UNE D-FORCE EN BOSNIE
L'OTAN POURSUIT SA MISSION

 
Le président Clinton s’est rendu le 22 décembre en Bosnie.
La semaine passée a été chargée pour l’Otan. Les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance atlantique ont signé, le 16 décembre à Bruxelles, les protocoles d’adhésion de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie qui consacrent leur entrée dans l’Otan en 1999. Ils ont, en outre, donné leur feu vert pour le maintien d’une force de paix en Bosnie au-delà du 28 juin 1998.

D’autres sujets ont été abordés, tels la levée des obstacles dressés par la Grande-Bretagne pour l’entrée de l’Espagne dans la structure militaire intégrée de l’Otan (par le règlement du différend sur la souveraineté de Gibraltar), ainsi que les souhaits français pour l’intégration dans l’Otan de la Slovénie et de la Roumanie suivies de la Bulgarie.
 

 


Réunion de l’OTAN à Bruxelles.
 

 


Javier Solana, secrétaire général de l’Otan,
félicite le ministre polonais des Affaires étrangères B
ronislaw Geremek, à l’occasion de l’entrée de son pays,
ainsi que de la Hongrie et Tchéquie dans l’Alliance.

 

FEU VERT DE CLINTON
Un discours que l’on attendait déjà: celui du président Clinton qui confirmait les prévisions relatives à la présence américaine en Bosnie. Les Boys y resteront au-delà du 28 juin sans qu’une date-butoir soit fixée. En 1995, le président américain avait annoncé leur retour un an plus tard. En 1996, il a recommencé la même manœuvre, constatant avec amertume que la paix demeurait fragile en Bosnie et qu’un éventuel départ des troupes de l’Otan signifierait le retour de la guerre. Rien n’a changé depuis et le secrétaire à la Défense, William Cohen, a dû le suivre à contre-cœur, de même que les chefs de l’armée.
La participation des troupes de la Sfor devrait naturellement baisser, de 35.000 à 30.000. Et celle des GI, également, qui passeraient de 8.500 à 6.000 ou 7.000, tous dotés d’une mission appelée D-Force, prolongeant celle de la Sfor qui a succédé à l’Ifor et serait plus mobile que celles qui l’ont précédée, se déployant notamment dans les zones sensibles et à conflit.
En solidarité avec des Boys, le président Clinton a voulu passer la journée du 22 décembre à leurs côtés, débarquant à Sarajevo pour y rencontrer les membres de la présidence collégiale, à Tuzla où se trouve le quartier général des forces américaines.
Tout cet effort que consent la communauté internationale se traduit-il sur le terrain? Le nettoyage ethnique semble consommé. Les réfugiés ne sont pas rentrés chez eux et la traque des criminels de guerre est toujours paralysée. Le président Clinton voudrait donner un rôle accru aux Européens dans le maintien de la paix en Bosnie pour assurer le désengagement américain. Certaines voix européennes s’élèvent pour annoncer une impasse certaine aux accords de Dayton conclus, il y a deux ans, sous la baguette autoritaire de Richard Hollbrooke. Pourquoi continuer à jouer le jeu de l’autruche? Laissez les gens se séparer à l’amiable en donnant un Etat aux musulmans, en libérant les Croates et les Serbes qui rejoindraient la mère-patrie.
Mais les Américains persistent: “Il n’y a pas d’alternative à Dayton.”

LES CRIMINELS DE GUERRE DANS LES FILETS DE L’OTAN
En quelque sorte ragaillardies par le consensus dégagé quant à la prolongation de leur mission, les troupes de la Sfor ont poursuivi la traque des criminels de guerre comme le prévoyaient les accords de Dayton. Forces britanniques et néérlandaises aidant, elles ont réussi à arrêter un Croate de Bosnie, Vladko Kupreskic qui, après s’être défendu, a été blessé de plusieurs balles. Transféré à La Haye, il devra être jugé par le Tribunal pénal international pour avoir commis des crimes en 1993 et persécuté des civils musulmans en Bosnie centrale. Un second Croate l’a rejoint quelques heures plus tard. Anton Furundzij, accusé des mêmes charges.
C’est la deuxième opération de la Sfor depuis le 10 juillet dernier où des soldats britanniques avaient arrêté, à Prijedor, un présumé criminel de guerre serbe et causé la mort d’un second inculpé qui avait tenté de se défendre.
Cinquante-deux Serbes et trois Croates accusés de crimes de guerre sont toujours recherchés par la Sfor. Les plus importants demeurent hors de portée: Radovan Karadzic qui vit dans une villa à Pale et l’ancien chef des forces armées de la Republika Sprska qui circule en toute impunité dans les rues de Belgrade. La Russie se fait menaçante. Elle rejette la procédure qui frappe, majoritairement, les Serbes et de même autant que les Serbes de la RS qui avertissent: Ne touchez pas à Radovan Karadzic.
L’opération de la Sfor s’est déroulée sur fond de polémique entre le procureur général du TPI, Louise Harbour et la France soupçonnée de sympathie envers les Serbes. Alain Richard, ministre de la Défense, avait dénoncé “la justice spectacle” et refusé que des militaires français apportent leur témoignage oral aux audiences du TPI. La tempête soulevée par la position française fait planer le doute dans les esprits: à quoi donc mènerait effectivement cette “justice spectacle”?

 


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