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En quatre-vingt-et-un ans d’exis-tence, il n’avait jamais connu une
telle augmentation de commandes, les contrats géants pleuvaient
et Boeing décidait d’augmenter sa production, passant de 18 avions
par mois en 1995 à 43 avions en 1998.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, il fusionnait avec Mc Donnell
Douglas son concurrent américain.
Mais voilà que la production ne suit plus, la qualité
baisse, les coûts dérapent...
Boeing manque d’ingénieurs et de personnels qualifiés
qui, licenciés pendant une période de crise, refusent de
revenir à la compagnie...
Le rideau s’est déchiré d’un seul coup, fin octobre quand
Boeing a annoncé une perte sèche de 696 millions de dollars,
perte expliquée par une provision de 1,6 milliard de dollars destinée,
selon le président Condit, à couvrir les frais engendrés
par la très forte augmentation des rythmes de productions et des
re-tards de livraison...
La compa-gnie annonce une augmen-tation de 2,6 milliards de dollars
de ses dépenses, ce qui correspond à 5% des chiffres d’affaires
atten-dus en 1998.
La sanction boursière est immédiate et les actions chutent
d’un tiers, ce qui fait s’insurger Wall Street persuadée que les
actionnaires avaient été bernés, en particulier ceux
de Mac Donnell...
FAUX BILANS
D’autres plaintes affluent de tous les Etats-Unis et un cabinet d’avocats
affirme détenir les preuves selon lesquelles les dirigeants de Boeing
avaient une connaissance détaillée de leurs problèmes
de coûts de production, bien longtemps avant d’en avoir fait état,
ce qui justifie une condamnation des dirigeants de faux bilans.
La justice tranchera, mais le problème de fond est de savoir
pourquoi Boeing a laissé son outil de production se désorganiser
à ce point...
Il semble même que le bureau d’études ait perdu la main...
Pour expliquer ses difficultés, Boeing invoque la pénurie
de matériaux de base, ainsi que des problèmes de livraison
de ses sous-traitants.
Mais l’explication est insuffisante et fait sourire Airbus Industrie...
Certains observateurs pensent que les contrats d’exclusivité
signés par Boeing recèlent d’importantes sources de pertes,
ce qui risque de grever les comptes de la firme de Seattle pendant de longues
années... Une aubaine pour Airbus dont l’objectif est de gagner
la moitié, contre 30% aujourd’hui des commandes d’avions civils,
un marché en nette croissance!
Il aura fallu, aussi, pour couronner tout, le crash de l’appareil de
la TWA le 17 juillet 1996.
Images terribles passées sur tous les écrans du monde,
aux heures de grande écoute.
On voyait un Boeing 747 exploser en plein vol perdant l’avant de son
fuselage, tandis que la partie arrière s’élevait vers le
ciel avant de s’embraser et de s’écraser dans la mer...
Le FBI EXCLUT L’HYPOTHÈSE DE L’ATTENTAT
A partir de données résultant de la reconstitution en
images vivantes par la CIA du crash, il y a plus d’un an et demi et ayant
coûté la vie à 230 personnes, le FBI a définitivement
exclu d’attribuer l’accident à quelque bombe ou à la frappe
d’un missile perdu.
L’enquête dont le coût s’élève déjà
à 18 millions de dollars, un montant jamais atteint dans des cas
similaires auparavant, n’a rien résolu!
Le FBI n’est pas parvenu à identifier les causes de la catastrophe,
sinon que le réservoir à essence aurait explosé, alors
que l’appareil survolait Long Island et ce, après avoir laborieusement
récupéré les 95% des composantes de l’épave
à plus de 200 m de profondeur.
Cependant, les investigations vont se poursuivre par le truchement
de la National Transportation Board of Safety.
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