Cette 8ème session, a entamé ses travaux le mardi 9 décembre pour les clôturer le 11. La délégation libanaise à la conférence comprend, également, le ministre des Affaires étrangères, Farès Bouez, qui se trouve dans la capitale iranienne depuis samedi, où il a participé aux réunions préparatoires des chefs de la diplomatie des pays membres de l’OCI, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires.
L’ARRIVÉE À TÉHÉRAN
ET LES PREMIERS CONTACTS
MM. Hraoui et Hariri ont été accueillis à l’aéroport
de Mehrabad par le président iranien, Mohamed Khatemi. Dans
une courte allocution de bienvenue, ce dernier a souligné que la
participation de M. Hraoui avait une connotation et un sens particuliers
aux yeux de l’Iran et de tous les pays participants.
Interrogé sur l’éventualité de rencontres avec
les dirigeants iraniens en marge du sommet, le chef de l’Etat a estimé
que cela était fort possible. Il a souligné, cependant, que
la défense du Liban-Sud est entièrement libanaise. “Je remercie
tous ceux qui nous soutiennent dans cette résistance, parmi les
pays arabes et islamiques et, éventuellement d’autres encore. Mais
la résistance n’a pas de coloration iranienne, ni autre...”
Du lieu où il réside à Téhéran,
M. Hraoui a eu en soirée un entretien au téléphone
avec son homologue syrien, le président Hafez Assad, arrivé
après lui.
Le Premier ministre, pour sa part, avait auparavant, reçu dans
sa suite les ministres des Affaires étrangères d’Arabie séoudite,
d’Egypte et de Bahrein. De son côté, M. Bouez, qui a informé
les deux présidents aussitôt après leur arrivée
à Téhéran, des résultats des réunions
préparatoires, a indiqué à la presse que le Liban
a, de surcroît, participé au projet de résolution concernant
le processus de paix au Proche-Orient et qu’il avait obtenu “ce qu’il désirait”
sans entrer dans les détails.
DANS LES COULISSES DU SOMMET
L’OCI a été créée en septembre 1969 lors
de la réunion de 24 chefs d’Etat musulmans, à la suite de
l’incendie de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. La charte
de l’organisation adoptée en 1972, fixe comme principal objectif
la promotion de la solidarité islamique. Son autre but est, aussi,
de soutenir la lutte du peuple de Palestine, de l’aider à recouvrer
ses droits et de libérer son territoire, ainsi que de veiller
à la sauvegarde des lieux-saints de Jérusalem, la troisième
ville sainte de l’Islam.
Le secrétaire général de l’OCI est depuis janvier
1997, le Marocain Ezzeddine Laraki.
Pour la première fois depuis la révolution islamique
de 1979, un grand nombre de chefs d’Etat et de dirigeants des 55 membres
de la grande famille musulmane, se réunissent dans la capitale iranienne
trois jours durant, afin de passer en revue les grands problèmes
du monde islamique.
L’Iran, le plus grand pays chiite du monde, entend avec ce sommet,
confirmer la normalisation de ses relations avec le reste du monde islamique,
en particulier les pays arabes, majoritairement sunnites. Longtemps en
froid avec ceux-ci, inquiets du discours iranien sur “l’exportation” de
sa révolution, Téhéran a engagé depuis un an,
une stratégie d’apaisement avec ses voisins. Aujourd’hui, les autorités
iraniennes ne cachent pas leur satisfaction pour ce qu’elles considèrent
déjà comme un succès sans précédent
pour leur diplomatie. D’aurant plus que le secrétaire général
de l’ONU, Kofi Annan, ainsi que le secrétaire de la Ligue arabe,
Abdel Méguid, sont présents pour la première fois
en Iran.
LE MOT DU LIBAN: EXTRAITS DU DISCOURS DU PRÉSIDENT
HRAOUI
Après ses diverses rencontres dont celles de l’émir du
Koweit, du prince héritier séoudien Abdallah Ben Abdel-Aziz
et du président Hafez Assad, la rencontre avec l’ancien président
iranien Rafsandjani fut axée sur les rapports de l’Iran et de l’Etat
libanais. Le président Hraoui a souligné, notamment, que
les responsables iraniens devraient établir des relations “avec
l’Etat libanais et non pas avec une seule de ses fractions. Ces rapports
entretenus avec une partie des Libanais supposent à tort que les
Iraniens n’œuvrent que pour cette fraction précise, ce qui est en
contradiction avec l’entité du Liban et son existence.” Ce à
quoi M. Rafsandjani a répondu “qu’il s’agit d’une demande pertinente
et nous espérons qu’il y sera fait droit à l’avenir.”
Quant au discours proprement dit, le président Hraoui a relevé
d’entrée de jeu qu’il participait à l’OCI en sa qualité
de représentant du Liban “patrie de la coexistence entre chrétiens
et musulmans”. Et s’adressant à l’assemblée des souverains
et chefs d’Etat présents dans l’hémicycle, il a déclaré
entre autres: “Nous refusons que le monde islamique vive renfermé
sur lui-même... Il faut assainir son image face aux campagnes tendancieuses
dont il fait l’objet... Aussi, est-il nécessaire de mettre fin aux
actes de violence déplorables dans certains pays islamiques et entre
certains d’entre eux. Nous sommes tous appelés à mener une
vaste bataille culturelle... Nous prônons une ouverture sur le monde
et ses cultures. Tout en rejetant ses aspects négatifs, il nous
faut tirer parti des aspects positifs afin de passer du stade du tiers-monde
à celui du développement... Tous, tant que nous sommes, devons
faire face à des problèmes communs, tels que la lutte contre
le terrorisme et la prolifération des armes destructrices... Je
vous invite à placer ce sommet islamique sous le signe du développement...”
Abordant le dossier des négociations avec Israël, le président
Hraoui a estimé que le processus de paix a débouché
sur une impasse et souligné que le Liban et la Syrie ont rejeté
les solutions redditionnistes. Il a, notamment, mis l’accent sur l’indifférence
internationale vis-à-vis de la mise en application des résolutions
de l’ONU, ainsi que sur les conséquences des bombardements israéliens
qui font chaque jour des victimes et des destructions. Le massacre de Cana
en est un indice flagrant. Après avoir insisté sur la nécessité
de l’application de la résolution 425 des Nations Unies, le président
Hraoui a plaidé en faveur du Liban: “Nous sommes convaincus que
vous êtes préoccupés par les dangers qui guettent l’intégrité
de notre territoire et que ces dangers vous poussent à œuvrer en
vue de préserver un Etat membre de votre organisation!” Appelant,
ensuite, au rejet de toute normalisation avec Israël qui rejette le
principe de la terre contre la paix, il a conclu en lançant un appel
aux participants de la conférence: “Un Liban sain sera pour vous
tous un pilier. Le Liban est un besoin régional et une nécessité
internationale. Il représente un pont entre l’Orient et l’Occident.
C’est l’exemple même de l’interactivité entre le Christianisme
et l’Islam et nous souhaitons que cet exemple soit suivi par le monde entier!”