NETANYAHU... ET SON AVENIR POLITIQUE
ANGOISSANT!
Hubert Védrine, chef du Quai d’Orsay, a été ferme
avec Israël et Netanyahu qui continue à effacer l’opprobre
à lui infligé par le président Clinton, lequel est
soucieux d’être à la fin de son second mandat, conséquent
avec lui-même et avec la logique. Et ce, en ne l’ayant pas reçu
à la Maison-Blanche, parce qu’il tergiverse et manœuvre par rapport
aux retraits et aux négociations.
Védrine a dit: “Nous voulons un retrait pratique, réaliste
et non de pure forme”. La menace de David Lévy, ministre israélien
des Affaires étrangères, de résigner ses fonctions,
a porté Netanyahu à accepter le principe du retrait, mais
sans limitation, ni engagement, dans le cadre ce qu’il a appelé
“le respect des accords conclus”.
“La France, a dit encore Védrine, en coopération minutieuse
et rapprochée avec ses partenaires européens et les Etats-Unis,
œuvre par tous les moyens et les procédés, à l’effet
de relancer le processus de paix et les négociations y relatives.
Il est exigé un retrait effectif et un redéploiement réaliste
mais non dans une proportion de 6 ou 8 pour cent de Cisjordanie, comme
l’a décidé Netanyahu. Cette proportion est insuffisante et
c’est ce qui a amené le Conseil des ministres à prendre sa
nouvelle décision”.
Le président palestinien a dit à juste raison: “Je réclame
ce qui est logique; je ne demande ni l’impossible, ni la lune, mais ce
qui est consigné dans des accords écrits”.
Netanyahu avait pâti d’une faiblesse dans son administra-tion,
ce qui l’a porté à sacrifier l’un de ses plus proches collaborateurs,
sous la pression des dirigeants du Likoud. Ceci a amené Avidor Lieberman
à démissionner de son poste de secrétaire général
de la présidence du Conseil.
Les responsables du Likoud avaient accusé Lieberman, l’homme
fort du Cabinet Netanyahu, d’avoir tenté d’ébranler leur
influence au sein du parti. Lieberman a, alors, exprimé le désir
de s’adonner aux affaires. Cependant, sa comédie de retraite sera
de courte durée. Bien que ne portant aucun titre, Lieberman a, au
Likoud, un poids dont il est difficile de se défaire. Il a destitué,
dans l’intérêt de son chef, tous les éléments
“gênants” et les “princes” qui croyaient être les héritiers
véritables de Menahem Begin. Il a été lui-même
derrière l’exclusion de Dan Meridor, ministre des Finances, au printemps
dernier, en entretenant autour de cette affaire beaucoup de tapage et une
atmosphère scandaleuse. En raison de son intervention en toute chose,
il a perdu une grande partie de son crédit, son nom ayant été
lié à tous les scandales dans lesquels le gouvernement est
impliqué.
L’opinion publique internationale dans son ensemble s’étonne
et se demande pourquoi la tempête n’explose pas à Gaza, cette
grande prison où vivent un million de Palestiniens à l’ombre
du désespoir. Le nombre des colons augmente, alors que l’importation
palestinienne est toujours gelée et prohibée. De même,
il est interdit aux Palestiniens d’aménager un aéroport,
d’utiliser l’aérogare qu’ils ont édifiée et de se
déplacer en toute liberté entre Gaza et les autres territoires
de Cisjordanie. Il leur est, également, interdit, d’emprunter une
route asphaltée parce qu’elle est réservée aux voitures
israéliennes. Les Palestiniens qui paraissent vivre, théoriquement,
sur leurs terres, sont tenus de se déplacer sur une route sablonneuse
et caillouteuse, celle-ci étant parallèle à la route
de première classe réservée à l’occupant.
Benjamin Netanyahu vit ses pires moments.
En effet, l’opi-nion publique mondiale juive, israélienne et américaine
est mobilisée dans sa totalité contre lui, sans oublier son
parti et ses collaborateurs. Deux semaines après que le président
Clin-ton eut refusé de le recevoir, arguant que son agenda était
sur-chargé de rendez-vous, Netanyahu a mobilisé tous ses
efforts à l’effet de rencontrer prochainement le président
américain.
L’hostilité et l’indifférence avec lesquelles Washington
l’a accueilli et son hésitation à lui fixer un rendez-vous,
ont pour cause le refus d’Israël de procéder au redéploiement
de ses forces et d’évacuer la Cisjordanie selon les accords d’Oslo,
en plus de la poursuite de la colonisation juive. David Barian, porte-parole
officiel de Netanyahu, a cru pouvoir affirmer avec un ton aride, qu’Israël
ne considérait pas cette rencontre comme une gloire, une récompense
ou un privilège dont le Premier ministre doit payer chèrement
le prix, en souscrivant aux concessions exigées.
Cependant, le chef du gouvernement israélien est apparu, au
cours des derniers jours, comme s’il tentait une initiative visant à
amadouer son allié géant. C’est ce qui l’a incité
à proposer de retirer “Tsahal” des territoires occupés, mais
dans une proposition rejetée par Yasser Arafat, les Américains
et le monde l’ayant jugée insuffisante.
Les Etats-Unis étaient en tête de ceux qui l’ont rejetée,
surtout Madeleine Albright, chef du département d’Etat, qui s’est
dit choquée par l’annonce du retrait.
Netanyahu a présenté une nouvelle proposition, laissant
à la direction palestinienne toute latitude d’exercer son autorité
administrative d’une manière partielle sur 35 ou même 37 pour
cent de la Cisjordanie. Mais cela aussi a suscité un mécontentement
au sein de la droite coalisée. Aussi, le gouvernement a-t-il hésité
à en annoncer les détails, les délais et la portée
d’une manière définitive.
Si l’allergie des responsables américains
s’amplifie, il est prématuré de parler d’une crise de relations
entre l’Amérique et l’Etat hébreu. Le gouvernement américain
a démenti les rumeurs selon lesquelles il exerce des pressions sur
Israël, le menace et demande aux Nations-Unies de voter contre la
résolution de l’assemblée générale critiquant
cet Etat.
Le président Clinton qui a pu, dernièrement, à
l’occasion de la crise irakienne, observer le fait pour le monde arabe
de douter de sa partialité et de son manque de neutralité,
a reçu le prix Rabin-Pérès pour la paix. Il ne fait
pas de doute que lorsqu’ils lui ont remis cette distinction, Leah Rabin
et Shimon Pérès voulaient donner une preuve de leur soutien
à l’homme qui, en septembre 1993, patronnait l’accolade historique
entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, afin qu’il se saisisse de nouveau
du processus de paix, lequel semble lui avoir échappé, après
la victoire de Benjamin Netanyahu aux élections générales
il y a un an et demi.
Et Netanyahu qui se sent boycotté par Washington, critiqué
par l’Europe, contesté au sein de son parti et par ses partisans,
parie sur le dernier de ses alliés: les colons.
A ceux-ci il a dit: “Je suis devenu indésirable et impopulaire
à Washington et à Paris, parce que je n’ai pas souscrit aux
exigences des Arabes”.
Etant entendu que le fait pour Bill Clinton d’avoir reçu Léah
Rabin et Shimon Pérès durant quatre heures, avait l’air d’une
gifle administrée à Netanyahu. De même que le rejet
par ce dernier de l’allégation du président américain,
selon laquelle il ne disposait pas d’un moment de loisir pour le lui accorder.
Pourtant, les avions du chef de l’Exécutif américain
et du Premier ministre israélien ont atterri au même instant
à l’aéroport de Los Angelès. |
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