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Ainsi, le mufti de la Répu-blique, cheikh Mohamed Rachid Kabbani, s’est élevé contre l’intention prêtée au Pouvoir de vouloir supprimer les tribunaux chériés, lesquels ne peuvent faire l’objet de tractations, «parce qu’ils font partie de notre patrimoine.» Le chef spirituel de la com-munauté sunnite a encore ajouté: «Nous n’admettrons pas l’adop-tion du mariage civil, même facultatif, parce qu’il transgresse les concepts de l’Islam... Ce sujet doit être classé définitivement, car il affecte notre doctrine reli-gieuse à laquelle nous sommes fermement attachés. D’autre part, nous ne pouvons pas suivre l’exemple des sociétés occiden-tales dans ce domaine»... Cela dit et bien que le prési-dent Hraoui ait explicité le fond de sa pensée, en assurant qu’il n’était pas dans son intention de «laïciser» le Liban, ses projets pro-voquent une vive controverse au sein même des communautés is-lamiques, tant sunnite que chiite. En effet, un dignitaire de la se-conde communauté, en l’occur-rence l’uléma Mohamed Hussein Fadlallah, affirme que «la laïcité n’est pas contraire à l’Islam». Et que le mariage civil est toléré par la «charia» (la loi islamique). Dans une interview accordée à un hebdomadaire d’expression anglaise - «Mouharrer News» - sayed Fadlallah soutient: «La laïcité n’est pas synonyme d’athéisme et peut coexister avec la religion, comme c’est le cas dans les pays occidentaux, ces derniers étant de loin préférables à d’autres qui se prétendent musulmans», allusion à la Turquie où, observe-t-il, la laïcité est contre la religion». (On sait que le gouvernement d’Ankara vient de dissoudre le parti islamique «Refah»). Pour en revenir aux projets présidentiels relatifs à la révision constitutionnelle et à la refonde des statuts personnels, rappelons que le président Assad avait con-seillé à son homologue libanais, lors d’une rencontre en 1995, de temporiser et d’attendre des cir-constances propices pour soule-ver ces questions, le chef du Lé-gislatif ayant déclenché une cam-pagne contre les amendements de la Constitution, craignant qu’ils réduisent de deux ans la durée de son mandat. Par la suite, Damas avait re-commandé au Pouvoir (libanais) «de ne pas provoquer de contro-verses intérieures, au moment où l’unité des rangs face à l’ennemi israélien doit être le principal souci des gouvernants.» On ne s’explique donc pas l’insistance du président de la République à relancer ses projets à quelques mois des présidentiel-les. Se peut-il qu’il cherche «à redorer son blason au niveau de la rue chrétienne ou du moins à n’en plus se faire condamner et à en obtenir un quitus», comme l’insinuent certains observa-teurs? |