LE LIBAN AU VIIIème SOMMET DE L'ORGANISATION
DE LA CONFÉRENCE ISLAMIQUE (OCI) 
C’est la première fois que les deux chefs de l’Etat et du  gouvernement libanais participent en même temps à une session de l’OCI.

Le président iranien accueillant son homologue libanais à l’aéroport de Mehrabad.
 
 

Cette 8ème session, a entamé ses travaux le mardi 9 décembre pour les clôturer le 11. La délégation libanaise à la conférence comprend, également, le ministre des Affaires étrangères, Farès Bouez, qui se trouve dans la capitale iranienne depuis samedi, où il a participé aux réunions préparatoires des chefs de la diplomatie des pays membres de l’OCI, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires.


... et recevant le prince héritier Abdallah, d’Arabie séoudite.

L’ARRIVÉE À TÉHÉRAN ET LES PREMIERS CONTACTS
MM. Hraoui et Hariri ont été accueillis à l’aéroport de  Mehrabad par le président iranien, Mohamed Khatemi. Dans une courte allocution de bienvenue, ce dernier a souligné que la participation de M. Hraoui avait une connotation et un sens particuliers aux yeux de l’Iran et de tous les pays participants.
Interrogé sur l’éventualité de rencontres avec les dirigeants  iraniens en marge du sommet, le chef de l’Etat a estimé que cela était fort possible. Il a souligné, cependant, que la défense du Liban-Sud est entièrement libanaise. “Je remercie tous ceux qui nous soutiennent dans cette résistance, parmi les pays arabes et islamiques et, éventuellement d’autres encore. Mais la résistance n’a pas de coloration iranienne, ni autre...”
Du lieu où il réside à Téhéran, M. Hraoui a eu en soirée un entretien au téléphone avec son homologue syrien, le président Hafez Assad, arrivé après lui.
Le Premier ministre, pour sa part, avait auparavant, reçu dans sa suite les ministres des Affaires étrangères d’Arabie séoudite, d’Egypte et de Bahrein. De son côté, M. Bouez, qui a informé les deux présidents aussitôt après leur arrivée à Téhéran, des résultats des réunions préparatoires, a indiqué à la presse que le Liban a, de surcroît, participé au projet de résolution concernant le processus de paix au Proche-Orient et qu’il avait obtenu “ce qu’il désirait” sans entrer dans les détails.


Avec le président Hafez Assad.
 

DANS LES COULISSES DU SOMMET
L’OCI a été créée en septembre 1969 lors de la réunion de 24 chefs d’Etat musulmans, à la suite de l’incendie de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. La charte de l’organisation adoptée en 1972, fixe comme principal objectif la promotion de la solidarité islamique. Son autre but est, aussi, de soutenir la lutte du peuple de Palestine, de l’aider à recouvrer ses droits et de libérer son territoire,  ainsi que de veiller à la sauvegarde des lieux-saints de Jérusalem, la troisième ville sainte de l’Islam.
Le secrétaire général de l’OCI est depuis janvier 1997, le Marocain Ezzeddine Laraki.
Pour la première fois depuis la révolution islamique de 1979, un grand nombre de chefs d’Etat et de dirigeants des 55 membres de la grande famille musulmane, se réunissent dans la capitale iranienne trois jours durant, afin de passer en revue les grands problèmes du monde islamique.
L’Iran, le plus grand pays chiite du monde, entend avec ce sommet, confirmer la normalisation de ses relations avec le reste du monde islamique, en particulier les pays arabes, majoritairement sunnites. Longtemps en froid avec ceux-ci, inquiets du discours iranien sur “l’exportation” de sa révolution, Téhéran a engagé depuis un an, une stratégie d’apaisement avec ses voisins. Aujourd’hui, les autorités iraniennes ne cachent pas leur satisfaction pour ce qu’elles considèrent déjà comme un succès sans précédent pour leur diplomatie. D’aurant plus que le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, ainsi que le secrétaire de la Ligue arabe, Abdel Méguid, sont présents pour la première fois en Iran.

LE MOT DU LIBAN: EXTRAITS DU DISCOURS DU PRÉSIDENT HRAOUI
Après ses diverses rencontres dont celles de l’émir du Koweit, du prince héritier séoudien Abdallah Ben Abdel-Aziz et du président Hafez Assad, la rencontre avec l’ancien président iranien Rafsandjani fut axée sur les rapports de l’Iran et de l’Etat libanais. Le président Hraoui a souligné, notamment, que les responsables iraniens devraient établir des relations “avec l’Etat libanais et non pas avec une seule de ses fractions. Ces rapports entretenus avec une partie des Libanais supposent à tort que les Iraniens n’œuvrent que pour cette fraction précise, ce qui est en contradiction avec l’entité du Liban et son existence.” Ce à quoi M. Rafsandjani a répondu “qu’il s’agit d’une demande pertinente et nous espérons qu’il y sera fait droit à l’avenir.”
Quant au discours proprement dit, le président Hraoui a relevé d’entrée de jeu qu’il participait à l’OCI en sa qualité de représentant du Liban “patrie de la coexistence entre chrétiens et musulmans”. Et s’adressant à l’assemblée des souverains et chefs d’Etat présents dans l’hémicycle, il a déclaré entre autres: “Nous refusons que le monde islamique vive renfermé sur lui-même... Il faut assainir son image face aux campagnes tendancieuses dont il fait l’objet... Aussi, est-il nécessaire de mettre fin aux actes de violence déplorables dans certains pays islamiques et entre certains d’entre eux. Nous sommes tous appelés à mener une vaste bataille culturelle... Nous prônons une ouverture sur le monde et ses cultures. Tout en rejetant ses aspects négatifs, il nous faut tirer parti des aspects positifs afin de passer du stade du tiers-monde à celui du développement... Tous, tant que nous sommes, devons faire face à des problèmes communs, tels que la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes destructrices... Je vous invite à placer ce sommet islamique sous le signe du développement...” Abordant le dossier des négociations avec Israël, le président Hraoui a estimé que le processus de paix a débouché sur une impasse et souligné que le Liban et la Syrie ont rejeté les solutions redditionnistes. Il a, notamment, mis l’accent sur l’indifférence internationale vis-à-vis de la mise en application des résolutions de l’ONU, ainsi que sur les conséquences des bombardements israéliens qui font chaque jour des victimes et des destructions. Le massacre de Cana en est un indice flagrant. Après avoir insisté sur la nécessité de l’application de la résolution 425 des Nations Unies, le président Hraoui a plaidé en faveur du Liban: “Nous sommes convaincus que vous êtes préoccupés par les dangers qui guettent l’intégrité de notre territoire et que ces dangers vous poussent à œuvrer en vue de préserver un Etat membre de votre organisation!” Appelant, ensuite, au rejet de toute normalisation avec Israël qui rejette le principe de la terre contre la paix, il a conclu en lançant un appel aux participants de la conférence: “Un Liban sain sera pour vous tous un pilier. Le Liban est un besoin régional et une nécessité internationale. Il représente un pont entre l’Orient et l’Occident. C’est l’exemple même de l’interactivité entre le Christianisme et l’Islam et nous souhaitons que cet exemple soit suivi par le monde entier!” 


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