Chaque
fois à l’approche des présidentielles, une controverse est
instituée autour des moyens à mettre en œuvre pour assurer
la stabilité politique, en portant à la magistrature suprême
un homme jouissant de la confiance unanime des citoyens. D’aucuns préconisent
l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel. D’autres proposent
la constitution d’un Conseil présidentiel représentatif des
grandes communautés nationales, dont les membres assumeraient à
tour de rôle, les charges présidentielles. Cette seconde idée
avait été lancée il y a longtemps par le président
Saeb Salam (notre photo).
Au fur et à
mesure qu’approche l’élection présidentielle, une controverse
est instituée chaque fois autour du système jugé le
plus adéquat pour le Liban, susceptible de garantir sa stabilité
politique.
De nouveau, les Libanais sont en quête d’un système de
nature à atteindre cet objectif. En fait, ils reviennent à
des formules maintes fois ressassées, les-quelles sont abandonnées
après l’élection du nouveau chef de l’Etat.
Le système qui revient le plus sur le tapis prévoit l’élection
du président de la République au suffrage universel. Cela
sup-pose l’institution du régime présidentiel et, dans ce
cas, le chef de l’Exécutif serait élu par le peuple et non
par les mem-bres de l’Assemblée. Il jouirait de prérogatives
élargies et éli-minerait, du même coup, la “troïka”
qui constitue une hé-résie au plan démocratique, car
elle annihile les institutions, les chefs de l’Etat, du Législatif
et du gouvernement se substituant à ces dernières.
Autre formule: élire le Premier ministre comme les membres de
l’Assemblée, également au suffra-ge universel, celui-ci devant
être maintenu pendant toute la législature. Mais celle-ci
pourrait le renverser, en lui retirant sa confiance par un vote à
la majorité des deux tiers. Des élections anticipées
mettraient fin à son mandat.
Une troisième formule pré-conisée, il y a bien
longtemps, par le président Saëb Salam, dans une conférence
que l’ancien chef du gouvernement a donnée à l’USJ, propose
la constitution d’un Conseil présidentiel où les grandes
communautés nationales seraient représentées - et
dont la durée du mandat serait égale à leur nombre
- chacun des membres prenant, à tour de rôle, la tête
dudit conseil pendant un an.
M. Salam avait soutenu, alors, que ce serait le meilleur moyen d’abolir
le confessionnalisme politique, lequel figure parmi les objectifs “prioritaires”
de l’accord de Taëf.
Les arguments de Saëb bey avaient fait l’objet d’une vive controverse;
puis, son idée s’est estompée progressivement jusqu’à
tomber dans l’oubli. Maintenant que “l’homme à la boutonnière
fleurie” a regagné ses pénates après une longue absence,
sa suggestion pourrait être relancée, sinon par lui-même,
du moins par son fils Tammam, député de Beyrouth, s’il juge
que le climat s’y prête et est devenu propice à l’adoption
d’une telle formule.
Naturellement, aucun des trois systèmes mentionnés n’aura
de chance d’être adopté, si les “décideurs” ne donnent
pas leur accord, d’autant que ceux-ci s’accommodent de la formule en vigueur,
parce qu’elle permet la perpétuation des divisions intérieures,
ce qui nécessite leur arbitrage et, partant, leur immixtion directe
dans nos affaires.
Puis, ceux qui détiennent les rênes du pouvoir ne sont
nulle-ment pressés de les céder à d’autres, ni de
partager avec eux le “fromage”; aussi, n’hésiteront-ils pas à
manœuvrer à l’effet de torpiller toute réforme institu-tionnelle,
sans laquelle le Liban ne retrouvera pas sa stabilité politique. |