![]() Denise Ammoun photographiée à l’ambassade de France au Caire, entre M. Nicolas Grimal, professeur et directeur de l’IFAO (Institut français d’archéologie orientale) et l’ambassadeur de France en Egypte, M. Patrick Leclercq. |
![]() Denise Ammoun avec son “amie et complice”, notre collaboratrice Mary Yazbek Azoury.
|
“LA PETITE HISTOIRE DE LA GRANDE HISTOIRE”
En 1972, Denise Ammoun commence une série de reportages “Comment
est né le Grand Liban”, interviews qui l’aideront beaucoup dans
la rédaction de son ouvrage. Elle collabore, aussi, à l’INA
(Institut National de l’Audiovisuel). Elle a un programme à la radio
et à la télévision baptisé “La petite Histoire
de la Grande Histoire.”
En avril 1975, elle lance à la radio et à la TV une série
historique dont “Les Martyrs du 6 mai 1916”, ou l’histoire des célèbres
condamnés et “pendus” de la Place des Canons.
Mais la guerre est déjà aux portes du Liban et Denise
est obligée d’interrompre en novembre les émissions de TV,
mais elle poursuit les émissions de radio.
Entre-temps, elle a fait paraître, en 1974, un roman pour jeunes:
“Le Mors aux Dents.”
Puis, survient la rupture. Pour des raisons familiales, Denise est
obligée de se rendre en Egypte où elle séjourne en
tant que correspondante de “Magazine”.
Un événement important survient: elle est contactée
par le groupe Bayard Presse, et elle devient la correspondante du quotidien
“La Croix” en 1982. Elle couvre pour ce journal “la récupération
totale du Sinaï par l’Egypte” en avril 1982.
Denise revient au Liban pour couvrir pour “La Croix”, “Les accords
du 17 mai 1983.”
En 1985, elle devient, aussi, la correspondante de l’hebdomadaire “Le
Point” en Egypte. Après les raisons familiales, les raisons
professionnelles l’obligent à demeurer au Caire.
En mai 1985, elle publie “L’Egypte des Mains Magiques”, qui en est
à sa troisième réédition. Cet ouvrage est édité
par l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO)
brillamment dirigé par le professeur Nicolas Grimal. L’édition
anglaise a été faite par l’“American University at Cairo”
(AUC) sous le titre: “Crafts of Egypt”.
Elle participe, aussi, à un ouvrage sur Thèbes au temps
de Ramsès II.
UNE VIE PASSIONNANTE ET STRESSANTE
On demande à Denise comment elle trouve la vie de correspondante.
- “C’est une vie passionnante, particulièrement intéressante,
mais qui est aussi souvent stressante. Un correspondant de Presse doit
savoir sélectionner l’angle inédit, susceptible de captiver
le lecteur. Il lui faut toujours être à la pointe de l’actualité.
C’est pourquoi, il est indispensable d’être “accroché” littéralement
à sa radio. Le Journalisme, c’est l’Histoire (future) au quotidien.”
- Donnez-nous un exemple d’urgence dans la vie d’un correspondant.
- “Le tremblement de terre en Egypte en 1992. Du point de vue humain,
la couverture d’un tel événement exige une endurance et une
présence terribles. Il fallait dans un laps de temps très
court rendre compte à deux organes de presse différents,
de l’actualité brûlante, qui évoluait d’une minute
à l’autre. Vous ne pouvez imaginer le stress que cela provoque.”
- Pourriez vous citer un autre exemple?
-“La Conférence au Sommet de Sharm el Skeikh. Evidemment cela
est passionnant, car si cela ne l’était pas, impossible d’y survivre.
On a vu défiler au Caire les personnalités les plus importantes
du globe: les présidents Chirac, Clinton... J’ai aussi assisté
à la célèbre conférence donnée par Chirac
à l’Université du Caire.”
- Quelles sont les personnalités politiques qui vous ont le
plus impressionnée?
- “Le président Anwar el Sadate en premier, puis les Généraux
Catroux et Spears.”
- Qu’est ce qui vous a le plus frappé chez ces derniers?
- “Leur mémoire des événements, car ils étaient
déjà très âgés, mais d’une parfaite lucidité.
Le Général Catroux avait 92 ans et Sir Edward Spears plus
de 80 ans. Pourtant, les événements du Liban leur étaient
toujours présents à l’esprit. J’ai senti chez eux, quoique
habilement dissimulée, la même haine que chacun éprouvait
pour l’autre.”
- Et parmi les personnalités libanaises?
Denise sourit et d’un air entendu répond:
- “Je serais incapable de les énumérer toutes... Vous
les découvrirez dans l’“Histoire du Liban Contemporain”.
“UN FAIBLE POUR ASTÉRIX” ET LES “CHINOISERIES”
Pour mieux cerner la personnalité de Denise Ammoun, nous lui
posons la question classique:
- Quels sont vos hobbies?
- “La marche et la lecture... Et pour me délasser “Astérix”
et les bandes dessinées. J’ai un faible pour eux, car ils sont capables
de me faire oublier tous mes soucis.”
- Etes vous cordon-bleu, ou même gourmande?
- “Je suis loin d’être un cordon-bleu, je me débrouille
pas mal, mais tout juste. Quant à être gourmande, je ne pense
pas l’être, mais j’apprécie particulièrement la cuisine
chinoise qui ne cesse de me surprendre. Je ne m’en lasse jamais.”
- Quelle est votre qualité maîtresse?
- “J’ai un sens profond de l’amitié. Un ami est toujours mon
ami, malgré le temps et les distances.”
- Quel est votre principal défaut ou vos défauts?”
Denise sourit et répond avec humour:
- “Qui n’en a pas? Mais aussi qui aime à avouer ses défauts?”
CE N’EST PAS UN LIVRE UNIVERSITAIRE...
Nous revenons à l’ouvrage de Denise, qui lui a valu le “Phenix”:
- Pensez-vous avoir fait œuvre d’Historien?
- “Je n’ai pas la prétention d’avoir écrit un livre universitaire
ou savant. C’est un livre qui, du point de vue historique, est rigoureusement
exact, car j’ai vérifié minutieusement tous les détails
et j’ai lu beaucoup de livres à ce sujet. Comme preuves, jetez un
coup d’œil sur la bibliographie citée à la fin de mon livre.
-Avez-vous été objective?
- “Je crois avoir réussi à mettre mes sentiments personnels
de côté et à m’en être tenue strictement aux
faits”, répond Denise.
Il faut reconnaître qu’ayant parcouru le livre, il se révèle
agréable, facile à lire, bien enlevé, rapide, riche
en détails inédits de la marche du Liban vers l’Indépendance.
- Quelle idée principale vous a guidée en rédigeant?
- “J’ai voulu éclairer mon livre d’Histoire, en créant
une ambiance et en replaçant les protagonistes dans le climat vécu.”
En effet, en lisant le livre de Denise Ammoun, on a l’impression de
vivre les scènes historiques et même d’y participer.
- Avez-vous été surprise par le Prix Phenix?
- Enormément, car j’ignorais avoir été sélectionnée.
Quand Alexandre Najjar m’a téléphoné pour me l’apprendre,
j’ai été surprise et heureuse”.
- Quels sont vos projets d’avenir?
- “Rédiger le tome II de l’ouvrage en poursuivant de 1943 à
1970, dans un premier temps. Mon travail n’est pas une thèse de
doctorat. Je veux écrire un livre d’Histoire rigoureux et bien documenté.
J’ai voulu dans mon premier livre et j’espère dans le second, raconter
les événements et en tirer les conséquences sans le
moindre parti pris.
- Quelle est votre philosophie de la vie?
- “Avoir foi dans la vie... Et tenir le coup, contre vents et marées”.
LE JURY DU “PRIX PHENIX”
“Histoire du Liban Contemporain” édité chez Fayard, a obtenu le “Prix Phenix 1997”. Quelle est la composition du jury ayant décerné ce prix? Alexandre Najjar en est le coordonnateur et Amine Maalouf en est le président. Mais cette année, en raison d’un empêchement, c’est Nicole Avril (romancière) qui a présidé le jury, constitué comme suit: - Amine Maalouf, Prix Goncourt 1993. - Jean Lacouture, écrivain - Yves Berger, directeur des Editions Grasset. - Yann Quéffélec, Prix Goncourt 1985. - Paule Constant, Grand Prix de l’Académie française. - Josianne Savignau, “Le Monde des Livres”. - Jean-Claude Barré, écrivain. - Pascal Lainé, Prix Goncourt 1974. - Vénus-Khoury Ghatta, écrivain. - Salah Stétié, écrivain. - Mona Béchara, directrice de “Magazine”. -Maria Chakhtoura, responsable du service culturel de “L’Orient-Le Jour”. -Lucien Georges, les Fiches du Monde Arabe (FMA). Nicole Avril, présidente du jury a estimé que “Le Liban aujourd’hui fait un voeu de renaissance et d’unité et l’ouvrage de Denise Ammoun y contribue grandement. L’unité ne se fait pas sur l’oubli, mais sur une mémoire commune”, a-t-elle conclu. A l’heure où nous mettons sous presse, nous ignorons encore la date de la remise du Prix. |