INCONSCIENCE ET CONSCIENCE |
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Les
amnistiés de la drogue ne sont pas contents, ni les députés
qui les représentent non plus. Ils protestent contre leurs droits
spoliés, leur respectabilité mise en doute, leurs ambitions
d’accéder aux plus hautes charges contestées.
Les amnistier collectivement, massivement et totalement n’était, semble-t-il à leurs yeux, qu’une simple mesure de justice qui leur était due. Mais vouloir les tenir à l’écart de la fonction publique est, par contre, un flagrant déni de justice et un viol grave des droits de l’homme. C’est du moins l’imparable logique dont nous a gratifié l’un des députés de Baalbeck-Hermel, dont je tairais le nom pour ménager la pudeur de ceux qui l’ont élu. A entendre ce député, notre Etat est pourri jusqu’à la moelle et ses diri-geants génétiquement en dégénéres-cence, non pas pour avoir libéré 31.200 trafiquants de drogue d’un seul coup, non pas pour avoir accordé une absolution plénière et un quitus total à des monstres qui vendent la mort jusque dans les classes primaires et aux portes des universités, non pas pour avoir multiplié la délinquance dans ce pays par 31.200, non pas pour avoir pris le risque de nous replacer sur la liste noire internationale comme l’un des pays-paradis des narcotiques - liste dont nous avions eu toutes les peines du monde à en sortir - mais pour hésiter à restituer à cette classe d’assas-sins la plénitude de leurs droits civiques. Qui dit mieux? D’après ce député, épris de justice, de sens moral et civique, il est scandaleux de refuser aux trafiquants de drogue - puisqu’ils sont amnistiés - le droit de postuler une fonction publique. Dans le ministère des Finances par exemple, dans la douane ou les FSI ou, mieux encore, dans la magistrature, à moins que ce ne soit dans l’Education nationale, les universités, les centres de formation pour jeunes. Et pourquoi pas dans l’Agriculture? Vraiment, on aura tout entendu, tout vu, tout enduré, non pas seulement de la part du gouvernement, mais aussi d’un parlement-malgré-nous où les quelques consciences qui surnagent sont submergées par la masse rampante d’une majorité de zombies qui ignorent jusqu’à la moindre notion de décence. Un proverbe libanais dit: “Ceux qui ont eu honte sont morts”. Dans ce cas, que nos parlemen-taires se rassurent, ils sont partis pour devenir centenaires. Cependant, l’horizon n’est pas, aussi sombre que celui qu’on entrevoit
à travers les mal-élus de la place de l’Etoile. Surtout,
quand cette lueur d’espoir est le fait d’un dignitaire religieux de haut
rang, au raisonnement clair et percutant et qui n’a pas l’habitude de mâcher
ses mots, ni de faire de la surenchère. Il s’agit de l’uléma
cheikh Mohamed Hussein Fadlallah.
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