C’est
officiel: le chef du Législatif a fixé au 16 décembre
la date du débat de politique générale, lequel aura
pour avantage de transposer, sous l’hémicycle, tant de controverses
qui se multiplient en dehors de l’enceinte parlementaire. Le président
Nabih Berri (notre photo le montre avec MM. Georges Saadé et Mounir
Hajj dirigeants des Kataëb) a inscrit à l’ordre du jour trente-trois
questions et interpellations portant, notamment, sur la politique économico-financière
du gouvernement.
Le chef du
Législatif en a fixé la date: le 16 décembre, un débat
de politique générale sera institué à la Chambre
des députés, autour des problèmes de l’heure et des
ques-tions qui intéressent les citoyens dans leur vie quotidienne.
Ce débat aurait dû avoir lieu plus tôt; on aurait
transposé à l’Assem-blée - l’endroit indiqué
pour cela - tant de controverses dont la persis-tance envenime l’atmosphère,
com-promet le processus de norma-lisation, tout en retardant l’entente
nationale sans laquelle le Liban n’est pas viable.
Ainsi, le plan de redressement socio-économique et d’assainisse-ment
des finances publiques aurait été élaboré,
non par la troïka, après de laborieuses conciliabules à
Baabda, Aïn el-Tiné et Koraytem, mais sous l’hémicycle,
toutes les franges politiques et nationales, devant être associées
à la recherche des solutions à nos crises et, surtout, à
la prise des décisions engageant l’avenir de la patrie.
On a eu l’occasion, ces derniers temps, d’écouter ou de suivre
à travers les stations radiophoniques et de télévision,
bien des débats enfiévrés qui se terminent toujours
en queue de poisson, au terme de discussions et d’échanges de vues
souvent oiseux, mettant aux prises les thuriféraires du Pouvoir
et ses détracteurs ou ce qu’on appelle communément, les opposants
et les loyalistes.
Le tout dernier “show” de ce genre, les téléspectateurs
et les auditeurs ont pu le suivre à travers certains ondes et canaux.
De fait, le ministre d’Etat pour les affaires financières, considéré
comme le plus fervent partisan et défenseur du chef du gouvernement,
s’est signalé dimanche soir à deux reprises.
Il est intervenu, une première fois pour faire une mise au point,
à propos de chiffres relatifs à la dette publique, avancés
par un ancien président du Conseil, en l’occurren-ce, M. Salim Hoss.
Et, une seconde fois, pour démentir une révélation
(compromettante) de l’ex-président Amine Gemayel.
M. Hoss avait affirmé que la dette publique s’était élevée,
fin octobre, à 21 milliards de livres et non à 17 milliards,
ainsi que le soutient M. Sanioura, en prétendant que “les Cabinets
successifs de M. Hariri au cours des cinq dernières années,
se sont employés à régler les problè-mes hérités
des précédents gouver-nements”. M. Hoss devait revenir à
la charge, confirmer ses chiffres et réfuter les allégations
de son contradicteur.
La mise au point du ministre d’Etat rappelle celle qu’il avait faite
à propos du scandale des timbres fiscaux découvert dans un
service relevant du département dont il a la charge. Il avait, alors,
assuré que le montant extorqué aux Finances était
de loin inférieur à celui cité par les journaux et
qu’en tout cas, “les sommes subtilisées par des ronds-de-cuir malhonnêtes,
avaient été récupérés en majeure partie”
(sic).
M. Sanioura a, d’autre part, infirmé “l’allégation” du
président Gemayel, selon laquelle, sous son mandat (1982-88), M.
Hariri lui aurait proposé trente millions de dollars pour démissionner,
ce qui aurait permis à ce dernier d’accéder à l’époque
au palais du gouverne-ment.
Mais M. Gemayel a confirmé sa version des faits et renvoyé
M. Sanioura aux “Mémoires” d’un ancien ambassadeur du Liban à
Washington (Abdallah Abou-Habib) qui y consigne sa révélation.
Le ministre d’Etat qui s’acquitte du rôle “d’avocat du diable”,
s’est trouvé dans les deux cas en mau-vaise posture. Sa crédibilité
et celle de son “patron” étant compromise, surtout depuis la dégradation
de la situation économico-financière qu’ils tentent de redresser
avec un plan que la plupart des milieux accueillent avec septicisme, pour
la simple raison qu’ils ne leur font plus confiance... |