EN MARGE DE LA CONFÉRENCE DE L'ONU À KYOTO:
MOBILISATION PLANÉTAIRE DES SCIENTIFIQUES

Jamais la terre n’a vu une telle  mobilisation de scientifiques. 2.500 chercheurs de toutes nationalités, mis sur le pied de guerre, mesurent depuis dix ans les données du climat, passé, présent et futur et les conséquences de l’effet de serre produit par les émanations en dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH2) et d’oxyde nitreux (NO2) sur les écosystèmes terrestres et aquatiques.
Patrouille de police montée à l’entrée de la salle de Conférences.
 
Ces scientifiques ont constaté que “les divers secteurs de la société doivent s’attendre à être confrontés à des bouleversements multiples et à la nécessité de s’y adapter.” D’autant que si un protocole de réduction des émissions de CO2 n’est pas adopté et respecté par ses signataires aux assises de Kyoto, le déséquilibre climatique va s’accentuer en raison de l’augmentation de l’ordre de 30%, dans les quinze prochaines années, de la consommation de pétrole et de charbon.
Trois rapports d’évaluation du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) remettent en question les moteurs de la marche économique forcée de l’humanité et incitent à la prudence et à la modération.

LES SCIENTIFIQUES INTERPELLENT LA CONSCIENCE DU MONDE
Le premier rapport du Giec datant de 1990 avait constaté le réchauffement de la terre suivi, cinq ans plus tard, par un rapport volumineux de six mille pages reconnaissant l’existence d’un “faisceau d’éléments (suggérant) qu’il y a une influence perceptible de l’homme sur le climat mondial.”
Un troisième rapport du Giec dont la publication est programmée pour l’an 2000 et qui inspire les travaux de la conférence de Kyoto, constate que les changements climatiques entraînent “une plus grande vulnérabilité de la santé humaine, des écosystèmes et des secteurs socio-économiques (avec un) potentiel de bouleverser l’aptitude des systèmes physiques et biologiques.”
L’effet de serre à l’origine de changements variables d’un continent à l’autre touche, en premier lieu, l’Afrique “le continent le plus vulnérable”, l’Asie tropicale où “le changement climatique s’ajoutera aux autres stress de la région comme l’urbanisation rapide, l’épuisement des ressources naturelles, les pollutions et la dégradation des terres”. Il n’épargnera ni l’Asie centrale, ni le Moyen-Orient, ni l’Amérique latine, ni les îles tropicales qui risquent d’être submergées par les eaux; ni l’Amérique du Nord, ni l’Europe, ces deux derniers continents étant, toutefois, en mesure de lutter contre les effets de ces changements.
Un problème fondamental oppose, déjà, les pays développés aux pays du Sud qui ne sont pas en mesure de subir les contraintes du protocole de kyoto. Ils se trouvent en début de parcours dans le développement industriel et l’usage des moyens énergétiques où l’Occident les a déjà précédés depuis longtemps. Les Etats-Unis, recommandant un alignement des positions entre le Nord et le Sud et dès le début des travaux de la conférence, se sont démarqués de la position européenne (une réduction des émissions de gaz de 15%) qu’ils jugent irréaliste et s’en tiennent à leur position minimaliste.
 
 


Le ministre japonais des Affaires étrangères 
Keizo Obuchi intervenant à la session inaugurale.

 

Une autre vue à Naranjal en Equateur où
les citoyens nagent dans les rues submergées par les flots.

 
 

“LE TEMPS EST UN LUXE QUE NOUS NE POUVONS PAS NOUS PERMETTRE”
Parallèlement aux politiques qui consentent difficilement à réfréner leurs ambitions économiques et reconvertir leurs ressources, les scientifiques estiment que “la vie humaine est un élément extérieur au marché” et que “le temps est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre”.
Certes, il existe des scientifiques qui fondent leurs espoirs sur les capacités de l’océan à absorber l’effet de serre provoqué par l’activité des hommes. L’océan a toujours été un régulateur dans l’équilibre de la planète. Sur les 7 milliards de tonnes de CO2 rejetés chaque année dans l’atmosphère, il en absorbe avec les forêts plus de trois milliards. Mais d’autres scientifiques, à l’instar de Jean-Claude Duplessey, indiquent que “l’océan n’est pas nécessairement le grand régulateur que l’on croyait, il ne faut pas compter sur lui pour pomper automatiquement les surplus de CO2.”
Le Fonds mondial pour la nature (WWWF), va jusqu’à avancer des données chiffrées pour rassurer les secteurs industriels, les premiers visés dans la réduction des émanations de gaz carbonique. Il estime qu’une réduction de 21% de ces émanations, d’ici à l’an 2000, permettrait une telle économie d’énergie (aux Etats-Unis) que celle-ci se chiffrerait à 136 milliards de dollars. Ce que contestent vivement les industriels nord-américains qui chiffrent les pertes de 227 milliards et de centaines de milliers d’emplois.
Faut-il vivre sur le court terme, sans permettre à ses descendants de survivre sur le long terme? Quelle est l’ampleur des sacrifices à consentir pour sauver la planète terre? Et si les scientifiques qui prêchent la vertu se trompaient? Les énigmes, les incertitudes qui planent autour de la terre en accentuent toujours le mystère.


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