Saturnale

Par MARY YAZBECK AZOURY  
SI L’ON OCTROYAIT LA NATIONALITÉ LIBANAISE AU PÈRE NOËL?
Une rapide enquête effectuée auprès de jeunes et moins jeunes Libanais a abouti au consensus, qu’il valait mieux pour le bien du Père Noël et le plus grand bien de tous les autres de s’abstenir de lui faire ce cadeau.
Pour nombre de personnes ce serait un cadeau empoisonné, car un Père Noël libanais n’apportera plus de cadeaux aux enfants, ne réalisera plus les vœux des plus grands et de tous ceux qui croient en lui.
Libanais, il deviendra cupide et c’est lui qui exigera des cadeaux, avant de taxer et surtaxer, non seulement ses compatriotes, mais tous ceux qui pourraient l’invoquer.
Mieux vaut garder les illusions et continuer à croire en ce Père Noël, citoyen du monde!
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L’HOMME DE L’ANNÉE?
En cette fin d’année, il est bon de dresser un bilan, d’établir une sorte de palmarès, sans couronne et sans distribution des Prix. Néanmoins qui sont les Libanais que leurs compatriotes ont le plus applaudi?
- Le patriarche Mar Nasrallah Boutros Sfeir, vient en tête des sondages.
Lui succèdent:
- Le Premier ministre Hariri. L’étonnant dans ce choix est qu’il émane, non de ses partisans déclarés (nous ne les avons pas consultés) mais de ses soi-disant détracteurs. Sous le couvert de l’anonymat, ils reconnaissent que Hariri a donné un prestige - longtemps oublié - aux Libanais. Qu’il a su se faire recevoir par les chefs d’Etat, ses homologues et tout ce qui compte sur la planète.
- Maître Mohsen Slim et Dr Paul Elie Salem, défenseurs des Droits de l’Homme.
- Pierre Hélou, qui a donné un nouveau panache à la Ligue Maronite.
Parmi les personnalités étrangères:
- Boutros Boutros Ghali, pour ses prises de position courageuses.
- Madeleine Albright et Martin Indyck pour leur persévérance. Dernier et non le moindre:
- S.S. le pape Jean-Paul II pour sa visite au Liban.

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MOUNA HRAOUI: POUR SON CLASSICISME
Une seule femme a trouvé grâce aux yeux des Libanais et Libanaises.
Mouna Hraoui...
Devine-t-on le pourquoi?
Pour sa coiffure classique, nette, distinguée et qui ne change pas. C’est devenu son image de marque.
Idem pour ses habits. Si au début du mandat de son époux, elle s’était laissée aller à quelques fantaisies (tenues écossaises de petit page, cols froufroutants et dentelés) vite, elle est retournée au chic et sobre.
C’est la seule à avoir réuni tous les suffrages.

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“CARTON ROUGE” POUR JOUMBLATT ET SANIOURA
Ceux qui ont recueilli le plus de critiques parmi jeunes, vieux, adultes, chrétiens, musulmans, druzes, hommes, femmes etc...
Vous avez su de qui il s’agit.
Walid Joumblatt et Fouad Sanioura.
Le cas Joumblatt?
Nos interlocuteurs se posent la question:
- Ou il est “responsable”. Donc il devrait être jugé. Ou il ne l’est pas et alors il devrait être destitué.
Le cas Sanioura est différent:
Tout le monde le hue, le conspue et pourtant ce n’est que “la voix de son maître,” qui lui, a été applaudi.
Etrange nature humaine qui approuve le premier et siffle le second, qui n’est que son bouc émissaire. Sans doute, Sanioura manque de charisme.
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L’HISTOIRE?
UN ÉTERNEL RECOMMENCEMENT
En page 346 de l’“Histoire du Liban contemporain”, Denise Ammoun écrit:
“(En 1929...) Le secteur privé au Liban est atteint et les recettes douanières de l’Etat sont très réduites. Il aurait fallu alléger, d’une façon ou d’une autre le budget de l’Etat. Aucune mesure n’est adoptée. En revanche, les charges fiscales sont de plus en plus élevées. La population de la classe modeste et bourgeoise ne cache pas son  désespoir. Au mois de mars 1831, des manifestations agitent les rues de Beyrouth pour dénoncer l’augmentation invraisemblable des tarifs de l’électricité. C’est un premier signal, il y en aura d’autres. L’indifférence des hommes au pouvoir est notée au Haut-Commissariat et conforte la position des autorités mandataires, convaincues qu’au Liban les institutions et les dirigeants ne sont pas encore aptes à assumer une indépendance totale.”
On aurait pu écrire ces phrases aujourd’hui, sans crainte d’être contredit.
Mais hélas, il n’y a même pas aujourd’hui un “haut-commissariat“ pour constater la nullité du pouvoir.

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MAGNUM, JÉROBOAM, REHOBOAM OU MATHUSALEM?
Des noms qui s’étalent partout en ces temps de fêtes de fin d’année, mais dont beaucoup ignorent la signification.
Alors portons un toast à tous les Libanais en leur souhaitant de connaître une année meilleure que celle qui vient de passer, ce qui n’est pas trop difficile.
Vin: Un magnum? 1,5 (litre) c’est-à-dire deux bouteilles.
Un jeroboam 3 litres (4 bouteilles)
Champagne: 0,75 ou 0,80 (6 à 7 coupes)
Magnum: 1,6 (2 bouteilles)
Jeroboam: 3,2 (4 bouteilles)
Rehoboam: 4,8 (6 bouteilles)
Mathusalem: 6,4 (8 bouteilles)
Salmanesar: 9,6 (12 bouteilles)
Balthazar: 12,8 (16 bouteilles)
Nabuchodonosor: 16 (20 bouteilles)
(Le premier chiffre indique la quantité en litres)
Quoi que vous buviez, Joyeux Noël et Bonne Année 1998.


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