LE MALHEUR UNIT... 

par EDOUARD BASSIL  
 
... C’est le cas de le dire, à l’occasion des prises de position des deux CGTL - «l’officielle» et «l’indépendante» - hostiles aux nouveaux impôts et surtaxes que le gouvernement se propose d’instituer, en vertu de «l’annexe 9» au projet de budget 98 dont l’examen a été entamé mardi à la Chambre.
D’ores et déjà, un fort courant s’est dessiné contre cette annexe, lors de son étude par la commission parlemen-taire des Finances et tout indique que l’attitude négative de ladite commission fera boule de neige sous l’hémicycle.
Mais revenons au mouve-ment contestataire des deux CGTL qui se sont prononcées en faveur des grèves, des manifestations - si ces dernières sont autorisées - et des sit-in devant le siège de l’Assemblée, place de l’Etoile, lors du débat sur la loi de finances.
Des milieux gouvernemen-taux conseillent aux centrales ouvrières de ne pas recourir aux moyens négatifs, mais par quels autres moyens peuvent-elles exprimer leur rejet des nouvelles surcharges, quand leurs appels se perdent comme autant de cris dans le désert?
Les gouvernants ignorent-ils qu’une personne dans la gêne est sourde à tout conseil? «Ventre affamé n’a pas d’oreilles», dit le proverbe. Malheureusement, les gens repus ne vibrent pas, en général, avec les gens démunis.
D’aucuns auraient tendance à pousser les responsables à user de la force, pour empêcher les manifestations et les sit-in et le Pouvoir pourrait agir, inconsi-dérément, dans ce sens.
Mais dit Joubert dans ses «Pensées»: «La force sans la justice est le plus affreux des malheurs».
Puissent les maîtres du Sérail méditer cette pensée du mora-liste français et agir en consé-quence.

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