Ayant,
enfin, admis qu’il faisait fausse route, le Cabinet a décidé
de changer de programme et de reconsidérer son ordre des priorités.
De fait, il vient de mettre au point un nouveau plan de redressement -
un de plus - dont l’application pourrait, à son avis, renflouer
l’économie nationale et les finances publiques. Nous ne demandons
qu’à le croire et l’attendons à l’œuvre... Notre photo montre
la réunion-marathon (de 5 heures) tenue lundi soir au palais de
Baabda, au cours de laquelle a été élaboré
le “plan de sauvetage”...
Au terme d’une
réunion-marathon de cinq heures, à laquelle ont participé
en plus des trois présidents (la troïka): le ministre d’Etat
pour les affaires financières, le ministre de l’Economie et du Commerce,
le président de la commission parlementaire des Finances et deux
membres de l’Assemblée représentant les blocs parlementaires
du PSP (Walid Joumblatt) et de “la libération et du développement”
(Nabih Berri), le chef du Législatif a annoncé en quittant
le palais de Baabda, lundi peu après minuit, la mise au point d’un
plan de redressement financier et administratif.
Mais il s’est excusé de ne pouvoir entrer dans les détails
du plan que le chef du gouvernement devait qualifier de “très important,
parce qu’il est le fruit d’un consensus politique et économique.”
Le Premier ministre s’est empressé d’enchaîner: “Il s’agit
d’une nouvelle étape, mais on ne doit pas s’attendre à des
solutions radicales et rapides aux problèmes auxquels le pays est
confronté. C’est un travail de longue haleine, requérant
du souffle et de la patience.”
Le plan mentionné prévoit, notamment, le renforcement
des organismes de contrôle pour mettre fin au gaspillage et aux passe-droits;
la réduction des dépenses et l’augmentation des recettes;
la réactivation et le rééquipement des hôpitaux
gouvernementaux, pour qu’ils puissent prendre la relève des établissements
hospitaliers privés; l’émission de bons du Trésor
en devises étrangères à l’effet d’augmenter les liquidités
et la circulation fiduciaire.
Fait à signaler: le prix de l’essence ne sera pas majoré
et il n’y aura pas de nouveaux impôts et surtaxes. Du moins M. Berri
l’a assuré....
Il y a lieu de signaler - et nous avions, plus d’une fois, préconisé
une telle mesure - qu’il est question de reconsidérer la “pension
à vie” accordée aux anciens présidents, ministres
et députés, privilège dont leurs homologues ne bénéficient
pas dans aucun pays du globe...
En ce qui concerne la réforme administrative, il serait question
de procéder à la fusion ou au regroupement de départements
ministériels dont les attributions se raprochent ou s’enchevêtrent,
tels ceux de l’Education, de l’Enseignement technique et professionnel,
de la Culture et de l’Enseignement supérieur; des Affaires étrangères
et des Emigrés; de l’Industrie et du Pétrole (récemment
séparés); de l’Intérieur et des Affaires rurales et
municipales; de la Santé et de l’Environnement; des Travaux publics
et des Transports; du Travail et des Affaires sociales.
Tout cela est bien, mais il importe de parer au plus pressé;
autrement dit, de réduire le déficit budgétaire et
de renforcer le service de la dette publique qui éponge 45% du budget.
Quoi qu’il en soit, il faut passer à présent de la phase
théorique à la phase pratique ou exécutoire, en concrétisant
sur le terrain le plan élaboré sur le papier.
De toute manière, l’équipe au pouvoir a mis du temps
pour découvrir qu’elle faisait fausse route et que tout ne marchait
pas comme sur des roulettes. Elle a fini par admettre l’urgente nécessité
de changer de politique, après avoir laissé le pays atteindre
la cote d’alerte au plan économico-financier et frôler le
bord du gouffre... |