L'APOTHÉOSE À
NAGANO
POUR LES DERNIERS JEUX OLYMPIQUES DU SIÈCLE
Vingt-six ans
après Sapporo, le Japon est de nouveau le pays hôte et le
cœur battant de la fête mondiale de la neige et de la glace. Si le
caprice des cieux avec d’abondantes chutes de neige a sérieusement
perturbé le déroulement des premières épreuves
alpines, par contre la cérémonie d’ouverture s’est déroulée
sous un ciel serein et fut simplement grandiose.
La championne de patinage Midori Ito, au moment
tant attendu de l’allumage de la vasque olympique. |
Instant solennel: l’envoi des couleurs olympiques
qui flotteront pendant toute la durée des Jeux. |
DES RECORDS BATTUS AVANT L’OUVERTURE
Avant même que retentissent les trois coups (de gong) du bourdon
géant du temple de Zenkoji actionné au madrier par un bonze
mystique, la ville de Nagano est entrée dans l’Histoire pour être,
d’abord, le dernier rendez-vous olympique du millénaire mais, aussi,
pour avoir battu tous les records: 72 pays participants, 68 épreuves
programmées, 2.300 athlètes, des millions de téléspectateurs
dans 160 pays, 15 milliards de dollars de budget... Nagano est parvenue,
aussi, à concilier la tradition olympique et l’innovation. Ces Jeux
d’hiver resteront dans les annales comme ceux qui ont fait place au “snowboard”
(Surf des neiges) et aux hockeyeurs professionnels.
“Le monde regarde le Japon; alors mieux vaut montrer ce que l’on sait
faire”. Et c’est selon cette logique que les Japonais nous ont émerveillés
avec une cérémonie d’ouverture éblouissante, alliant
la tradition ancestrale à la technique la plus avant-gardiste, Nagano
étant surtout connue pour ses industries de précision.
Le militant contre les mines antipersonnel,
le Britannique Chris Moon, portant le flambeau olympique. |
L’empereur et l’impératrice du Japon saluant
le public.
A gauche, le président du CIO, Juan Antonio
Samaranch. |
UN GRAND SPECTACLE “À LA JAPONAISE”
A côté du cérémonial immuable des Jeux:
le traditionnel défilé des athlètes, l’entrée
de la flamme olympique, l’embrasement de la vasque, les discours d’usage,
l’envoi des couleurs olympiques, les serments des athlètes et des
juges, le metteur en scène Keita Asari a monté tout un spectacle
“à la japonaise” avec feux de bengale, tambours et costumes traditionnels,
tout en respectant le vœu de Pierre de Coubertin par l’illustration de
son idée de la fraternité entre les peuples.
Ainsi, nous avons eu droit à une immense fresque vivante et
richement bariolée qui s’est déployée en une succession
de tableaux harmonieusement synchronisés et frappés du sceau
de l’originalité. Et ce, pour la plus grande joie des 50.000 spectateurs
du stade olympique Minami, parmi lesquels l’empereur Akihito et l’impératrice
du Japon, mais aussi des millions de téléspectateurs dans
le monde.
Premier tableau inattendu: l’émergence aux quatre coins du stade
de huit arbres géants abattus dans les forêts de Nagano, pratique
symbolisant l’espace sacré de paix que procurent les Jeux. Puis,
c’est l’arrivée insolite des lutteurs de sumo (sport national japonais),
avec à leur tête le “yokozuna” (plus haut rang parmi les sumotoris)
Akebono chassant les esprits malins du sol en le frappant chaque fois de
l’un des pieds qui supportent son poids de 234 kilos.
Cette démonstration dans le carré sacré du stade
est suivie de la prestation de la chorale de 150 élèves de
Nagano qui interprètent: “Quand les enfants régneront sur
le monde”, une chanson signée Andrew Lloyd Weber.
C’est sur ces belles paroles (“laissez porter vos voix, prononcez ce
vœu dans vos cœurs, plus de lutte, plus de haine, fini le désespoir,
nous ne pouvons attendre de sortir de cette obscurité”) que les
athlètes font leur entrée. La délégation de
Grèce (berceau de l’Olympisme), ouvre le défilé des
athlètes des 72 pays participants, pancartes et drapeaux en tête.
Une interminable parade, clôturée par la très nombreuse
délégation du Japon, nation organisatrice. L’absence du Liban
est très regrettable, surtout que des pays n’ayant pas de champs
de neige étaient présents.
Après les paroles de bienvenue du président du comité
d’organisation, c’est au tour du président du CIO, Juan Antonio
Samaranch de prendre la parole pour rappeler que ces jeux se déroulaient
“la même année que le cinquantenaire de la déclaration
universelle des droits de l’homme” (en 1948, à Paris) et exprimant
“l’espoir que l’appel des 185 membres des Nations Unies à respecter
la trêve olympique favorisera le dialogue international et des solutions
diplomatiques à tous les conflits pour que prennent fin les tragédies
humaines.”
C’est, ensuite, l’entrée du flambeau olympique porté
par le Britannique Chris Moon, militant contre les mines antipersonnel,
lui-même mutilé lors d’une opération de déminage
en 1995 au Mozambique; il est escorté de 150 enfants. Six autres
coureurs se relayeront pour apporter la flamme à Midori Ito, la
championne de patinage artistique chargée d’allumer la vasque olympique.
Les enfants ont été largement associés
à la grande fête olympique. |
Pour la paix olympique, l’aviation
de guerre était de la partie. |
L’HYMNE À LA JOIE
Au même moment, l’empereur Akihito annonce solennellement: “Je
proclame l’ouverture des XVIIIes Jeux olympiques d’hiver de Nagano”. Le
drapeau olympique est, ensuite, hissé au mât. Le serment des
athlètes est, alors, prononcé par Kenji Ogiwara, capitaine
de la délégation japonaise et médaille d’or du combiné
nordique à Lillehammer.
Apothéose: la cérémonie de clôture a été
coordonnée par le chef d’orchestre japonais Seiji Ozawa. Installé
au Centre culturel de Nagano, il a dirigé avec une grande maîtrise
le célèbre final de la 9ème Symphonie de Beethoven,
“L’Hymne à la joie”, interprété par un orchestre formé
de musiciens venus des quatre coins du globe. Le tour de force de l’impétueux
Ozawa a été de faire chanter le monde entier, y compris les
spectateurs du stade et les téléspectateurs. Cinq chorales
situées à Berlin, Pékin, Sydney, Le Cap et New York
ont entonné, également, cet hymne célèbre qui
a été entendu simultanément à Nagano sans décalage,
grâce à un relais satellite sophistiqué. Un exploit
aussi technologique qu’artistique!
Sur cette note musicale qui résonnait dans l’enceinte olympique
et avec un lâcher de ballons en forme de colombes factices et biodégradables
couvrant le ciel, prenait fin cette cérémonie de clôture
grandiose qui demeurera longtemps dans toutes les mémoires.
La première médaille d’or
pour la France
gagnée par Karine Ruby en snowboard.
LES PREMIÈRES MÉDAILLES D’OR
ATTRIBUÉES
Après cet éblouissant prélude, le mauvais temps
s’est mis de la partie tout au long des deux premières journées
de compétitions, contraignant les organisateurs à reporter
plusieurs épreuves alpines. Toutefois, le “caprice des cieux” n’a
pas empêché l’attribution des premières médailles
d’or dès dimanche: la Russe Olga Danilova, vainqueur de l’épreuve
des 15 kilomètres classique en ski de fond féminin, le Canadien
Ross Rebagliati, en slalom géant masculin de snowboard (il a été
toutefois contrôlé positif) et le Néerlandais Gianni
Romme au 5.000 mètres en patinage de vitesse.
Le lendemain, lundi 9 février, le mauvais temps persistant a
provoqué le report du slalom du combiné messieurs et le slalom
géant de snowboard féminin. Toutefois, trois médailles
d’or ont été attribuées ce jour-là au Finlandais
Mika Myllylae, vainqueur du 30 km classique de ski de fond, l’Allemand
Georg Hackl qui a enlevé son troisième titre olympique consécutif
en triomphant dans l’épreuve de luge monoplace; enfin, la Bulgare
Ekaterina Dafovska en biathlon 15 km (dames).
La quatrième journée a été marquée
par les victoires de la Russe Larissa Lazutina (fond 5 km classique dames),
de la Française Karine Ruby (snowboard slalom géant dames)
qui donne la première médaille d’or à son pays, du
Japonais Hiroyasu Shimizu (patinage de vitesse - 500 m messieurs), du couple
russe Oksana Kazakova - Artur Dimitriev (patinage artistique-couples).
Au classement provisoire des médailles, la Russie était
en tête avec un total de cinq médailles (3 or, 2 argent) devant
l’Allemagne (5 médailles) et le Canada (3 médailles), après
la quatrième journée.
La fantastique moisson de médailles se poursuivra quotidiennement
à Nagano jusqu’au 22 février. Que les meilleurs gagnent!
Idem pour le Japon avec Hiroyasu Shimisu
en patinage de vitesse. |
Les lutteurs de sumo:
une attraction du Japon traditionnel. |
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