LES ÉVÈNEMENTS S'ENCHEVÊTRENT

LOUXOR, UN ODIEUX MASSACRE



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Trois événements majeurs ont dominé l’actualité proche-orientale les jours précédents: l’odieux attentat de Louxor, la conférence de Doha et la crise entre Bagdad et Washington toujours non réglée.
Ces trois événements sont en rapport direct les uns avec les autres. Il n’y a qu’à s’interroger sur le timing de l’attentat de Louxor, alors que l’Egypte a boycotté Doha, sur l’affaire Irak-ONU qui pèse sur la région, y compris sur le forum sur le blocage du processus de paix.
La paix régionale qui ferait du Proche-Orient un “hâvre de prospérité” semble, face à tant d’événements, bien éloignée.

L’odieux attentat perpétré par la “Jamaa islamiya” contre un groupe de touristes devant le temple de Hatshepsout en Haute-Egypte, a soulevé l’indignation générale.  

Le nouveau ministre égyptien de
l’Intérieur, M. Mohammed Said El-Sahaf.  
C’est pour la libération de Cheikh
Omar Abdel Rahman, en détention aux USA,
que la Jamaa Islamiya prétend
avoir commandité ce massacre.  


Lundi 17 novembre, le monde était sous le choc de ce carnage qui a fait 67 tués dont 57 touristes, parmi lesquels une quarantaine de Suisses, de Britanniques et de Japonais. Trois policiers et six des assaillants furent tués et l’on a dénombré près de 25 blessés dont les plus graves ont été transportés par avion au Caire.
Depuis les violences islamiques de 1992, l’Egypte n’avait jamais été aussi lourdement touchée.
Selon des témoins, l’assaut a duré 45 minutes: arrivés dans des voitures, une dizaine de terroristes armés de mitraillettes, ont tiré à l’aveuglette sur les touristes se trouvant devant le temple et se sont même acharnés contre eux à coup de poignard. Une rescapée raconte: “Ils étaient jeunes tous armés. Après nous avoir obligés à nous mettre à genoux, ils se sont mis à tirer avec une violence inouïe. Un homme est tombé sur moi; une autre dame m’a couvert et c’est ainsi que j’ai eu la vie sauve. J’ai été blessée à la jambe et aux bras et j’ai vu les agresseurs donner le coup de grâce à ceux qui étaient vivants”.
Les assaillants se sont enfuis à bord d’un autobus à l’arrêt, dont ils se sont emparés, mais ont été pourchassés par les forces de l’ordre.



Des mesures de sécurité draconiennes
ont été prises pour réinstaurer l’Ordre.

MOUBARAK: RENFORCER LES MESURES SÉCURITAIRES
Dès l’annonce de l’attentat, le président Hosni Moubarak a tenu une “réunion de crise” et ordonné une enquête. Mardi, il est arrivé par avion à Louxor, accompagné de son Premier ministre, de plusieurs autres membres du Cabinet et s’est dirigé vers le lieu du crime. “En moins de 48 heures, a-t-il déclaré, un dispositif strict de sécurité sera établi en ces lieux”. De plus, il s’est engagé à riposter sévèrement aux islamistes et appelé la communauté internationale à coopérer contre les groupes terroristes.
Son ministre de l’Intérieur, le général Hassan Alfi, à qui il a adressé de sévères critiques, devait présenter sa démission pour être remplacé par le général Habib Ibrahim el-Adli.
De leur côté, les islamistes ont menacé de mener de nouvelles attaques, affirmant dans un communiqué que: “l’affaire de Louxor ne sera pas la dernière, tant que le régime égyptien fera souffrir les fils du mouvement islamique”. Ils réclament la libération de 30.000 de leurs détenus dans les prisons égyptiennes et de cheikh Omar Abdel-Rahman, emprisonné aux Etats-Unis.
“Les étrangers, disent-ils, sont visés à cause de l’appui financier qu’ils apportent au régime en faisant du tourisme”.
Entre le pouvoir et les islamistes, la bataille s’annonce donc serrée. Depuis 1992, les autorités traquent, sans relâche, les intégristes dont 94 ont été condamnés à mort, les quatre derniers au mois d’octobre, pour avoir perpétré un attentat au Caire le 18 septembre contre un autocar de touristes allemands, faisant dix morts. En cinq ans, 93 ressortissants étrangers ont été tués en Egypte.
En juin 95, la “Jamaa islamiya” s’en est prise directement au président Moubarak qui a échappé, de justesse, à un attentat au Soudan.

UN COUP DUR AU TOURISME
Ce massacre porte un coup dur au tourisme qui constitue une source importante de revenu pour l’Egypte. Selon un professionnel du bureau de tourisme de Louxor: “La violence de l’attentat de Hatshepsout est un sérieux coup porté à la florissante industrie touristique. Louxor qui voit passer à lui seul deux millions de visiteurs par an, s’attend au pire, même si le gouvernement envisage de renforcer le dispositif de sécurité déjà très important depuis la montée de l’intégrisme en 92. Après deux années noires, le tourisme était bien reparti en 95.”
Aujourd’hui, par quel moyen l’Egypte va-t-elle pouvoir redonner confiance au touriste? Dès l’annonce de l’attentat, les agences de voyage européennes ont commencé à évacuer leurs clients et proposé des annulations sans frais pour les destinations vers les bords du Nil. 



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