ACCOMPLISSEMENT DANS SA TOTALITÉ DE
NOS PLANS POUR 1996-97
- Nous nous interrogeons à l’orée d’une année
nouvelle sur ce qui a été accompli du plan de l’Organisme
arabe et sur ses prévisions pour l’an prochain?
“A vrai dire, nous sommes au début d’une nouvelle année
(de l’ère chrétienne) et non d’une année financière
qui commence en juin. Au cours des derniers mois, ont commencé à
apparaître les résultats des travaux réalisés
durant l’année écoulée.
“Les indices montrent l’accomplissement de la totalité du plan
établi pour 1996-97, avec un surplus de 125 pour cent par rapport
aux prévisions. Ceci est d’un bon augure, d’autant que nous persévérons
selon le même procédé en vue de faire évoluer
l’outillage et, partant, de pouvoir soutenir la concurrence avec les autres.
Dans le même temps, nous réduisons le coût de revient
et améliorons la qualité de nos produits, pour pouvoir assurer
de nombreux débouchés.”
- Qu’en est-il des projets les plus importants exécutés
par l’Organisme que vous présidez durant la période passée?
“En fait, nos projets ne sont pas limités par un délai.
Au cours de la dernière période, nous avons concentré
nos efforts sur les projets relatifs à l’infrastructure, en général
et l’infrastructure de base, parce qu’il s’agit de projets grandioses pouvant
contribuer au développement des différents secteurs en Egypte.
“Nous ne faisons pas la concurrence au secteur privé en ce qui
concerne les petits projets et nous nous attelons à l’exécution
de grands projets dans le domaine civil. Il ne fait pas de doute que nous
avons franchi une étape importante dans le domaine de la fabrication
d’équipements destinés aux stations pour le traitement des
eaux. Ainsi, nous avons livré une station ayant une capacité
de 4.000 mètres cubes par jour à la ville de Charm el-Cheikh.
C’est une station pour le dessalement de l’eau qui sera inaugurée
prochainement.
L’EAU, PRODUIT STRATÉGIQUE
“C’est une réalisation importante, car la goutte d’eau dans
la prochaine étape constituera un produit stratégique. Nous
prenons en considération le phénomène de la désertification
dans la région et la baisse des moyennes des eaux de pluie, alors
qu’augmente l’espace agricole et de la construction.
“Ceci montre l’importance des projets pour le dessalement de l’eau.
Au lieu d’utiliser les eaux du Nil en Egypte et de les acheminer vers les
régions désertiques proches de la mer, nous pouvons multiplier
les stations de dessalement de l’eau, ce à quoi nous nous consacrons
avec l’Organisme pour les complexes résidentiels et le ministère
égyptien de l’Habitat.
“Il existe un accord en vue de l’aménagement de plus de stations
d’eau et de réseaux d’égouts, au moyen de la technologie
égyptienne, en coopération avec les organismes de recherches
scientifiques, en général; ainsi qu’avec les universités.
“Nous avons étendu notre activité au secteur industriel
et à celui des usines spécialisées dans le traitement
des ordures ménagères et des déchets qui sont transformés
en engrais. Le mois dernier, nous avons livré l’une de ces usines
à la province d’Assiout en Haute Egypte. Cette usine est déjà
entrée en service et se distingue par un haut niveau de technologie.
Telles sont les réalisations de base qui représentent les
orientations générales de notre organisme.”
LES STATIONS FONCTIONNELLES DE L’O.A.A.
- Cela signifie-t-il que les sociétés privées
s’occupent de ce secteur?
“On n’a pas besoin de sociétés, car ce sont les usines
de l’Organisme arabe pour l’armement. La fabrique d’avion, par exemple,
est chargée de réaliser les stations de dessalement et de
traiter les eaux d’égouts. L’usine de moteurs se consacre à
la fabrication de petites stations; c’est la même qui a fabriqué
la station de Charm el-Cheikh, en plus de celle d’Al-Sakr et des trois
stations de l’organisme qui purifient l’eau potable, tout en traitant les
eaux d’égouts et du secteur industriel.”
- L’Egypte pourrait avoir moins besoin que beaucoup d’autres Etats
arabes de stations pour le dessalement de l’eau; votre organisme n’envisage-t-il
pas d’y exécuter de tels projets?
“Nous avons déjà commencé, effectivement, à
inclure les besoins des Etats arabes dans nos plans, d’autant que ces besoins
peuvent être satisfaits à travers des adjudications mondiales
auxquelles les firmes spécialisées peuvent prendre part.
“Nous avons tenté cette expérience et comme il s’agit
pour nous d’un nouveau domaine, nous ne nous attendons pas à réussir.
Notre objectif, au départ, est de prospecter le marché, tâter
le pouls et d’acquérir une expérience par rapport à
la gestion de ces adjudications, partant du fait que notre but est d’élargir
le champ de nos activités; d’ouvrir de nouveaux débouchés
à nos produits en dehors de l’Egypte, plus précisément
dans les pays arabes et africains, tout en exploitant nos expériences
dans le domaine industriel.
“Effectivement, nous avons pris part à une adjudication en Syrie
en vue de la construction de silos. Si nous n’avons pas réussi,
nous étions près de l’emporter, car nous nous sommes classés
en seconde position devant huit firmes mondiales.
“Nous avons considéré ce résultat comme une réalisation
importante, parce que c’était notre première participation
à une pareille adjudication. Nous espérons enregistrer plus
de succès à l’avenir, après le renforcement de nos
expériences dans ce domaine et, surtout, dans les industries stratégiques
qui sont la base.”
POURQUOI L’EXTENSION AU SECTEUR CIVIL?
- Cela nous incite à vous interroger sur le but ayant poussé
l’Organisme arabe pour l’armement à s’impliquer dans le domaine
des industries civiles...
“Comme on le sait, l’Organisme a été créé
en vue de fonder des industries militaires et non civiles. Mais maints
facteurs nous ont incités à entrer dans ce domaine, notamment
la dislocation de l’ex-Union soviétique et sa transformation en
Etats indépendants pâtissant de problèmes économiques.
Comme ces derniers n’avaient pas d’expérience dans le domaine de
l’industrie de guerre, notre organisme s’est adonné à l’exportation
des armes, en plus de l’étude du marché des armes lui-même
et de la baisse des ventes dans une certaine période.
“Ce marché se trouve sous l’emprise d’un nombre restreint de
pays: les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, la Chine,
Israël et d’autres encore, l’Etat hébreu ayant réussi
en raison de l’appui effroyable qu’il obtient de l’Occident et de sa capacité
à utiliser la technologie occidentale sans aucune restriction.
“La concurrence pourrait être féroce entre ces pays, car
les industries d’armements ont besoin d’importants investissements. Or,
les garanties de vente et d’exportation des armes assurent la récupération
des capitaux investis, en vue de faire évoluer la production et
d’envisager la fabrication d’autres armes.
POUR SOUTENIR LA COMPÉTITION AU PLAN
INTERNATIONAL
“Il était difficile, dans certaines circonstances, pour l’organisme,
de soutenir la compétition sur le marché international des
armes. L’arrêt de la production de matériel de guerre, aurait
signifié la perte des potentialités, comme des possibilités
techniques et humaines de notre organisme, sans que celles-ci soient compensées
par quoi que ce soit.
“Il fallait, en conséquence, pour préserver la possibilité
de la production militaire et des cadres techniques, persévérer
dans la recherche et l’évolution, en songeant à produire
d’autres équipements. Et ce, afin d’assurer d’autres ressources
pour permettre à l’organisme de poursuivre son activité et
maintenir au même rythme notre productivité.
“Il suffit pour parler de la dimension des possibilités requises,
de faire état de certaines sociétés d’armements qui
affectent 25 à 35 pour cent de leurs budgets à la recherche
et à l’évolution de leur technique, non à la fabrication.
“Puis, toutes les firmes spécialisées dans l’armement
disposent de plans de rechange et exploitent leurs potentialités
dans les industries civiles. Notre implication dans ces industries n’est
pas notre objectif, mais en vue de trouver des ressources susceptibles
de préserver notre activité principale, pour laquelle l’organisme
arabe a été créé, à savoir: la fabrication
de matériel militaire”.
RAPPORT ENTRE LES PRIX ET LA COMPÉTITIVITÉ
- Quelle est la position de l’organisme arabe pour l’armement sur
la carte de l’industrie en Egypte?
“Etant donné la nature de ses activités, l’organisme
ne peut négliger la qualité de sa production. Tous nos clients
ont constaté, après un certain temps, qu’en dépit
de la hausse de nos prix, nos produits durent davantage que les autres
en raison, justement, de leur qualité. De ce fait, nous avons pu
combler la brèche existant entre nos prix et ceux du marché
égyptien. Aussi, avons-nous réussi à nous imposer
et, aujourd’hui, notre organisme se situe à l’un des sommets industriels
en Egypte, auquel ont recours les grandes firmes ayant besoin d’une haute
technicité en perpétuelle évolution ou de pièces
de rechange qu’elles ne peuvent fabriquer elles-mêmes.”
- Nous avons l’impression que votre organisme s’occupe des lignes
de la production davantage que des produits eux-mêmes?
“C’est exact. Nous fabriquons les produits stratégiques, sans
nous intéresser aux produits de consommation, parce que le secteur
privé égyptien est capable d’assumer parfaitement ce rôle.
Puis, il existe une pléthore de produits et il faut laisser la concurrence
dans ce domaine au secteur privé. Les postes de télévision
sont l’unique article que nous avons fabriqué en tant que produit
de consommation. C’était un simple spécimen de la production
de la fabrique des équipements électroniques. Nous avons
décidé de persévérer dans cette voie, ainsi
que dans la fabrique des centraux électroniques.
“Cependant, nous contribuons à la fabrication de stations d’eau,
de machines pour l’embouteillage et de contenants de sucreries. Nous nous
intéressons, également, aux projets en rapport avec l’environnement.”
COMPLÉMENTARITÉ AVEC LE MINISTÈRE
DE LA GUERRE
- L’organisme arabe a-t-il participé, dernièrement,
aux expositions d’armes à Dubai ou en France?
“Nous n’y avons pas participé, pour la raison que ces expositions
ont axé leur objectif sur la présentation d’équipements
aériens relatifs aux avions. Mais rien ne nous empêche de
prendre part à certaines expositions où nous pourrions présenter
notre production, notamment les armes destinées aux forces terrestres.”
- Quelle est la nature de votre relation avec le ministère
de la production de matériel de guerre?
“Nous nous complétons l’un l’autre et travaillons en parfaite
coopération. Nous fabriquons, par exemple, les chars blindés
et le ministère supervise la fabrication des tanks. Nous fabriquons
des missiles type “Sakr” (“Sakr 36” et “Sakr 40”), alors que le ministère
fabrique des canons. Nous fabriquons, aussi, le système des missiles
anti-aériens portables sur l’épaule, tel “Ain As-Sakr” (œil
de faucon) et le ministère fabrique les munitions d’artillerie.
“Comme je l’ai dit, il existe une parfaite complémentarité
entre nous.”
LES MEILLEURS AUX PLANS DE LA QUALITÉ
ET DU PRIX
- Qu’y a-t-il de nouveau à propos du “char Fahd” connu pour
ses performances à l’échelle mondiale?
“Le modèle “Fahd 240” est doté d’une pièce d’artillerie
de 30mm., d’un armement anti-tank et d’une tourelle. C’est un véhicule
militaire rivalisant avec tous ceux fabriqués dans n’importe quel
pays et est considéré comme situé au summum de la
fabrication des blindés.
“Nous ne fabriquons pas toutes les espèces d’armes et nul n’est
en mesure de le faire, mais notre production est la meilleure et défions
n’importe quel fabricant d’armes de nous concurrencer au double plan de
la qualité et du prix, notamment en ce qui concerne le char “Fahd”.
- Quelles difficultés entravent l’augmentation des exportations
de votre organisme?
“L’exportation est soumise à maintes considérations:
aux besoins des Etats, à leurs politiques, à l’interdiction
de faire la concurrence à des fabricants de matériel de guerre
dans des pays ou des continents déterminés ou d’utiliser
la pression politique ou économique.
“La compétition est dure; maintes preuves le confirment. Certains
chefs d’Etat interviennent pour favoriser des transactions déterminées
et ceci n’a rien à voir avec la qualité.”
VERS L’EXTENSION DE NOS ACTIVITÉS À
TOUT LE MONDE ARABE
- Peut-on dire qu’en dépit de cette concurrence féroce,
l’organisme arabe est satisfait du volume de ses exportations?
“A vrai dire, je ne suis pas satisfait de la position des Etats arabes
par rapport à la production militaire et à l’échange
du marketing. Il est nécessaire d’élaborer une stratégie
arabe dans ce domaine. L’organisme arabe pour l’armement aurait pu répondre
aux besoins du monde arabe, du moins en grande partie, si des pays autres
que l’Egypte, l’Arabie séoudite, Qatar et l’Etat des émirats
arabes unis, y avaient adhéré.
“Dans ce cas, il aurait été possible de disposer d’un
avion de combat et d’un destroyer de fabrication arabe ou encore d’un satellite,
d’un char et d’un système d’artillerie arabes.”
- Y aurait-il des propositions déterminées visant à
réactiver la coopération arabe dans le domaine de la fabrication
du matériel de guerre?
“Nous devons nous ressaisir pour pouvoir réaliser ce que nous
n’avons pu accomplir dans le passé. Notre idée n’était
pas, au départ, de limiter notre activité à l’Egypte,
uniquement. Elle devait, au contraire se répartir entre tous les
Etats arabes. Tout le monde sait qu’en 1975, date à laquelle notre
organisme a été créé, il était question
de construire une fabrique pour les équipements électroniques
au royaume d’Arabie séoudite.
“Est-il besoin de souligner que la production sur une plus large échelle
et dans l’intérêt d’un certain nombre de pays, a des avantages
aux plans de la qualité, du prix et de l’évolution du matériel?
D’autant que la région arabe a une même nature: elle est désertique
et montagneuse, ayant une température élevée en été
et tempérée en hiver. Il n’y existe pas beaucoup de forêts,
ce qui aide à accroître la production.”
LA VOITURE ARABE À L’ÉTUDE
- Dans un précédent entretien à “La Revue du
Liban”, vous aviez fait part de votre intention de fabriquer une voiture
égyptienne; à quelle étape ce projet a-t-il abouti?
“Nous avons entamé, effectivement, ce projet. Mais dernièrement,
le ministère égyptien de l’Industrie a proposé une
coordination avec la Fédération des industries, en vue de
fabriquer une telle voiture.
“Le sujet a pris une dimension nationale et n’est plus limité
à une société ou à une usine. Nous sommes pour
la non-dispersion des efforts, contre l’émulation dans ce domaine.
Les études se poursuivent et on s’attend que cette voiture soit
fabriquée dans un délai de trois ans avec un prix compétitif,
tout en garantissant son écoulement en Egypte et dans les pays voisins.
Je peux certifier qu’elle sera de haute qualité.”
- Cela affecterait-il les produits de la société arabo-américaine
pour les voitures, l’une des filiales de l’organisme arabe?
“Pas du tout. Nous ne procédons pas seul au montage des voitures
“Cherokee”, mais en coopération avec la société “Chrysler”,
notre contrat avec cette dernière ayant été renouvelé
pour cinq autres années. Nous procédons, également,
au montage des voitures “Peugeot”.