“SANTA LUCIA” ET “NOTRE PPP”
Un énorme sapin de Noël illuminé de milliers de
lampions et planté dans un tapis de neige: c’est Stockholm, à
la “Santa Lucia” qui marque le début des célébrations
de Noël, un mois durant jusqu’au 8 janvier de la nouvelle année.
Est-ce le jour?
Est-ce la nuit?
Qu’importe!
C’est la fête de la lumière dans cette capitale suédoise
éclairée a giorno.
La fête de la Lumière célébrée le
13 décembre est devenue au XXème siècle, une fête
quasi nationale en Suède.
Les origines de cette fête?
On ne sait trop comment, la Vierge martyre en 204 à Syracuse,
a conquis les Suédois depuis des siècles.
Selon une légende de la Province de Varmland, une légende
qui remonte loin dans le temps, le pays souffrait de la famine, du froid
et, surtout, d’une obscurité profonde. Sainte Lucie est, alors,
apparue au cours de la nuit, la plus longue, la plus noire de l’année,
irradiant sa lumière, apportant des provisions. Depuis lors, la
“Santa Lucia” est célébrée le 13 décembre,
date de la nuit la plus sombre...
La fête se célèbre dès l’aube. Comme il
fait complètement nuit, il faut allumer des chandelles. A partir
du XIXe siècle, on voit apparaître dans le cadre de cette
fête nationale, une jeune fille vêtue de blanc et portant sur
la tête une couronne de chandelles allumées, formant un halo
de lumière.
Il y a bien ce jour-là dans tous les coins du pays, quelques
milliers de jeunes filles vêtues de la longue robe monacale blanche
et portant sur la tête la couronne-bougies de Lucia, qui défilent
aux sons de la célèbre mélodie napolitaine “Santa
Lucia”.
Au Liban, à défaut de “Santa Lucia”, les Libanais ont
reçu cette année une facture d’électricité
mirobolante.
A la suite de la publication, la semaine dernière, dans les
“Saturnales”, de l’“Electricité qui s’envole”, des dizaines de citoyens
ont téléphoné pour confirmer ces dires. Les factures
ont dépassé souvent le million et demi de livres libanaises
pour les mois d’été. Mois, où nombre de ces interlocuteurs
se trouvaient en villégiature, ailleurs que dans leur domicile beyrouthin.
Et pourtant, la réponse à leurs réclamations: “payez,
puis protester”.
Le célèbre “PPP”, sinon plus de lumière...!
***
LE DIPLOMATE DU IIIème MILLÉNAIRE
“Nous n’avons pas le monopole des idées,” déclare l’ambassadeur
des Etats-Unis à Paris, M. Felix Rohatyn, au cours d’une rencontre
avec la presse en France.
Au même moment, Hubert Védrine, le chef de la diplomatie
française, envoie un message à tous les représentants
de la France dans le monde, leur déclarant que le temps des diplomates
de carrière semble révolu en France: les ambassadeurs comme
leurs homologues américains, devront désormais avoir une
expérience professionnelle extérieure au Quai d’Orsay, être
de très bons économistes qui savent “vendre” la France, capables
de surfer sur Internet et être des experts en économie politique.
“Certains postes de responsabilité de ce ministère, notamment
ceux qui sont le plus en contact avec l’extérieur, ne doivent être
confiés qu’à ceux d’entre vous ayant eu une expérience
de mobilité externe” a affirmé Hubert Védrine.
“La mobilité loin d’être un frein à l’avancement,
devra devenir un facteur de valorisation des carrières”, a renchéri
le ministre des A.E.
Le profil du nouveau diplomate français est calqué sur
celui de son homologue américain. Nombreux sont les chefs de chancellerie
américains dont le parcours est émaillé d’expériences
professionnelles.
Richard Holbrooke, 56 ans, artisan de l’accord de Dayton pour la Bosnie-Herzégovine,
a ainsi partagé sa vie entre la diplomatie et les banques de Wall
Street.
Le nouvel ambassadeur des USA à Paris, Felix Rohatyn, est un
banquier ayant fait carrière chez Lazard Frères, un des établissements
bancaires les plus prospères de Wall Street dont il est “Senior
Partner”.
***
L’ÉCONOMIE L’EMPORTE SUR LA POLITIQUE
Le modèle américain a beaucoup inspiré le ministre
français des Affaires étrangères, pourtant lui-même
un pur produit de l’ENA. Il s’en est expliqué au cours d’une conférence
des ambassadeurs français: “Il y a aujourd’hui une seule grande
puissance, les Etats-Unis d’Amérique” a-t-il souligné.
Ce n’est donc pas par hasard si l’un des principaux thèmes de
travail choisis pour les ambassadeurs a été la diplomatie
américaine.
“La Carrière (C majuscule) va devoir évoluer”, a expliqué
M. Védrine.
“L’évolution du monde étant ce qu’elle est, on exigera
de plus en plus de vous que vous soyez animés d’un véritable
esprit d’entrepreneur. L’ambassadeur doit être le “manager” polyvalent
de l’influence française dans son pays de résidence et contribuer
à la conquête de parts de marché”, a-t-il poursuivi.
Cette franchise désarmante de Hubert Védrine a étonné
ses interlocuteurs.
L’organisation de la Coupe du monde du football, l’année prochaine,
sera l’occasion pour les ambassadeurs français de s’exercer à
leur nouveau rôle.
Michel Platini, co-président du comité organisateur de
la Coupe, est venu spécialement pour prodiguer de précieux
conseils aux ambassadeurs avant de rejoindre leur poste.
A quand le changement du programme du concours du ministère
des Affaires étrangères libanais qui est encore au stade
du “bachotage” et auquel une simple pression sur un bouton d’ordinateur
peut donner les réponses?
A quand la nouvelle promotion de diplomates libanais? Jeunes, modernes,
décontractés, sachant manipuler l’ordinateur, ayant des connaissances
du football ou du basket-ball, sachant distinguer “Le Choeur des Hébreux”
du sionisme international, connaissant l’auteur de “To be or not To be”,
pouvant évoluer sur une piste de danse, capables de porter un toast
sans tomber dans la surenchère politique?
A quand?
***
159 SUR 192... DERRIÈRE BEYROUTH, 33 CAPITALES...
Vancouver est la ville “la plus agréable à vivre pour
un expatrié”, selon Corporate Ressources Group, dont le siège
à Genève a rendu publique son étude annuelle sur 192
villes qui sert de référence à de nombreuses sociétés
ayant du personnel expatrié.
Beyrouth a été classé 159ème, c’est-à-dire
parmi les 35 dernières. Cela porte un coup à l’égo
libanais qui s’imagine, surtout ces temps-ci, que la vie au Liban et principalement
dans la capitale, est proche de la vie au paradis.
Après Beyrouth, consolons-nous, il y a Téhéran,
Damas, Saint-Pétersbourg, San Salvador, Tirana, Moscou, Minsk, Lagos,
Alger (avec tous les massacres), Tripoli, La Havane... qui précèdent
quand même Sanaa, Kinshasa, Bagdad et Brazzaville.
L’étude tient compte de 42 critères, ayant trait à
la stabilité politique, l’économie, aux services de santé,
aux loisirs, à l’éducation, aux facilités de transports,
à l’environnement, au rapport qualité / prix, à la
politesse, l’accueil, la courtoisie, le bruit etc...
Les dix villes les plus agréables et faciles à vivre
sont, après Vancouver: Toronto et Auckland, Zurich, Genève,
Melbourne, Sydney, Canberra, Helsinki, Vienne et Bruxelles...
C’est dire que le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande l’emportent
haut la main.
Que vont dire les Libanais chauvins?
Dès qu’il arrive aux journalistes de critiquer la saleté,
la pollution, l’absence de transports, les injustices flagrantes, la cherté
de vie, les Libanais profiteurs accusent les médias d’être
traîtres à la patrie.
Il est difficile de faire comprendre à cette nouvelle classe
d’“abrutis enrichis”, que l’on est pas traître envers le Liban, si
l’on n’aime pas la manière dont on est gouverné. Il leur
est difficile de comprendre qu’émigrer ne veut pas dire trahir.
Emigrer c’est préférer vivre ailleurs tout en aimant le Liban,
car on sent que pour l’instant, le Liban est invivable, sauf pour les bandes
et les mafias proches du pouvoir.
Plusieurs grandes capitales ont un classement relativement moyen: Paris
arrive 28ème, Tokyo 30ème, Washington 32ème, Londres
33ème, Berlin 38ème et Rome n’est que 65ème... Tout
de même dans le premier tiers!
Les villes scandinaves sont parmi les vingt premières villes
où il fait bon vire: Copenhague, Amsterdam, Berne, Munich, Dusseldorf,
Stockholm, Oslo, Brisbane, Francfort, Luxembourg, Hambourg...
Le Caire occupe la 115ème place. Ce n’est pas mal, après
tout ce que font les intégristes!
Alors, Libanais, il faut revoir votre vision du paradis. Car Beyrouth
ressemble davantage au “Paradis Perdu” qu’au jardin de l’Eden!
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