Partant
de l’interdépendance des nations, d’éventuelles frappes aériennes
US contre l’Irak, auront immanquablement leurs retombées dans nos
murs. D’ores et déjà et avant que Washington opte pour l’option
militaire, notre classe politique a tendance à modifier sa position
envers certains dossiers objets de tractations et de spéculations
quotidiennes, à savoir: les présidentielles, les municipales
et la demande en invalidation du budget 98. Les commissions parlementaires
qualifiées (notre photo) en ont discuté, mardi, au cours
d’une réunion de travail commune.
“L’Amérique frappera-t-elle l’Irak? Et dans l’affirmative, l’option
militaire aura-t-elle des répercus-sions dans nos murs?”. Cette
ques-tion, chaque Libanais la pose: le banquier, le commerçant,
autant que le concierge et le chauffeur de taxi.
La réponse est, naturellement, positive. Partant du principe
de l’interdépendance des nations, toute crise ou accident de parcours
survenant dans un pays, a des retombées sur son voisinage.
Les frappes aériennes que les Américains assèneraient,
éventuel-lement, à l’Irak, ne nous épargne-raient
donc pas. Les autres Etats de la région proche-orientale ne se-raient
pas épargnés, non plus; sur-tout si Israël se mettait
de la partie et utilisait son armement non conven-tionnel...
Au plan local, trois dossiers sont, d’ores et déjà, remis
sur le tapis: les présidentielles, les municipales et la demande
en invalidation du budget 98.
En ce qui concerne les présiden-tielles et bien que le dernier
mot ... comme chacun le sait, soit aux “dé-cideurs”, les partisans
de la recon-duction ressortent leur argument connu de tous: “si les circonstances
régionales l’exigent, la prorogation du mandat présidentiel
deviendra inévitable”... D’autres “loyalistes” se montrent moins
catégoriques et esquivent la question ou y répon-dent par
l’expression classique: “Il est prématuré d’en parler”...
En ce qui concerne les munici-pales, le ministre de l’Intérieur
avait invoqué “l’impondérable” de un pour cent, afin de justifier
un possible ajournement du scrutin fixé au printemps prochain ou
son annulation pure et simple.
Du jour au lendemain, les sceptiques soutiennent que le scrutin serait
reporté sine die et avancent la proportion de 50 pour cent “d’impondérable”.
Ce qui remplirait d’aise et le ministre de l’Intérieur et tous ceux
qui n’étaient nullement enthousiastes à descendre dans l’arène
municipale, de peur d’être discrédités et ramenés
à leur juste dimension par le corps électoral.
Autre dossier qui risque d’être mis au rancart, celui de l’invali-dation
du budget 98. En effet, l’ardeur manifestée par certains députés,
depuis le vote de la loi de finances, s’est subitement attiédi en
l’espace de quarante-huit heures. Des parlementaires qui avaient signé
la demande en invalidation ont changé d’avis et demandé un
nouveau délai de réflexion, “pour voir si les circonstances
se prêtent à une telle démarche auprès du Conseil
constitutionnel” (Ibrahim Amine el-Sayed dixit).
Aussitôt, de treize le nombre des signataires de la demande d’invalidation
est tombé à sept, après le retrait des députés
membres du “bloc de fidélité à la Résistance”;
celui du “Hezbollah”... Probablement, pour récompenser le gouvernement
d’avoir usé de la manière forte pour mâter le “cheikh
rebelle”, promoteur de la “révolte des affamés”...
De plus, le secrétaire général du “Hezbollah”
a juré, publique-ment, mardi, de s’opposer à qui-conque s’aviserait
de porter les armes pour soutenir des doléan-ces en rapport avec
les problèmes du développe-ment et de la vie quotidienne...
Ce qui est, en fait, une bonne chose. A condition, toutefois, que cette
politique soit appliquée dans tous les domaines et à tous
les niveaux...
Sans aucune discrimination d’ordre communautaire, sectaire, partisan
ou de toute autre nature.
Conclusion pratique: d’ici à ce que la conjoncture s’éclaircisse
et se stabilise, nous vivrons ici à l’ombre des circonstances régionales,
en subissant les contre-coups de toute perturbation aérienne, terrestre
ou navale, dans le proche ou lointain voisinage. |