SIX PRINCIPALES RÉALISATIONS
M. Barbir énumère, d’abord, les six principales réalisations
de son ministère: réhabilitation et rééquipement
des écoles, refonte des programmes, élaboration d’un système
pour l’enseignement combiné (deux jours à l’école
et trois jours sur le marché de l’emploi), recyclage des enseignants,
projet de construction de quinze écoles, accords locaux et internationaux.
En ce qui concerne la réhabilitation des établissements
scolaires, le ministère a équipé 326 écoles
de computers. De plus, il a été décidé en vertu
d’un accord conclu avec le CDR et la Banque Mondiale, de prélever
une partie du prêt consenti par cette dernière, aux fins de
procéder à la restauration de l’école hôtelière
de Dékouaneh et à l’agrandissement de l’école professionnelle
de Tripoli.
Le ministère a mis au point le cahier des charges en vue de
l’équipement des installations de Bir Hassan (mécanique,
industrie, topographie) et de l’achèvement de l’équipement
de l’usine mécanique de Dekouaneh. Ce dossier a été
transmis au CDR, qui le communiquera au délégué du
ministère français des Finances qui assurera le financement
de ce projet, suivant le protocole libano-français de 1995.
Le ministère a établi, en coordination avec des experts
allemands, le cahier des charges pour la fourniture de l’équipement
nécessaire aux écoles professionnelles s’inscrivant dans
le cadre du projet de l’enseignement combiné. Il a affecté,
à cet effet, 600 millions de livres, contre un montant équivalent
de la part des Allemands. Il est procédé, actuellement, à
une adjudication pour l’achat d’équipements à répartir
entre quatre centres pour l’enseignement combiné.
PRÉPARATION DES PROGRAMMES
Le ministère a signé un contrat en vue de la préparation
et de l’évolution des programmes de l’enseignement professionnel
et technique avec une société pour les recherches scientifiques
et la planification. Une commission a été constituée
en vue de suivre la réalisation du projet. Des commissions formées
de cinquante spécialistes ont, également, été
chargées de superviser les travaux depuis avril dernier, ces derniers
devant être terminés en février 98. On s’attend à
la publication de la première copie des nouveaux programmes de BT
au début de l’an prochain.
Le ministère est tombé d’accord avec des experts français
et le CDR, en vertu du protocole général libano-français
conclu en 1996, aux fins de mettre au point des programmes d’enseignement
pour de nouvelles spécialisations et de doter les centres de formation
de machines et d’équipements permettant aux étudiants de
s’initier à de nouvelles techniques exigées par le marché
de l’emploi.
En coopération avec des experts allemands, des commissions qualifiées
du ministère, élaborent des programmes pour l’enseignement
combiné. Ceux des première et seconde années ont été
achevés, ceux-ci devant être appliqués dans quatre
centres: l’Institut technique et professionnel de la Békaa, l’école
de Saïda, celles de Tripoli et des arts et métiers de Dékouaneh.
RECYCLAGE DU CORPS PROFESSORAL
Le ministère a entrepris d’organiser des cycles de formation
et de recyclage successifs à l’intention du corps professoral de
l’enseignement technique et professionnel à l’Institut technique
et pédagogique.
De plus, il a achevé les préparatifs pour les cycles
d’été 97, en coopération avec des experts français
en la matière.
Quant au projet relatif aux nouvelles écoles, les services qualifiés
du ministère ont terminé l’étude des plans et devis
de quinze écoles dont le Fonds arabe pour le développement
social et économique (FADES) assurera le financement. Les études
ont été communiquées à la Cour des comptes
depuis plusieurs mois; elles s’y trouvent encore...
ACCORDS LOCAUX ET INTERNATIONAUX
Au plan local, le ministère a signé un accord avec le
ministère du Travail et l’Institut national de l’emploi, à
l’effet d’élaborer des programmes et des projets de formation et
d’entraînement pour les différentes spécialisations
dont a besoin le marché de l’emploi.
Un accord signé avec l’Unesco prévoit une collaboration
dans les domaines suivants: élaboration de programmes pour l’entraînement
du corps enseignant, établissement d’une carte pour l’enseignement
professionnel et l’accueil d’experts de cet organisme spécialisé
de l’ONU.
Un accord avec la République arabe syrienne comporte l’échange
scientifique et technique entre les deux pays, des enseignants libanais
étant appelés à participer à des cycles de
formation en Syrie et vice-versa; des conférences seront données
de part et d’autre. Dans ce cadre, le ministère de l’Enseignement
professionnel et technique a pris part à l’ouverture de l’exposition
des instituts professionnels à Damas début mai 1997, une
aile de cette exposition ayant été réservée
aux réalisations des instituts professionnels publics au Liban.
Des études et concertations ont lieu, actuellement, en vue de
préparer un projet de prêt à contracter avec la Banque
mondiale et l’Union européenne.
Une commission logistique a été formée de spécialistes
choisis en dehors du ministère, à l’effet d’aider à
l’exécution de projets, en coopération avec le CDR et la
Banque mondiale.
Un accord de coopération a été signé avec
la République tunisienne en vue de l’échange scientifique
et des expériences dans le domaine de la réhabilitation professionnelle.
Dans ce cadre, une délégation du ministère s’est rendue
à Tunis aux fins de prendre connaissance des réalisations
du département de l’Equipement et du Travail.
MANQUE DE STATISTIQUES MINUTIEUSES
- De quel nombre de techniciens et de professionnels le Liban a-t-il
besoin?
“Le ministère manque de statistiques minutieuses sur base desquelles
il peut planifier pour l’étape future, surtout en ce qui concerne
le marché de l’emploi et son évolution. Nous disposons de
certaines études autour des orientations économiques, des
entreprises industrielles et des spécificités des forces
ouvrières qui y sont attachées.
“En ce qui concerne le produit local, le secteur du commerce, de la
restauration et de l’hôtellerie viennent en tête avec une proportion
de 29%, suivis des services gouvernementaux (21%), les autres secteurs
se répartissant le reste (9%).
“Quant à la répartition des ouvriers par secteurs, elle
s’établit comme suit: industries alimentaires et agricoles, 21%;
boulangeries et pâtisseries, 13,5%; industries métallurgiques,
13,5%; industrie des vêtements, 13,5%; industrie du mobilier, 16%.
“Ces chiffres donnent une idée des besoins du pays en techniciens
et professionnels dans les différents secteurs. Cependant, bon nombre
d’entreprises industrielles sont familiales, 70% d’entre elles employant
moins de cinq ouvriers, la majeure partie d’entre elles ayant à
leur service moins de vingt salariés.
“Il importe donc d’établir des statistiques minutieuses autour
des grandes entreprises, pour se faire une idée exacte de leurs
besoins en personnel spécialisé à l’avenir. Ceci est
lié à la politique de l’Etat visant à encourager certains
secteurs productifs.”
COORDINATION ENTRE LES TROIS MINISTÈRES
DE L’ENSEIGNEMENT
- Jusqu’à quel point votre ministère dispose-t-il
du droit d’élaborer une politique de l’enseignement autonome?
“On ne peut parler d’une politique de l’enseignement autonome, que
ce soit au ministère de l’Enseignement professionnel et technique,
au ministère de l’Education et au ministère de la Culture
et de l’Enseignement supérieur, car l’éducation et l’enseignement
constituent la structure fondamentale pour l’édification du pays
aux plans économique, social et culturel.
“Les trois ministères précités œuvrent entre eux
en parfaite coordination, preuve en est que lorsque les nouvelles structures
de l’enseignement au Liban ont été élaborées,
les commissions de planification et de supervision comprenaient des représentants
du ministère de l’Enseignement professionnel et technique. De fait,
on a transposé l’enseignement général à l’enseignement
professionnel et technique et vice-versa.
“De même, il existe un accord sur une politique pédagogique
unique par rapport à la généralisation de l’enseignement
des langues arabe, anglaise et française, de même que du computer.
Puis, certaines matières ont été introduites dans
l’enseignement général ayant le caractère de l’orientation
professionnelle, telle la matière de la technologie.”
ORIENTATION PROFESSIONNELLE
- On dit que le ministère de l’Enseignement professionnel
et technique supervise les écoles dont les diplômés
grossissent le nombre des chômeurs...
“Le contraire est plutôt vrai. En effet, les écoles de
l’enseignement professionnel ne forment pas suffisamment d’éléments
pouvant répondre aux besoins du marché de l’emploi.
“Toujours est-il qu’un problème se pose au plan de l’orientation,
en ce sens que beaucoup de jeunes s’orientent vers les spécialisations
des services et leur nombre excède souvent les besoins du marché.
Il est nécessaire d’entreprendre des campagnes intensives à
l’effet d’orienter les étudiants vers d’autres spécialisations.
“Ainsi, 2.103 étudiants ont opté pour les sciences commerciales
et présenté les examens d’admission pour l’année courante,
alors que 1.509 autres se spécialisent dans la programmation des
comptes, 57 dans les spécialisations industrielles importantes,
telle la branche du conditionnement de l’air, 131 pour la mécanique
automobile.
“Il s’agit donc d’un problème de spécialisations et non
d’enseignement professionnel.”
LE SOUS-DÉVELOPPEMENT REMONTE À
1943
- On dit que vous faites partie du Cabinet Hariri grâce au
chef du gouvernement; que vous vous êtes opposé au relèvement
du prix de l’essence et que vous auriez été évincé
si M. Hariri avait pu remanier l’équipe ministérielle...
“Je voue respect et affection au président Hariri, mais je ne
lui suis pas redevable de ma présence au gouvernement. Cela ne signifie
pas que je sois un opposant. En réalité, je prends position
en faveur de l’intérêt supérieur du pays.
“Quant au remaniement ministériel, c’est une question dépassée
maintenant. Je suis persuadé du fait que la situation socio-économique
ne peut être traitée par un remaniement du Cabinet, mais par
un projet économico-socio-culturel et de développement, surtout
concernant les régions négligées.
“Il y a lieu de préciser, à ce propos, que le sous-développement
dont pâtissent la Békaa, le Akkar et d’autres régions
n’est pas d’hier; il remonte à 1943 et avant cette date. Le gouvernement
actuel ne peut donc assumer la responsabilité de la situation dans
ces districts.”
- Vous êtes parmi les opposants au relèvement du prix
de l’essence, bien que ceci soit à la base du projet élaboré
par le président Hariri. Etes-vous contre ce projet?
“J’avais une attitude réticente au Conseil des ministres, à
l’égard du “Plan du milliard”, dont le montant a été
réduit à 800 millions de dollars. Toutefois, j’ai approuvé
l’affectation de 200 millions de dollars à des projets de développement
à réaliser dans les régions déshéritées
de la Békaa et du Akkar et au processus du retour des déplacés.
D’autant plus que 100 millions de dollars sont alloués au ministère
de l’Enseignement professionnel et technique. Mais je me suis opposé
à l’imposition de 5000 L.L. sur le bidon d’essence, ce chiffre étant
élevé, le citoyen ne pouvant en supporter la charge.
NON AUX SURCHARGES FISCALES
“Un sondage d’opinion m’a révélé que les diverses
catégories sociales s’opposent à cette augmentation. Par
contre, j’approuve le relèvement du prix de l’essence à 3000
L.L., ceci constituant une source de recettes pour le Trésor. En
approuvant le projet Hariri, je suis contre toute surcharge fiscale imposée
aux classes moyenne et pauvre.”
- Que pensez-vous du gouvernement en tant que journaliste?
“L’action gouvernementale est le reflet de la situation générale
du pays. En régime démocratique, il est rare de trouver une
contradiction entre l’action gouvernementale, la situation politique et
socio-économique. Malheureusement, la vie politique au Liban ne
se fonde pas sur des bases saines. Elle est influencée par les divers
courants représentant dix-huit communautés et conditionnée
par les intérêts personnels. Cette situation dégradante
s’accentue par l’absence des partis qui peuvent contribuer à réactiver
la vie politique. Je préconise la reprise du rôle des partis
politiques, - la plupart ayant été abolis durant la guerre
- ou la constitution de nouveaux rassemblements qui, à l’instar
des partis, contribueraient à réactiver la vie politique.
Evidemment, il y a loin entre le rêve et la réalité.”
NON À LA NOMINATION DES CONSEILLERS
MUNICIPAUX
- Le principe des nominations consigné dans le projet d’amendement
de la loi sur les municipalités est au centre d’une vive controverse.
Qu’en pensez-vous?
“Je désapprouve le principe de la nomination, car elle contredit
le système démocratique qui doit être à la base
de nos décisions. La loi sur les municipalités aura des conséquences
négatives ou positives sur le pays qui a vécu vingt ans de
guerre, accompagnées de déséquilibres politiques et
socio-économiques.
“Nous ne pouvons pas dénoncer certains articles de cette loi,
sans tenir compte de l’occupation israélienne, ni élaborer
une loi exemplaire, sans que le processus du retour des déplacés
soit achevé. Durant cette période transitoire, nous payons
le tribut de la guerre.”
- Vous avez rencontré M. Abdel-Halim Khaddam, vice-président
syrien. Quelle est son attitude envers nos conflits internes?
“La rencontre avec M. Khaddam m’a permis de passer en revue les questions
tant locales que régionales. Dans sa vision des problèmes,
le Pouvoir syrien agit selon une échelle de priorités.
Nos problèmes internes ne figurent pas parmi ses préoccupations.
Mais certains problèmes doivent être réglés
a priori par le Pouvoir syrien.”
- Un sommet libano-syrien serait-il imminent?
“En réalité, personne ne sait quand ce sommet aura lieu.
Les pourparlers et la coordination se poursuivent à tous les niveaux
entre les parties libanaise et syrienne. Le sommet se tiendra lorsque
les deux présidents le jugeront nécessaire.”