![]() Franco Zeffirelli devant les dieux égyptiens qu’il a plantés sur scène. |
![]() “Aïda”, acte II, scène glorieuse marquant le retour de Radames, avec prisonniers et trophées, de la guerre qui s’est déroulée aux frontières éthiopiennes. |
Tout au long de ces journées magiques, il a eu la chance de rester
aux côtés de Franco Zeffirelli considéré aujourd’hui
comme l’un des plus grands cinéastes et scénographes contemporains.
Ses films “Jesus of Nazareth”, “Roméo et Juliette”, “Taming of the
Shrew”, “Hamlet”, “The Champ”, les opéras qu’il a mis en scène
“La Bohème”, “La Traviata”, “Othello”, “Pagliacci”, sont régulièrement
à l’affiche de La Scala de Milan, du Metropolitan Opera de New York.
C’est cet homme hors du commun qu’Yvan a vu à l’œuvre et dont
il a filmé les préparatifs dans un documentaire de 23 heures.
Il l’avait rencontré, il y a deux ans, avec son père Abdel-Halim
chez une amie, Roula Talj, qui l’avait invité pour la première
fois au Liban dans l’espoir de présenter à Baalbeck un de
ses opéras par une production conjointe des gouvernements libanais
et italien. Depuis, une amitié était née entre les
Caracalla et Zeffirelli. Et c’est tout naturellement que celui-ci fut invité
cet été à Baalbeck à l’ouverture du spectacle
“Andalousie, la gloire perdue”. Zeffirelli ne s’en est pas tenu là.
De retour en Italie, il a organisé en octobre une tournée
en Sicile à l’intention de la troupe Caracalla.
“À TRAVERS ZEFFIRELLI, UN OPÉRA
QU’ON N’A JAMAIS VU DANS SA VIE”
“Aïda” de Verdi dans la version de Zeffirelli a mis trois ans
pour voir le jour. Cet opéra avait été spécialement
conçu pour l’inauguration du nouvel Opera House de Tokyo, un théâtre
immense de 2.000 mètres carrés, 3.500 places et quatre étages,
avec des murs entièrement recouverts de boiseries qui dispensent
de l’usage d’un micro et s’insèrent dans un ensemble, techniquement
le plus perfectionné du monde.
“Pour son spectacle de 4h15, indique Yvan, Zeffirelli a tout inventé:
mouvements, changement de scène, décor. Il a fait construire
celui-ci dans les plus grandes maisons de décor d’Italie et a tout
fait transporter au Japon.”
Dans “les couleurs de la terre et de la nuit”, les temples égyptiens
ont été reproduits avec leurs hiéroglyphes (inscrits
partout jusque dans les moindres recoins invisibles des spectateurs, afin
de permettre aux acteurs de “garder le contact avec les réalités
du lieu”), leurs odeurs, leurs dieux de quinze mètres de hauteur
et leurs colonnes, onze, chacune de onze mètres.
“L’espace autour de la scène était encore plus grand
que celui de la scène de 30 mètres qui monte sous le regard
du spectateur et grandit en fonction du spectacle. A un moment donné,
300 personnes sont réunies sur scène avec des chevaux.
“Les costumes ont été signés par Anna Anni, une
Italienne de 70 ans, amie d’enfance de Zeffirelli qui habille la plupart
de ses opéras. Pour “Aïda”, elle a conçu 400 costumes
dont dix de différents registres portés par des soldats.
“Aïda” par Zeffirelli est un opéra comme on n’en a jamais
vu dans sa vie. La basse Carlo Colombara qui a chanté son rôle
quarante fois s’est montré très reconnaissant envers Zeffirelli
de l’avoir choisi pour jouer dans un tel spectacle”.