Le
langage cacophonique de notre classe dirigeante et politique, en général,
déroute l’observateur, l’empêchant de se faire une idée
exacte de la situation. Preuve en est les contacts qu’effectuent avec les
salles de rédaction, bien des instances étrangères,
diplomatiques notamment, pour mieux comprendre “ce qui se passe” dans nos
murs. Pourquoi le Pouvoir ne désignerait-il pas un porte-parole
attitré, ayant pour tâche d’expliciter les décisions
gouvernementales? Notre photo: le président Hraoui recevant le nouveau
conseil de l’Ordre des journalistes.
Si nous devions
qualifier le langage caractéristique de notre classe politique -
tant dirigeante que parlementaire ou partisane - nous dirions qu’il est,
tout simplement, cacophonique.
Ceci étant, comment peut-on espérer entendre de cet “orchestre”
une musique harmonieuse, du mo-ment que chacun de ses instrumen-tistes
interprète à sa guise la parti-tion censée être
jouée à l’unisson?
Nous émettons ces réflexions, tant nous entendons des
discours différents, au point qu’on ne parvient plus à rien
comprendre. On est à la fois dérouté et étourdi,
surtout que certains propos tenus par des personnages haut placés
ne concordent nullement les uns avec les autres.
C’est le cas, actuellement, du “plan de sauvetage de l’économie
et de l’assainissement des finan-ces publiques”, ayant fait l’objet, comme
on sait, d’un accord entre les trois pôles du Pouvoir. Or, chacun
de ces derniers l’explique à sa façon, si bien qu’on a du
mal à y voir clair.
Puis, du moment que la “troï-ka” a repris du travail, on devrait
supprimer et le Cabinet et l’As-semblée nationale, ces derniers
s’acquittant de leur rôle en tant que faux témoins: ils n’ont
pas leur mot à dire, ou bien ils ne peuvent dépasser une
certaine “ligne rouge”, si l’on excepte quelques-uns de leurs membres dont
le nombre ne dépasse pas celui des doigts des deux mains.
Ainsi, à la suite de sa consti-tution, le nouveau conseil de
l’Ordre des journalistes, a rendu visite aux dirigeants.
A l’issue de ces entrevues, le président de l’Ordre a révélé
la teneur des entretiens. D’abord, nous avons appris que le chef de l’Etat
“ne veut pas entendre parler de la reconduction de son mandat”...
Ensuite, le Premier libanais a pris la défense du “plan de redressement
économico-financier”, disant qu’il le défen-dait de toutes
ses forces. Quant aux élections municipales, Baab-da y tient fermement.
De plus, il est contre le cumul des charges municipales et parlementaires
et admet les nominations de con-seillers, “mais uniquement, dans les localités
où il n’est pas pos-sible d’organiser le scrutin muni-cipal”.
Autre son de cloche, place de l’Etoile: pour le chef du Législatif,
les nominations (des conseillers municipaux) c’est “le moindre mal”. En
ce qui concerne la compression des dépenses, il se prononce “en
faveur de la réduc-tion des départements ministé-riels
de trente à quatorze ou seize tout au plus”. Et contre la prorogation,
jusqu’à cinquante ans, du monopole octroyé aux sociétés
gérant le cellulaire...
Au palais du gouvernement, le Premier ministre paraît ré-solu
à “s’endetter de l’exté-rieur”, son plan prévoyant
un prêt de 2 milliards de dollars, remboursable à long terme.
Il ne l’a pas dit, en personne, mais à leur sortie du sérail,
les dé-putés arméniens qui soutien-nent, inconditionnellement,
le Pouvoir, se sont prononcés “en faveur de l’endettement à
l’étranger” (sic)...
Enfin, le ministre de l’Intérieur s’engage à organiser
le scrutin municipal au printemps 98 et tient, mordicus, aux “nomina-tions”
(des conseillers), tout en insinuant que “les municipales ne pourraient
se dérouler dans le délai prévu, si le projet de loi
y relatif n’était pas ratifié par l’Assemblée avant
fin décembre”...
Comprendra qui pourra! |