LE TETRAIT LIMITÉ ET CONDITIONNÉ DE CISJORDANIE
UNE BOUÉE DE SAUVETAGE POUR NETANYAHU?

Coïncé entre les pressions américaines et de l’extrême - droite israélienne, le Premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu, ne se trouvait guère dans une position confortable ces dernières semaines. Pour sortir, sans doute, de l’impasse qui menaçait son gouvernement, il a élaboré une proposition d’un retrait limité et conditionnel de Cisjordanie qui a été avalisé par son Cabinet le dimanche 30 novembre, à l’issue d’une séance houleuse de sept heures.
 

Des manifestants palestiniens brûlant
les photos de Netanyahu.

 

Banderoles et affiches anti-Netanyahu brandies
par les partisans de l’extrême-droite israélienne.

 
 
Le Conseil des ministres qui a entériné le projet par 16 voix et deux abstentions, a chargé M. Netanyahu, ainsi que David Lévy, ministres des Affaires étrangères, Yitzhak Mordehaï, de la Défense; et Ariel Sharon, des Infrastructures nationales, de préciser l’ampleur du redéploiement projeté.
Mais ce dernier devra se préciser assez vite, tel que l’affirme M. Lévy. “Nous n’avons nulle intention, dit-il, de faire traîner les choses.”
Il sera donc assorti d’une série de conditions. Ainsi, avant toute mise en œuvre du retrait, Israël exige des Palestiniens de renoncer à tout nouveau transfert territorial, avant la fin de la période transitoire d’autonomie en 99, ce qui contredit les accords d’Oslo.
De même, Netanyahu a indiqué que “le retrait n’aura pas lieu avant le mois d’avril, afin de mettre à l’épreuve l’autorité palestinienne et de vérifier qu’elle mène bien la lutte contre les terroristes islamistes.”

DE MULTIPLES CONDITIONS
M. Netanyahu a, également, proposé que les négociations sur le statut final des territoires palestiniens débutent, immédiatement, pour s’achever en 99. Les discussions devront porter sur la création éventuelle d’un Etat palestinien, l’avenir de Jérusalem-Est, les colonies et le sort des réfugiés. Il a, en même temps, laissé planer la menace d’une annexion des territoires palestiniens, si Yasser Arafat proclamait de façon unilatérale la création d’un Etat indépendant.
A travers sa proposition de retrait limité et conditionné, M. Netanyahu a réussi à obtenir l’accord et l’appui de la majorité de ses ministres. Mais selon des observateurs politiques, la véritable épreuve de force avec les inconditionnels du “Grand Israël” aura lieu au parlement.
Au dire de certains, l’opposition travailliste à la Knesset a entamé des tractations avec une dizaine de députés d’extrême-droite, en vue de faire tomber le gouvernement et provoquer des élections anticipées.

LA MENACE INTERNE
Quant aux ultras de droite, ils n’hésitent pas à manifester, ouvertement, leur désaprobation totale de la politique du Premier ministre, n’hésitant pas à placarder sur les murs de Jérusalem des portraits de Netanyahu en keffiyé et, au bas, le mot “menteur”. Rabin avait eu droit au même traitement et au qualificatif de “traître” peu de temps avant son assassinat.
Du côté des travaillistes et selon un sondage publié, récemment, par le quotidien “Maariv”, le chef de l’opposition travailliste, Ehud Barak, devance nettement pour la première fois Benjamin Netanyahu dans les intentions de vote.

REFUS PALESTINIEN
Du côté palestinien, les réactions critiques et même de refus de la proposition de Netanyahu d’un retrait conditionné ne se sont pas fait attendre. M. Arafat qui avait formulé l’espoir de voir Israël respecter les accords d’Oslo, n’a pas caché sa déception.
Mme Hanane Achraoui, ministre de l’Education, devait exprimer la réaction de l’ensemble de ses compatriotes: “La décision israélienne, a-t-elle affirmé, est une manœuvre à même de porter un nouveau coup au processus de paix.”
Réclamant l’application des retraits, tels que prévu par Oslo, les Palestiniens se sont élevés contre ce qu’ils ont qualifié de “marchandage interne israélien” et considèrent que, par sa proposition, Netanyahu cherche uniquement à apaiser les tensions avec les Etats-Unis.

BRAS DE FER
De fait, depuis quelque temps déjà, la relation était assez tendue entre le président américain, Bill Clinton et le Premier ministre israélien. Ce bras de fer s’était manifesté au grand jour, lorsque le président US avait refusé de recevoir M. Netanyahu à la Maison-Blanche lors de son voyage, début novembre, aux Etats-Unis, en faisant valoir que son emploi du temps était trop chargé. Cela n’a pourtant pas empêché M. Clinton, peu de temps après, d’accorder une longue audience à l’ancien Premier ministre travailliste, Shimon Pérès et Lea Rabin, veuve de Yitzhak Rabin, assassiné en 1995.
Selon la presse israélienne, M. Clinton reprocherait à Netanyahu, son intransigeance qui paralyse le processus de paix et porte atteinte aux intérêts des Etats-Unis au Proche-Orient. Ce qui fut le cas, lors de la conférence économique de Doha, boycottée par des alliés sûrs des Américains, tels l’Egypte et l’Arabie séoudite, à cause du blocage du processus de paix.
Les pressions sur M. Netanyahu de l’intérieur ou de l’extérieur sont multiples et menaçantes pour l’avenir de son gouvernement. A travers sa proposition de retrait conditionné de Cisjordanie, parviendra-t-il à sauver son avenir politique?


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