D’autres sujets ont été abordés, tels la levée
des obstacles dressés par la Grande-Bretagne pour l’entrée
de l’Espagne dans la structure militaire intégrée de l’Otan
(par le règlement du différend sur la souveraineté
de Gibraltar), ainsi que les souhaits français pour l’intégration
dans l’Otan de la Slovénie et de la Roumanie suivies de la Bulgarie.
![]() Réunion de l’OTAN à Bruxelles.
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![]() Javier Solana, secrétaire général de l’Otan, félicite le ministre polonais des Affaires étrangères B ronislaw Geremek, à l’occasion de l’entrée de son pays, ainsi que de la Hongrie et Tchéquie dans l’Alliance. |
FEU VERT DE CLINTON
Un discours que l’on attendait déjà: celui du président
Clinton qui confirmait les prévisions relatives à la présence
américaine en Bosnie. Les Boys y resteront au-delà du 28
juin sans qu’une date-butoir soit fixée. En 1995, le président
américain avait annoncé leur retour un an plus tard. En 1996,
il a recommencé la même manœuvre, constatant avec amertume
que la paix demeurait fragile en Bosnie et qu’un éventuel départ
des troupes de l’Otan signifierait le retour de la guerre. Rien n’a changé
depuis et le secrétaire à la Défense, William Cohen,
a dû le suivre à contre-cœur, de même que les chefs
de l’armée.
La participation des troupes de la Sfor devrait naturellement baisser,
de 35.000 à 30.000. Et celle des GI, également, qui passeraient
de 8.500 à 6.000 ou 7.000, tous dotés d’une mission appelée
D-Force, prolongeant celle de la Sfor qui a succédé à
l’Ifor et serait plus mobile que celles qui l’ont précédée,
se déployant notamment dans les zones sensibles et à conflit.
En solidarité avec des Boys, le président Clinton a voulu
passer la journée du 22 décembre à leurs côtés,
débarquant à Sarajevo pour y rencontrer les membres de la
présidence collégiale, à Tuzla où se trouve
le quartier général des forces américaines.
Tout cet effort que consent la communauté internationale se
traduit-il sur le terrain? Le nettoyage ethnique semble consommé.
Les réfugiés ne sont pas rentrés chez eux et la traque
des criminels de guerre est toujours paralysée. Le président
Clinton voudrait donner un rôle accru aux Européens dans le
maintien de la paix en Bosnie pour assurer le désengagement américain.
Certaines voix européennes s’élèvent pour annoncer
une impasse certaine aux accords de Dayton conclus, il y a deux ans, sous
la baguette autoritaire de Richard Hollbrooke. Pourquoi continuer à
jouer le jeu de l’autruche? Laissez les gens se séparer à
l’amiable en donnant un Etat aux musulmans, en libérant les Croates
et les Serbes qui rejoindraient la mère-patrie.
Mais les Américains persistent: “Il n’y a pas d’alternative
à Dayton.”
LES CRIMINELS DE GUERRE DANS LES FILETS DE
L’OTAN
En quelque sorte ragaillardies par le consensus dégagé
quant à la prolongation de leur mission, les troupes de la Sfor
ont poursuivi la traque des criminels de guerre comme le prévoyaient
les accords de Dayton. Forces britanniques et néérlandaises
aidant, elles ont réussi à arrêter un Croate de Bosnie,
Vladko Kupreskic qui, après s’être défendu, a été
blessé de plusieurs balles. Transféré à La
Haye, il devra être jugé par le Tribunal pénal international
pour avoir commis des crimes en 1993 et persécuté des civils
musulmans en Bosnie centrale. Un second Croate l’a rejoint quelques heures
plus tard. Anton Furundzij, accusé des mêmes charges.
C’est la deuxième opération de la Sfor depuis le 10 juillet
dernier où des soldats britanniques avaient arrêté,
à Prijedor, un présumé criminel de guerre serbe et
causé la mort d’un second inculpé qui avait tenté
de se défendre.
Cinquante-deux Serbes et trois Croates accusés de crimes de
guerre sont toujours recherchés par la Sfor. Les plus importants
demeurent hors de portée: Radovan Karadzic qui vit dans une villa
à Pale et l’ancien chef des forces armées de la Republika
Sprska qui circule en toute impunité dans les rues de Belgrade.
La Russie se fait menaçante. Elle rejette la procédure qui
frappe, majoritairement, les Serbes et de même autant que les Serbes
de la RS qui avertissent: Ne touchez pas à Radovan Karadzic.
L’opération de la Sfor s’est déroulée sur fond
de polémique entre le procureur général du TPI, Louise
Harbour et la France soupçonnée de sympathie envers les Serbes.
Alain Richard, ministre de la Défense, avait dénoncé
“la justice spectacle” et refusé que des militaires français
apportent leur témoignage oral aux audiences du TPI. La tempête
soulevée par la position française fait planer le doute dans
les esprits: à quoi donc mènerait effectivement cette “justice
spectacle”?