Qui ne connaît la désormais
– trop – célèbre Monica Lewinsky ? Pour les martiens,
ladite Monica est une des maîtresses présumées du président
américain Bill Clinton. Sortie d’on ne sait où mais allant
elle sait où ! Il ne s’agit pas de la dernière star
d’Hollywood. Quoique sa renommée n’ait aujourd’hui rien à
envier à une Madonna. Célèbre, elle l’est et bientôt
riche, très riche. C’est, sans aucun doute, une de ses nombreuses
motivations. Outre son excellente prestation dans le rôle de la vierge
effarouchée, Lewinsky s’est en effet souvenue de son “viol” après
coup, si l’on peut s’exprimer ainsi – la stagiaire de la Maison-Blanche
est très bien conseillée. Adroitement dirigée, Lewinsky
est pleinement exploitable, ce que n’a pas manqué de remarquer son
entourage. Le procureur général Kenneth Starr voue une haine
profonde à Bill Clinton et fait de ce litige, une affaire bien personnelle.
Car, en ces temps où un procès pour harcèlement sexuel
peut rapporter bien plus que des spéculations à la bourse
de Tokyo, la petite Monica ne perd, ni le nord, ni son sens des affaires.
Show devant !
Face à une France chaude qui pardonne, voire encourage les aventures
extra-conjugales, la réaction américaine a de quoi faire
rire. A juste titre. L’Amérique écartelée entre excès
et réserves, haines et passions. Car il s’agit bien de cela. D’une
aversion sans limite vouée au couple Clinton – et leurs écarts
de conduite – de la convoitise du pouvoir, pouvoir que ce duo infernal
monopolise depuis plus de cinq ans. Reste que le puritanisme, bien ancré,
sert de cheval de bataille à Kenneth Starr, grand républicain
devant l’éternel et à tous les déçus du règne
Clinton. Autrement plus important qu’une simple affaire de mœurs, c’est
le destin d’un homme, qui se joue ; du président de la plus
grande puissance mondiale. Loin de moi l’idée d’innocenter Bill
Clinton, d’autant qu’il ne s’agit pas là de la seule affaire dans
laquelle il ait trempé.
Revanche
Les Américains partent du principe – ingénu – que si
un dirigeant trompe son épouse, il ne peut qu’abuser son peuple.
Ce critère n’en est pas un. Nombre d’hommes fidèles se sont
révélés inaptes à diriger un pays. L’acharnement
se poursuit même après que la singulière Hillary, première
concernée, ait toléré, pardonné et épaulé
son mari. Ne dit-on pas ce que femme veut, Dieu le veut ? Pourquoi
alors ne pas laisser passer l’orage ? Parce que le couple présidentiel
a trop d’ennemis et ces derniers disposent de trop peu d’occasions. Sympathiques
ou non, les Clinton ont traversé des tempêtes ayant eu raison
de leurs détracteurs et achevant de les unir à jamais. Ils
doivent aujourd’hui payer le prix de leurs erreurs d’antan. C’est là
qu’il y a malaise. De récentes révélations confirment
des talents cachés chez la jeune Monica. Elle aurait fait chanter
son ex-boyfriend, avant de passer au niveau supérieur. Du
tout cuit donc ! Starr ne lésinant pas sur les moyens, Monica
tombe à point. Lorsqu’il patine dans l’affaire “Whitewater”, le
“Lewinskygate” est une aubaine pour qui manque d’éléments
nouveaux. Puisqu’on en est à croire les rumeurs, les anciens amants
de Monica, décrivaient leur partenaire comme une assoiffée
sexuelle ayant des penchants masochistes. C’est bien là le côté
malsain de l’affaire. Quand on assène des coups en dessous de la
ceinture, il faut être prêt à en encaisser.
Cyber corbeau
Le gouvernement Clinton a beaucoup œuvré pour les nouvelles
technologies et principalement, le développement des autoroutes
de l’information. Le Net s’est avéré ingrat face à
ceux qui ont contribué à sa démocratisation aux Etats-Unis.
En effet, le reproche fait au Réseau, est d’avoir semé la
rumeur qui s’est déversée comme une traînée
de poudre. Les médias américains se sont rués dessus
avec peu de scrupules et de soucis professionnels. Ni éthique, ni
vérification, ni contre-enquête ; le scoop à tout
prix ! Le Réseau a de nouveau joué un grand rôle
– de désinformateur cette fois – dans le “Monicagate”. Relayée
par le Net, la presse a largement puisé dans des sources aussi variées
que peu crédibles… Mais n’est-ce pas là l’apanage des mass
media et de la déferlante Internet ? Plus que tout, le
grand responsable est cette course au sensationnel. Le Web – à l’origine
des allégations compromettant le président – est devenu l’outil
même de la rumeur. Il fut un temps où, pour qu’elle se répande
il lui fallait traverser plusieurs étapes qui aurait tôt fait
de l’annihiler si elle s’avérait invraisemblable. Tandis qu’aujourd’hui,
dans notre monde interconnecté, “si c’est écrit, ça
doit être vrai”. Mais, de la même manière que la télévision
ne distille pas que des paroles d’évangile, loin s’en faut, Internet
et ses pixels noir sur blanc, lui donnant un aspect imprimé, donc
sérieux et rigoureux – sont à prendre avec des pincettes.
Nous sommes, bel et bien entrés dans l’ère de l’instantané,
les médias classiques, Washington Post en tête, ont
réservé l’exclusivité à leurs éditions
en ligne. Il ne faut pas pour autant sanctionner le Réseau des réseaux.
Ce n’est qu’un outil, l’utilisation que l’on en fait est une autre histoire…
Etoile… filante
L’apprentie-vedette joue le plus beau rôle de sa vie. Inespéré
pour une gamine dont le vide affectif lui fait faire des folies. Son manque
se traduit par des excentricités dont la dernière en date
fait désormais le tour du monde. Entre mytho et nympho, il n’y a
qu’un pas pour Monica. La superficielle croit avoir trouvé de la
consistance. Mais qu’importe lorsque la tempête sera passée,
elle pourra toujours vendre ses confidences à quelque éditeur
en mal de chiffres ou mieux, produire une série télé
éponyme. Admirant les brillantes étoiles de Sunset Boulevard
(à deux pas de chez elle), Lewinsky a voulu faire son cinéma.
Sa vie, tout droit sortie d’une série télé genre “Beverly
Hills”, est quelque peu monotone. Son piment s’appelle Clinton. Le reste
des ingrédients est là : le “Starr” en vedette, “Monica”
l’exotique torride et même les méchants, à l’instar
de Star Trek, les “Klingons”… On a presque envie de le plaindre, ce pauvre
Bill ! La vigueur de cet homme devrait flatter l’ego de ses concitoyens
; au lieu de cela, ils s’obstinent à l’inquisitionner. Mais il y
a évidemment les divergences idéologiques séparant
les démocrates et les républicains, ces derniers ne pardonnant
pas le libéralisme excessif de Mr President. Cette peu recommandable
affaire, ne fait que refléter l’état d’esprit de toute une
nation avec ses ambitions, ses guerres, son strass ; son star system,
pour ceux qui sont face aux projecteurs et son éternelle quête
du vedettariat pour les autres… les laissés pour compte des spotlights.
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