Au
terme de ses entretiens à Beyrouth, M. Martin Indyk, sous-secrétaire
d’Etat US pour les affaires du Proche-Orient, a déclaré qu’il
avait pour mission “de réactiver les négociations de paix
arabo-israéliennes sur tous les volets.” Ce qu’ont répété
tous les émissaires américains. Mais aucun d’eux n’a, jusqu’ici,
éclairé notre lanterne quant au moyen pratique auquel ils
comptent recourir pour atteindre cet objectif. Notre photo: Le général
Lahoud en conversation avec M. Indyk.
Quelques semaines
après Mme Madeleine Albright, son adjoint pour les affaires du Proche-Orient,
M. Martin Indyk, est venu cette semaine à Bey-routh - après
Tel-Aviv, Ramal-lah, Amman et Damas - pour y mener des pourparlers visant
à relancer le processus de paix dans la région.
Pendant ce temps, le chef de la diplomatie américaine conférait,
séparément, avec M. Benjamin Netanyahu à Paris et
avec M. Yasser Arafat, à Londres dans le même but: réactiver
les négo-ciations palestino-israéliennes.
M. Indyk a déclaré ici qu’il avait pour mission de relancer
le processus de paix sur tous les volets à la fois, tant palestino-israélien,
que syro-israélien et israélo-libanais. Avant lui, le coordonnateur
US, M. Dennis Ross avait tenu des propos similaires.
Comme on le constate, c’est toujours la même rengaine répétée
par M. Warren Christopher, Madeleine Albright et leurs adjoints et collaborateurs.
Ceci nous ramène à l’esprit le dicton libanais: “Ecoute
et tu te réjouis, mais à l’essai tu deviens morose”. Ou cet
autre qui s’applique mieux à la situation: “On entend le moulin
fonctionner sans jamais voir la farine”...
Il y a quand même pour le Liban un point d’acquis: le fait pour
les émissaires US de faire figurer Beyrouth sur leur itinéraire
proche-oriental. Cela prouve que Washington a fini par admettre la nécessité
d’inclure notre pays dans le cercle des concertations en cours, pour la
simple raison qu’il se trouve au cœur de la mêlée et au centre
du conflit régional.
Ceci est, sans nul doute, la conséquence de l’action en profondeur
entreprise par les groupes de pression libanais (ou libano-américains)
opérant dans la capitale fédérale, plusieurs délégations
les représentant étant venues chez nous au cours des derniers
mois.
Puis, il y a lieu de signaler la prise de position foncièrement
hostile au Cabinet Netanyahu adoptée derniè-rement par la
juiverie américaine, celle-ci ayant désavoué la politique
du Premier ministre israélien qui entrave l’instauration de la paix
au Proche-Orient. Partant de sa convic-tion que cette politique porte préju-dice
aux intérêts de l’Amérique dans cette région
du globe.
Cela dit, on est curieux de savoir ce que compte faire Washington pour
sortir le conflit israélo-arabe de l’impasse. Suffit-il que le président
Clinton refuse de recevoir “Bibi” à la Maison-Blanche pour l’amener
à changer d’attitude et à renoncer au système de la
douche écossaise dans l’espoir d’avoir l’adversaire, à l’usure
et d’imposer la paix à ses propres conditions?
Autre fait intéressant à signaler en marge de la visite
de M. Indyk à Beyrouth: le sous-secrétaire d’Etat n’a pas
caché la préoccu-pation de l’Administration américaine
quant à la persistance de la tension au Liban-Sud. De plus, il s’est
dit satisfait de la mission dont s’acquitte le groupe de surveillance de
la trêve, dont l’action à partir de Nakoura a réduit
le nombre des victimes parmi les populations civiles...
Enfin, un troisième sujet de satisfaction: les Etats-Unis se
soucient de renforcer le rôle de l’Armée libanaise, en aidant
à son rééquipement. Ce qui explique la visite de M.
Indyk à Yarzé et son long entretien avec le général
Emile Lahoud. |