LE SOMMET DE LUXEMBOURG: SOUHAITS
ET DÉCEPTIONS
Pour la première
fois, quinze chefs d’Etat et de gouvernement se rencontrent et consa-crent
un conseil eu-ropéen exceptionnel aux questions de l’emploi. La
décision avait été prise de-puis juin dernier, à
l’initiative de la France, au sommet d’Amsterdam. Ainsi, le problème
NÞ1 par rapport aux Européens, a occupé la place qu’il
mérite. C’est certainement une erreur flagrante de classer ce sommet
avec ses résultats, dans le cadre du rétablissement de l’équilibre,
à l’effet de consolider la stabilité raffermie dans la capitale
néerlandaise.
Cette charte et la logique qu’il a inspirée, répondent
aux besoins du marché financier. Elles jouent un rôle fondamental
contre le travail et les potentialités humaines que ne peut égaler
un “dossier social”. Le fait de se limiter à enregistrer cette remarque,
n’est pas la voie à suivre pour alimenter les interférences
supranationales et la solidarité européenne nécessaire
à la modification progressive de la balance des forces.
La première chose à entreprendre est d’éliminer
les obstacles entravant le progrès. Le sommet de Luxembourg mérite
l’appréciation, en raison de ses idées et prévisions.
Ce sommet après ses résultats, reflète la portée
des conflits sociaux en vue de l’ultime étape. Cela prouve que l’insistance
des peuples européens et leur souci de voir l’Europe fournir des
preuves quant à sa nécessité et à son imminence
au plan du travail, sont devenus difficiles.
La commission de Bruxelles affirme vouloir faire du travail et de l’exode
des chômeurs, la “priorité des priorités”. Cependant,
elle n’a pas atteint l’objectif visé depuis sa constitution et ceci
a contribué à donner ce résultat. Trente mille Européens
ont manifesté pour réclamer des chefs d’Etat et de gouvernement
des mesures pratiques, tout en dénonçant les promesses angoissées
et ambiguës.
Bien que les résolutions des sommets n’aient pas été
à la dimension des espoirs fondés sur eux, leurs résultats
n’ont pas été négligeables, suite aux pressions multiformes
exercées sur ces sommets par l’opinion publique.
La réalisation la plus frappante du
sommet réside en ce qu’il s’est fixé un objectif sublime,
à savoir: procurer du travail à tout jeune homme après
six mois de chômage et à tout adulte désœuvré,
au moins pendant un an. De même, il vise à intensifier les
efforts en vue de la formation professionnelle au profit des chômeurs,
étant entendu qu’une telle mesure ne règle pas le problème
en profondeur.
Mais nul ne peut se montrer indifférent au progrès palpable
dans le règlement du cas des personnes nécessiteuses.
Quant aux moyens adoptés afin de prévenir le déséquilibre,
certains d’entre eux s’insèrent dans le cadre de la pression et
du poids des “guerres économiques”: baisse du coût de la vie,
réduction des salaires des ouvriers et “souplesse” monétaire.
La vérité incite tout le monde à dire que ces
pratiques conduisent à une confrontation déclarée
contradictoire, avec une priorité au développe-ment social.
Alors que certains autres paraissent attirés par quelque intérêt,
bien qu’ils soient relativement marginalisés.
Après le sommet, des questions et des
points d’interrogation se posent avec insistance: Comment peut-on aller
plus loin et en profondeur? Comment faire régresser le chômage,
l’austérité et la situation statique, à l’effet d’opter
pour un style social de nature à satisfaire, effectivement, tous
les besoins et les ambitions? Enfin, comment peut-on assurer le financement
requis d’une telle politique?
Les dirigeants européens sont enclins à traiter, uniquement,
avec deux aspects du côté des peuples: l’engagement aveugle
vis-à-vis du point de vue qu’ils ont adopté ou le rejet,
en toute simplicité, de l’édifice européen dans son
ensemble.
Il nous est demandé, pour être pratiques, de ne pas admettre
les deux aspects et les deux offres. Aidons les citoyens partout tels qu’ils
sont aujourd’hui, à placer leur poids et à mobiliser leurs
capacités en vue de réaliser l’option souhaitée.
Telle est la signification maximale du refus positif et constructif
avec lequel nous pouvons aider les autres.
La meilleure façon d’utiliser à bon escient le sommet
de Luxembourg, consiste à traiter avec lui selon son esprit enclin
à bonifier, non d’après certaines de ses apparences vides
et complexes à la fois. |
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