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![]() Il est intéressant de voir comment les gouvernants de deux pays, comme la France et le Liban, réagissent face aux grèves; de quelle façon ils traitent les revendications ouvrières et s’emploient à remédier au malaise social. Dans le premier pays, une “cellule de crise” est immédia-tement mise sur pied, ayant pour tâche d’engager le dialogue avec les promoteurs du mouvement revendicatif, afin d’essayer de leur donner satisfaction et, par-tant, de les amener à reprendre le travail. Le dernier cas qui s’est présenté au gouvernement Jospin, a été la grève des routiers, laquelle a paralysé pendant près d’une semaine les routes de France. Les grévistes ont mis fin à leur mouvement à la suite d’un accord conclu entre les syndicats et le ministre des Transports qui a déclaré: “Tout le monde a pu vérifier que le gouvernement n’avait pas deux langages.” Mais pour parvenir à cet accord, le Premier ministre, Lionel Jospin, n’a épargné aucun effort et a agi selon sa tactique préférée; prendre le taureau par les cornes; autre-ment dit, affronter résolûment la difficulté pour tenter de l’aplanir. En effet, M. Jospin qui se trouvait en visite officielle à Moscou, a maintenu le contact avec l’hôtel Matignon et les ministres qualifiés pour se renseigner sur l’évolution de la situation sur le terrain. Et même avant son retour à Paris, il a fait préparer par son chef de Cabinet, un communiqué sur l’exoné-ration de 800 francs de taxe professionnelle par camion. Dès sa rentrée, il a réuni ses soixante conseillers qui ont travaillé 35 heures par jour, même le samedi. Tout en mesurant la gravité d’une paralysie pareille à celle de 1956, il a veillé à éviter un autre risque: “Nous ne voulons surtout pas contrecarrer le mouvement des grévistes, mais nous ne pouvons pas attendre les bras baissés. Il faut régler ce problème à tout prix”. Aussi, pour être proche de l’événement, a-t-il annulé son déplacement à Toulouse. Puis, il a présidé une réunion de crise, en présence de tous les directeurs de cabinets des ministères concernés. La “méthode Jospin” - car il y en a une - a finalement résisté au conflit des routiers: Elle consiste en une dose de réflexion, un zeste de confrontation, une pincée de concertation, doublée d’une analyse politique... Et, aussi, à ne pas nourrir des ran-cœurs; il informe ses partenaires politiques, régulièrement, de ce qu’il prépare et compte faire. Cela dit, quelle est la “mé-thode Hariri”? Comme on le constate, celui-ci préfère la fuite en avant et ne pas affronter les problèmes, laissant au temps le soin de les régler, ou espérant avoir les protestataires à l’usure... De fait, M. Hariri paraît s’ingénier à rester le plus souvent à l’étranger; après Erivan, Téhéran et Tokyo, il se trouve depuis hier à Hanoï. Ceci n’a pas manqué d’exacerber le chef de la CGTL (pro-gouvernementale), laquelle a manifesté son mécon-tentement en décidant de déclen-cher une grève d’avertissement le 13 novembre, une autre de deux jours devant être observée d’ici à une quinzaine de jours. Le chef de la centrale ouvrière laisse entendre qu’une grève ouverte n’est pas à écarter, si les revendications syndicales ne sont pas satisfaites... Qui se soucie de les étudier? Les organismes économiques n’ont pas réussi à dissuader la CGTL de surseoir à sa grève. Puis, leur appel au dialogue visant “à prévenir de nouvelles secousses dans les circonstances délicates et diffiles que traverse le pays”, semble s’être perdu comme un cri dans le désert... |