L’émissaire
de l’Union européenne est venu au Liban (pour la cinquième
fois), officiellement aux fins d’examiner sur place, la possibilité
de relancer le processus de paix sur les volets libano-israélien
et israélo-libanais. M. Miguel Moritanos qui s’est entretenu avec
les responsables (on le voit ici avec le président Nabih Berri),
a laissé entendre que l’U.E. œuvrait en coordination avec les Etats-Unis.
Et ce, au moment où un affrontement euro-américain était
signalé à Kyoto, à l’ouverture de la conférence
de l’ONU sur l’échauffement planétaire...
On n’a pas
compris, jusqu’à ce jour, le rôle dont s’acquitte l’Union
européenne dans le conflit israélo-arabe.
Chaque fois au lendemain de l’élection d’un nouveau président
(du Conseil européen), celui-ci a pris le chemin du Proche-Orient,
pour une tournée d’information, au terme de laquelle il a consigné
dans un rapport ses observations, dont on n’a pas connu la teneur, sur
base desquelles les Européens se proposent d’entreprendre une initiative
susceptible de sortir le processus de paix de l’impasse.
Puis, on n’en a plus entendu parler. Et on apprenait que les USA s’étaient
formalisés de l’intrusion de l’Europe dans une région considérée
par Washing-ton comme une chasse gardée où aucune autre puissance
grande ou petite, n’a le droit d’intervenir.
Le cas Christopher - De Cha-rette est encore présent dans les
mémoires: les chefs de la diplo-matie française et américaine,
accourus en hâte après le carnage de Cana, se sont adonnés
pendant plusieurs jours au jeu du chat et de la souris. L’un et l’autre
assuraient œuvrer de connivence et en parfaite coordination, à l’ef-fet
de parvenir à un arrangement (celui d’avril 96), en vertu duquel
a été constitué le groupe de sur-veillance de la trêve,
dont le mis-sion s’est limitée jusqu’à présent à
sermonner les parties antagonis-tes, en l’occurrence les Libanais et les
Israéliens, pour les emmener à faire montre de retenue et
épargner les populations civiles.
Mais comme on le constate, ce groupe multinational n’a pu mettre un
terme aux attaques de notre voisin du Sud qui semble déterminé
à entretenir la tension dans la partie méridionale du Liban,
en réchauffant la situation sur le terrain, chaque fois qu’elle
a tendance à s’apaiser...
Cette semaine, l’émissaire de l’Union européenne est
venu à Beyrouth, pour la cinquième fois, contre sept fois
à Damas, comme il l’a précisé, officiellement, “pour
relancer le processus de paix bloqué depuis un an et demi”.
Après ses entretiens avec les responsables, il a laissé
entendre que ses efforts tendaient “à finaliser les pourparlers
palestino-israéliens et, aussi, à les relancer sur les volets
libano-israélien et israélo-libanais.”
Et d’insinuer que le sommet de Luxembourg, prévu pour les 13
et 14 décembre serait amené à arrêter des mesures
susceptibles d’atteindre ce double objectif.
Nous ne demandons qu’à le croire et nous serions heureux de
voir ce sommet déboucher sur quelque résultat concret, si
toute-fois l’U.E. agit en parfaite coordi-nation avec les Etats-Unis, comme
l’a réaffirmé M. Moratinos. C’est, d’ailleurs, ce qu’a souhaité
l’am-bassadeur US au Liban, alors qu’un affrontement euro-US était
signalé lundi à l’ouverture de la conférence de l’ONU
à Kyoto sur le réchauffement planétaire...
Par ailleurs, l’émissaire euro-péen a fait allusion au
problème des 350.000 réfugiés palestiniens établis
en territoire libanais et dont on craint l’implantation sous notre ciel.
A ce sujet, il a indiqué que le sujet est traité, à
court terme, sur le plan humanitaire en vue d’améliorer les conditions
de vie de ces réfugiés vivant dans les camps et, à
long terme, aux fins de trancher, une fois pour toute, la question de leur
retour en Palestine. “Ceci, précise-t-il, nécessitera des
négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne,
d’une part; et entre l’Etat hébreu et les pays arabes d’accueil,
d’autre part; à savoir: le Liban, la Syrie et la Jordanie.
Quoi qu’il en soit, le rôle européen dans ce contexte
n’est toujours pas explicité et tout indique que les instances concernées
resteront dans le vague, refusant d’éclairer notre lanterne et,
partant, de nous rassurer quant à l’avenir... |