![]() Le phénomène climatique el-Nino provoquant à 60 km au sud de Guayakil en Equateur des pluies torrentielles qui ont causé la mort de 41 personnes. |
![]() Inauguration des travaux de la Conférence de l’ONU sur le réchauffement de la terre à Kyoto. |
APOCALYPSE NOW
Les chercheurs envisagent-ils déjà la politique du pire
liée à des signes apocalyptiques? Forêts dévastées,
côtes submergées, terres englouties, océans démontés,
récoltes décimées, inondations, sécheresses,
précipitations, pénurie d’eau, disparition d’espèces
végétales et animales, apparition d’épidémies.
Selon des prévisions pessimistes, les forêts verraient
leur espace réduit de 5,8%, la montée des eaux au niveau
de la mer pourrait engloutir 17.215 kilomètres carrés de
terre ferme aux Etats-Unis et 50.000 kilomètres en Chine. Certaines
îles tropicales comme les Bahamas, Kribati, les Maldives et les îles
Marshall, seraient directement menacées par la montée des
eaux, de même que Chypre et Malte. C’est à juste titre que
l’Alliance des petits Etats-îles (AOSIS) qui compte 36 pays du Pacifique
des Caraïbes, de l’Océan Indien et de la Méditerranée,
réclament des mesures drastiques pour juguler les dangers qui les
menacent et devraient se traduire par la réduction de 20% des gaz
à effet de serre.
Selon le rapport du Giec, l’Afrique ressentira plus dramatiquement
encore que l’Asie, le réchauffement de la terre. Plus vulnérable,
elle ne dispose pas des moyens de sa propre défense. La pénurie
d’eau entraînera des sécheresses et l’extension de la désertification.
La pénurie d’eau et de nourriture toucheront particulièrement
le Moyen-Orient et l’Asie, tandis que les régions polaires, l’Antarctique
et l’Arctique, seront directement exposées au réchauffement
de la terre. Le Japon, la Chine, la Sibérie, la péninsule
coréenne subiront les conséquences de la catastrophe écologique,
de même que les pays de l’Asie tropicale.
L’Europe, également, sera atteinte, mais se trouve en mesure
de diminuer l’impact de l’effet de serre, de même que l’Australie
destinée à souffrir de pénurie en eau. L’Amérique
du Sud ne dispose pas de moyens de défense de l’environnement, tandis
que l’Amérique du Nord saura le mieux résister aux changements
climatiques.
LES ÉTATS-UNIS PRODUISENT UN QUART DES
ÉMISSIONS DE CO2
Les Etats-Unis qui produisent 24,4% des émissions de CO2 et
qui sont, en revanche, les mieux protégés,
sont les enfants terribles des conférences. En juin 1992, lors du
sommet de la terre de Rio, ils avaient fait partie des 154 Etats qui ont
signé la convention-cadre sur les changements climatiques - le nombre
de ces Etats est passé depuis à 171 - devant stabiliser les
émissions de gaz à effet de serre en l’an 2000, engagement
que ces pollueurs numéro un de la planète n’ont pas honoré
de même que leurs partenaires.
Représentés par une délégation de 80 membres
accompagnés, en principe, par le vice-président Al Gore surnommé
“M. Environnement”, les Américains ont déjà annoncé
la couleur. Le président Clinton a pris les devants en proposant
l’échéance de 2010 pour réduire les gaz à effet
de serre sur la base des niveaux d’émission de 1990. Encore une
fois, l’Amérique ne pourra pas tenir ses promesses même à
ce stade-là, car elle ne serait pas prête à revenir
au niveau de 1990.
En fait, le président Clinton navigue sur deux courants contraires.
Les écologistes et les scientifiques qui le mettent en garde contre
une politique laxiste, néfaste sur le long terme et les industriels
du charbon, du pétrole et de l’automobile que rejoignent les syndicats
et la majorité du Congrès. Depuis quelques mois déjà,
ces industriels ont mené une vaste campagne publicitaire achetant
des pages entières dans les grands journaux et déboursant,
à cette fin, quelque 13 millions de dollars pour dénoncer
un éventuel traité de réduction des émissions
de gaz à effet de serre, lequel ruinerait l’économie et serait
facteur de chômage.
Même dilemme au Canada où le Premier ministre Jean Chrétien
qui annonce un “résultat désastreux, si nous continuons à
laisser augmenter ces émissions”, se trouve sous la pression de
certaines provinces à l’exemple de l’Alberta qui couvre à
80% les besoins en pétrole, gaz et charbon du pays.
L’Australie se range dans le même bord et refuse de souscrire
à toutes les exigences de réductions d’émission de
gaz à effet de serre prônées par les scientifiques.
Et le Premier ministre australien, John Howard, a déclaré
que “nous ne sommes pas prêts à supprimer des emplois.”
Les Etats du Sud faisant partie du groupe des 77 et qui ont besoin
des technologies modernes pour accéder au développement,
rechignent à leur tour d’être embarqués dans la même
galère que les 36 Etats dits développés de l’annexe
I de la Convention de Rio. Ceux-ci sont à l’origine des deux tiers
des émissions de CO2 dans le monde.
Les Européens seraient-ils les meilleurs élèves
de la conférence? Ils proposent une réduction de 15% d’ici
à 2010 des émanations de gaz à effet de serre à
partir des niveaux de 1990. Ils dépassent largement les modestes
objectifs du Japon qui se chiffrent à 5%.
INCERTITUDES DES PRÉVISIONS
L’extraordinaire mobilisation des scientifiques, des politiques et
des économistes avec en tête climatologues, météorologistes.
océanographes, n’a finalement pas réussi à percer
le mystère qui continue à envelopper la terre, l’atmosphère
et les océans. Selon l’institut de météorologie Max-Planck
de Hambourg, les prévisions sur le réchauffement de la planète
présenteraient une marge d’erreur de 50%. Car il est encore difficile
de départager entre le réchauffement qui est l’œuvre de l’homme
et celui de la nature. Il y a 120.000 ans, la terre connaissait un réchauffement
légèrement supérieur à celui d’aujourd’hui.
Et pourtant, le niveau des eaux de mer avait dépassé de six
mètres celui qui prévaut actuellement sur nos côtes.
Faut-il, dans ces conditions, baisser la garde? La conférence
de Kyoto voudrait parvenir à des objectifs chiffrés qui engagent
le plus grand nombre de pays de la planète terre.