“Je refuse
de prendre part à ces... chuchotements”, a déclaré
le chef de palais Bustros, en contestant le fait pour le chef gouvernement
de procéder à des concertations interministérielles
- et avec les instances politiques. religieuses, économiques
et syndicales - en dehors du Conseil des ministres. Quant au bureau médiatique
du Premier ministre, il se charge de répliquer à ses détracteurs
qu’il surnomme le “groupe de la perplexité”...
“Je ne comprends pas les concertations effectuées au cours des
dix derniers jours avec les membres de l’Assemblée qui avaient pris
part, précédemment au débat sur le budget... Ces concertations
devraient avoir pour cadre le Conseil des ministres et non ailleurs”.
Ces réflexions ont été émises, non par
les opposants, mais par un membre du Cabinet haririen, en l’occurrence
le ministre des Affaires étrangères. Elles sont partagées
par les Libanais bien pensants qui ne s’expliquent pas le motif de telles
consultations, pareilles à celles qui précèdent la
formation d’une équipe ministérielle.
En fait, le Premier ministre a voulu échanger les vues avec
ses interlocuteurs, sur les modalités de financement des projets
d’équipement et de développe-ment et, peut-être, aux
fins de reconsidérer son ordre des priorités.
Il semble, cependant, qu’il n’ait pas obtenu les résultats escom-ptés,
puisque ses concertations ont eu pour conséquence d’attiser les
polémiques entre le chef du gouvernement et ses détracteurs.
Même ceux parmi eux dont il a tenu à recueillir l’opinion,
le président Salim Hoss en tête.
Celui-ci a observé que “maints projets avaient été
exécutés sans plan préétabli, alors que d’autres
non moins vitaux n’ont pas reçu un début d’exécution,
faute de fonds”.
Puis, M. Hoss a tenu à préciser, en quittant le Sérail
que “le gouvernement assume la responsabilité de la crise socio-économique,
l’opposition ne pouvant en supporter aucune part, même minime, pour
la simple raison qu’elle ne s’est pas associée aux décisions...
Et, de plus, le Pouvoir a agi souvent dans un sens contraire à celui
préconisé par les opposants” (sic).
Fait encore plus regrettable: M. Hariri a répliqué, chaque
fois, à ses critiqueurs par son “bureau médiatique”, lequel
a affublé ces derniers du titre de “groupe de la perplexité
politique”...
Et ce bureau qui se distingue par son caractère vindicatif,
rappelle au souvenir des citoyens, un organisme de triste mémoire
des années soixante, la fameuse “dactylo”. Celle-ci répliquait
à ceux qui ne s’alignaient pas sur les tenants du pouvoir de l’épo-que,
à coups de communiqués ou de manifestes anonymes dont on
n’ignorait pas les auteurs...
Ainsi, au lieu d’apaiser les esprits, de contribuer à élucider
la politique officielle et d’en exposer les motivations, le président
du Conseil paraît avoir jeté de l’huile sur le feu. Ce qui
risque d’envenimer l’atmosphère et, si ce climat électrisé
devait se perpétuer dans les mois à venir, de la perturber
davantage à l’approche et durant les élections présidentielles.
On pourrait donc coller à M. Hariri le qualificatif de “perturbateur”
dont il affuble ses détracteurs...
Ce climat aurait pu être assaini si, au palais du gouvernement,
trônait un Cabinet d’union nationale, comme le préconise l’accord
de Taëf! |