koestler, dans “Les Somnambules” qui jettent le discrédit sur ce grand savant et le démythifient.
Me Najjar reprend la tradition des romantiques, convaincu, dit-il, que “la grandeur d’un homme ne se mesure pas à ses actes politiques militaires... ou autres mais à son parcours en tant qu’homme.” “Or, Galilée était tout cela: son combat contre la douleur, son amour de la vie, de la science, de la poésie, son obstination à accéder à la vérité, son combat contre les ténèbres organisées et l’obscurantisme sont un exemple pour tous, en particulier, pour nous Libanais dans notre lutte en faveur d’un Etat de droit”.

VIE AFFECTIVE
Seule ombre à ce tableau presque parfait qu’il dépeint: la vie privée de Galilée qui, ayant eu maritalement trois enfants d’une femme de condition inférieure à la sienne, est pressé par sa mère de la quitter avant de partir pour Florence.
A partir de ce jour, sa vie affective ne sera plus qu’un “désert”. Au seuil de la mort, aveugle et paralysé, il réalise enfin l’importance de l’amour. Mais il est trop tard.
Dans “L’Astronome”, François qui est le disciple de Galilée, admire et imite son maître en tous points, sauf en amour. Prenant conscience de son importance (l’amour), il s’embarque dans une relation amoureuse passionnée avec Najla, une jeune Libanaise venue avec Fakhreddine en Italie. Mais le destin va s’opposer à leur idylle Najla étant obligée de réintégrer le Liban avec ses compatriotes. François restera, cependant, fidèle à son souvenir. Il ira se recueillir à l’ombre du Cèdre, témoin et symbole de la pérennité de leur amour...
En 1992, le Pape Jean-Paul II avait, en quelque sorte, réhabilité Galilée, en niant que son conflit avec l’Eglise soit autre chose qu’une “tragique incompréhension réciproque” et qu’il ne doit pas être considéré comme la preuve d’une incompatibilité entre la foi et la science ou du refus par l’Eglise du progrès scientifique.
En 1997, Alexandre Najjar veut réhabiliter un Galilée “incompris”.
Encore un procès de gagné avec “L’Astronome” qui est un hymne à la Vérité et à l’Amour.

N. EL-K.
 
 
Alexandre Najjar.
Né à Beyrouth le 5 février 1967.
Avocat au Barreau de Beyrouth.

Auteur, entre autres, de:
- “A quoi rêvent les statues?”; poèmes (Anthologie, 1989).
- “La honte du survivant”, récits (éd. Naaman, 1989, préfaces de J.-P. Péroncel - Hugoz et du président Charles Hélou).
- “Comme un aigle en dérive”; récits (éd. Publisud, 1993).
- “Pérennité de la littérature libanaise d’expression française”; essai (Anthologie 1993).
- “Les exilés du Caucase”; roman (éd. Grasset, 1995). Traduit en arabe par Dar-An Nahar (1995).
- “L’Astronome”, roman (éd. Grasset, 1997). Traduit en allemand et en arabe).

Prix obtenus:
- Lauréat de la Médaille d’argent (Section Littérature) aux IIIèmes Jeux de la Francophonie (1997).
- Lauréat du Prix littéraire de l’Asie (1996).
- Lauréat du Prix du Palais littéraire (décerné par les avocats et magistrats français, 1994).
- Lauréat de la Bourse Hachette de l’écrivain (1990).
- Lauréat du Premier Prix de Poésie de la Ville de Paris (1990).
- Lauréat de la Médaille d’argent de la Ville de Paris (1990).
- Lauréat de la Médaille d’or de la Mairie de Paris XIVe (1990).
Membre de l’Association internationale des critiques littéraires.
Membre de la Société des poètes français.
Membre du PEN Club international.
Membre de l’Association des écrivains de langue française.

 

 

 


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