LES SCIENTIFIQUES INTERPELLENT LA CONSCIENCE
DU MONDE
Le premier rapport du Giec datant de 1990 avait constaté le
réchauffement de la terre suivi, cinq ans plus tard, par un rapport
volumineux de six mille pages reconnaissant l’existence d’un “faisceau
d’éléments (suggérant) qu’il y a une influence perceptible
de l’homme sur le climat mondial.”
Un troisième rapport du Giec dont la publication est programmée
pour l’an 2000 et qui inspire les travaux de la conférence de Kyoto,
constate que les changements climatiques entraînent “une plus grande
vulnérabilité de la santé humaine, des écosystèmes
et des secteurs socio-économiques (avec un) potentiel de bouleverser
l’aptitude des systèmes physiques et biologiques.”
L’effet de serre à l’origine de changements variables d’un continent
à l’autre touche, en premier lieu, l’Afrique “le continent le plus
vulnérable”, l’Asie tropicale où “le changement climatique
s’ajoutera aux autres stress de la région comme l’urbanisation rapide,
l’épuisement des ressources naturelles, les pollutions et la dégradation
des terres”. Il n’épargnera ni l’Asie centrale, ni le Moyen-Orient,
ni l’Amérique latine, ni les îles tropicales qui risquent
d’être submergées par les eaux; ni l’Amérique du Nord,
ni l’Europe, ces deux derniers continents étant, toutefois, en mesure
de lutter contre les effets de ces changements.
Un problème fondamental oppose, déjà, les pays
développés aux pays du Sud qui ne sont pas en mesure de subir
les contraintes du protocole de kyoto. Ils se trouvent en début
de parcours dans le développement industriel et l’usage des moyens
énergétiques où l’Occident les a déjà
précédés depuis longtemps. Les Etats-Unis, recommandant
un alignement des positions entre le Nord et le Sud et dès le début
des travaux de la conférence, se sont démarqués de
la position européenne (une réduction des émissions
de gaz de 15%) qu’ils jugent irréaliste et s’en tiennent à
leur position minimaliste.
![]() Le ministre japonais des Affaires étrangères Keizo Obuchi intervenant à la session inaugurale. |
![]() Une autre vue à Naranjal en Equateur où les citoyens nagent dans les rues submergées par les flots. |
“LE TEMPS EST UN LUXE QUE NOUS NE POUVONS PAS
NOUS PERMETTRE”
Parallèlement aux politiques qui consentent difficilement à
réfréner leurs ambitions économiques et reconvertir
leurs ressources, les scientifiques estiment que “la vie humaine est un
élément extérieur au marché” et que “le temps
est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre”.
Certes, il existe des scientifiques qui fondent leurs espoirs sur les
capacités de l’océan à absorber l’effet de serre provoqué
par l’activité des hommes. L’océan a toujours été
un régulateur dans l’équilibre de la planète. Sur
les 7 milliards de tonnes de CO2 rejetés chaque année dans
l’atmosphère, il en absorbe avec les forêts plus de trois
milliards. Mais d’autres scientifiques, à l’instar de Jean-Claude
Duplessey, indiquent que “l’océan n’est pas nécessairement
le grand régulateur que l’on croyait, il ne faut pas compter sur
lui pour pomper automatiquement les surplus de CO2.”
Le Fonds mondial pour la nature (WWWF), va jusqu’à avancer des
données chiffrées pour rassurer les secteurs industriels,
les premiers visés dans la réduction des émanations
de gaz carbonique. Il estime qu’une réduction de 21% de ces émanations,
d’ici à l’an 2000, permettrait une telle économie d’énergie
(aux Etats-Unis) que celle-ci se chiffrerait à 136 milliards de
dollars. Ce que contestent vivement les industriels nord-américains
qui chiffrent les pertes de 227 milliards et de centaines de milliers d’emplois.
Faut-il vivre sur le court terme, sans permettre à ses descendants
de survivre sur le long terme? Quelle est l’ampleur des sacrifices à
consentir pour sauver la planète terre? Et si les scientifiques
qui prêchent la vertu se trompaient? Les énigmes, les incertitudes
qui planent autour de la terre en accentuent toujours le mystère.