“Le
bloc du Front de la lutte nationale ne votera pas le budget du déficit
social”, a déclaré M. Walid Joumblatt, ministre des Déplacés,
dimanche dernier. Deux jours plus tard, il conférait longuement
avec le chef du gouvernement et refusait de faire la moindre déclaration
en quittant le Sérail, surtout en ce qui concerne la position que
son groupe parlementaire allait adopter lors de l’examen, par l’Assemblée,
de la loi de finances...
Les déclarations
faites par des membres de l’Assemblée et certains ministres avant
l’examen du projet de budget 98, laissaient prévoir un débat
houleux sous l’hémicycle, d’autant que le Premier ministre n’a cessé
de dénigrer l’opposition et de l’affubler de qualificatifs désobligeants,
au cours de ses iftars quasi-quotidiens à Koraytem.
Dimanche, un membre du Cabinet, en l’occurrence le ministre des Déplacés,
Walid Joumblatt, a affirmé que le “bloc de la lutte nationale” (son
groupe parlementaire) ne voterait pas le “budget du déficit social”
(sic) n’ayant inclus aucun crédit, à l’intention des personnes
déplacées, dans les prévisions budgétaires
de l’année courante.
Et d’ajouter: “Je m’oppose à tout endettement destiné
soi-disant à régler le problème de ces sinistrés...
Et surtout, au prêt de deux milliards de dollars qui serait utilisé
pour édifier de nouvelles pyramides dont le pays n’a nul besoin.”
Si un membre en vue du Cabinet tient de pareils propos sur un ton sarcastique,
que peut-on attendre des détrac-teurs du Pouvoir?
On devait assister, en tout cas, à un débat particuliè-rement
électrisé autour de “l’annexe 9” prévoyant l’institution
de nouveaux impôts et surtaxes, contre lesquels le chef du Législatif
a déjà pris position.
Au cours des discussions instituées autour du projet de budget
dans la commission parlementaire des Finances, plus d’un député
a dénoncé les articles 40 et 41 dudit projet, relatifs aux
biens maritimes. L’un de ces articles confère au gouvernement le
droit de céder ces biens pour une durée de cinquante ans,
le prix du mètre étant établi selon les régions
du littoral.
“Il s’agit d’une mainmise et d’un acte de piraterie”, a dit M. Wadih
Akl, député du Chouf, qui a accusé certaines forces,
sous chaque régime “d’empê-cher l’application de la loi dans
ce domaine.”
Un exploitant d’un de ces biens a prétendu que 10 pour cent
de ces derniers sont gérés par des Libanais et les 90 pour
cent par des sociétés étrangères.
Le gouvernement justifie ces dispositions de la loi, par le fait que
l’exploitation des biens maritimes vaudra des rentrées substantielles
au Trésor.
Si l’institution de nouveaux impôts et taxes ou leur relèvement
contribuaient à améliorer les conditions de vie des citoyens,
on n’y trouverait pas à redire. Mais comme l’a si judicieusement
remarqué un député nordiste, M. Talal Méraabi,
“toute augmentation d’impôt ou de taxes doit être suivie de
nouvelles prestations sociales pour être acceptée par le contribuable.”
Nous terminerons par un nouvel appel de cheikh Soubhi Toufayli, promoteur
de la “révolte des affamés” qui demande à tous les
Libanais - et non plus aux seuls Baal-bakiotes - de ne pas acquitter les
impôts et taxes, “parce qu’ils sont imposés aux classes pauvres”... |