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![]() L’exploitation sauvage des carrières (sans souci de refaire le paysage), laisse des falaises à pic. |
![]() Une excavation au cœur des pins réduit la forêt à un simple filet d’arbres. |
![]() La pollution des sources par les ordures. |
![]() Jezzine, une cité abandonnée à elle-même. |
Jezzine, village couvert de forêts de pins parasol, irrigué de sources naturelles et réputé pour ses magnifiques cascades, était une localité verdoyante du Liban-Sud. Se situant à environ mille mètres d’altitude, c’est un relais-carrefour naturel et sa population était évaluée à plus de trente-cinq mille habitants.
UN PETIT PARADIS OÙ IL FAISAIT BON VIVRE...
Jezzine était un lieu de villégiature recherché
par les touristes arabes pour son climat doux-tempéré et
pour sa situation géographique privilégiée; d’ailleurs
plusieurs hôtels portent toujours le nom de sites et villes arabes
tels: Hôtel Al-Ahram, Hôtel Masr...
Les gens de Jezzine vivaient:
De l’Agriculture de la pomme, de la poire, de la pèche ainsi
que des figues et du raisin.
De l’Artisanat de la coutellerie, principalement. Un travail manuel
délicat transmis de père en fils, réalisé à
l’aide de cornes de bœuf, et exporté dans les différents
pays du monde.
Du Tourisme, les trois mois d’été. Vu son emplacement
géographique et stratégique, Jezzine attirait les touristes
en provenance soit de la Syrie via la Békaa, soit de l’Egypte par
l’axe Palestine - Liban, soit par la route côtière reliant
Beyrouth à Saïda et Jezzine.
UNE VÉRITABLE CATASTROPHE ÉCOLOGIQUE
En marge de l’épineux conflit régional, de grands problèmes
se posent, aussi, depuis quelques années:
Le Massacre des forêts: De beaux arbres centenaires sont rasés,
la terre est vidée, de jour en jour, pour remplir quotidiennement
plus de quarante camions qui déversent leur contenu dans des cimenteries.
L’anarchie règne sans aucun contrôle des autorités
responsables de l’urbanisme et de l’Environnement. Paradoxalement, à
l’époque où le passage de Bisri reliant la région
de Jezzine à Saïda était interdit au public, seuls les
camions transportant la terre pouvaient traverser ce passage.
La fermeture des carrières urbaines de Beyrouth orchestrée
par une forte pression de la presse libanaise et des divers organismes
s’occupant de l’environnement, a favorisé l’installation d’un grand
nombre de carrières dans la région de Jezzine. Le résultat
était prévisible: la pollution et la destruction de plusieurs
collines et forêts.
Tout cela fonctionnant sans aucun contrôle de l’Etat et développant
une vraie catastrophe écologique.
L’exode massif de la population en quête de sécurité
et de travail a réduit le nombre d’habitants résidant
à moins de quatre mille âmes, selon les dernières estimations.
La superficie de terrains cultivés jadis a nettement diminué
aujourd’hui car l’agriculture s’est ressentie doublement du manque
de main d’œuvre et de la cherté des produits agricoles, d’une part;
et de la difficulté à écouler les récoltes,
d’autre part.
La vente massive des terrains effectuée ces derniers temps par
des intermédiaires risque de faire perdre au village son identité
originelle.
Face à cette situation déplorable, si dans l’immédiat
nous n’arrivons pas à régler le problème de Jezzine
sur le plan politique, il serait urgent de réunir tous les moyens
nécessaires, tous les efforts possibles pour trouver une solution
qui permettrait d’éviter l’exode de la population, de préserver
la beauté du site, sa valeur historique et touristique, et surtout
de sauver son identité.