Editorial


Par MELHEM KARAM 

 
I - FLAQUES D’HUILE EN MACÉDOINE, EN ALLEMAGNE...
ET INTERNATIONALISATION DU KOSOVO
II - LA RECONDUCTION DE WEIZMAN... ET LA LEÇON DE MORALE

- I -
La réunion tenue par les ministres des Affaires étran-gères d’Occident en Grande-Bretagne, à l’in-vitation de leur homo-logue, Robin Cook, a confirmé l’intérêt porté sur ce qui se passe au Kosovo, conséquence de la violence serbe ayant coûté la vie à quatre-vingt-deux personnes. Ceci a inquiété le monde entier et imposé une intervention internationale pour mettre un terme à ce drame. 
Pour la première fois, Belgrade a abrogé le régime d’autonomie signé en 1989 au Kosovo, ce “lit historique” des Serbes, aujourd’hui habité par 90 pour cent d’Albanais, qui assiste à un sursaut de violence n’ayant pas eu son pareil auparavant, difficile sinon impossible à circonscrire. Les affrontements survenus dernièrement, ont fait trente-deux tués, dont vingt Albanais et six Serbes. Tout le cycle de violence et le déploiement militaire n’ont pas empêché des manifestations ayant rassemblé des dizaines de milliers d’Albanais à Pristina, la capitale. Les manifestants ont été dispersés avec une brutalité illimitée; aussi, ont-ils décidé de dénoncer le terrorisme et la liquidation ethnique de la part du régime yougoslave. 
Ici, un mot franc et non exagéré doit être dit, prenant en considération le proche passé des dirigeants serbes de “l’ancienne Yougoslavie”. Cependant, cette accusation aurait plus de poids, si les activistes albanais ne recouraient pas eux-mêmes aux enchères et au terrorisme, avec un objectif déclaré qu’ils se sont fixé, à savoir: internationaliser leur cause. 
Ceci est devenu un fait accompli, en testant les priorités, la crise du Kosovo en tête, que la commission politique de l’unité européenne examine à l’initiative de l’Allemagne... 
La réunion tenue à Londres, prépare la visite des ministres allemand et français, Klaus Kinkel et Hubert Védrine à Belgrade le 19 mars. Et ce, trois jours avant les élections générales organisées par les “séparatistes” albanais, celles-ci étant refusées par le pouvoir central qu’il n’accepte à aucun prix. Eloignée de la position des confrontations, l’Amérique proclame qu’elle s’intéresse beaucoup aux événements du Kosovo. 
Si les Occidentaux, d’une manière générale, condamnent le terrorisme et la violence, d’où qu’ils viennent et annoncent un système spécial pour le Kosovo, cela signifie que le litige autour de ce fait, menace de se transformer en flaques d’huile en Macédoine, en Albanie, peut-être en Grèce, en Turquie et en Bulgarie. Cependant, ce fait peut tarder à se manifester, face à la dureté et à la répression yougoslaves avec la ferme-ture de la porte des négociations et du dialogue. Les nationa-listes semblent avoir élargi leurs revendications jusqu’à les étendre aux positions albanaises encerclées, au “Montenegro”, à la Macédoine et à cette république devenue la clé de voûte de la stabilité dans les Balkans. 
C’est pourquoi, les Occidentaux n’ont d’autre choix que de circonscrire l’incendie. 
Mais à quel prix? 
- II -
La reconduction du mandat d’Ezer Weizman constitue un défi flagrant à Netanyahu. Le chef de la république d’Israël a été réélu pour un nouveau quinquennat dès le premier tour, avec l’appui de 63 des 120 députés, contre 49 à Chaoul Amor (57 ans), candidat personnel du Premier ministre. 
Ainsi, les membres de la Knesset ont exprimé leur opinion en Benjamin Netanyahu disant, implicitement, qu’ils ne veulent pas de lui en tant que chef du gouvernement. S’il avait tant soit peu de courage, il aurait démissionné, car il a engagé la bataille, personnellement, et y a placé tout son poids. En définitive, son candidat a échoué et ainsi la confiance a été retirée à Netanyahu en tant que président du Conseil, ce qui a montré son incapacité à mobiliser la majorité étriquée ayant pris l’habitude de le soutenir au parlement. 
La prorogation du mandat d’Ezer Weizman, constitue une grande gifle à Netanyahu et bien qu’il n’y ait rien d’écrit à ce sujet, il existe en Israël un consensus en vertu duquel le président est élu pour deux mandats successifs. C’est la première fois que l’ancien président, actuel candidat, a en face de lui un concurrent de cette envergure. Car la coalition et l’entente dominaient toujours la scène lors de l’élection du président sortant, désireux de renouveler son mandat. 
“Je suis heureux mais je ne trépigne pas de joie”, a dit Ezer Weizman, résumant en ces termes la conjoncture politique après sa réélection. Bien que la charge de chef de l’Etat soit entourée de certains honneurs et en dépit de sa forte personnalité, comme de son grand engagement politique à l’égard des obligations de cette charge, les prérogatives présidentielles sous le mandat de Weizman sont restées les mêmes: honorifiques, ne lui conférant pas le droit de décision. 
Quoi qu’il reçoive Yasser Arafat, adresse des critiques et un blâme au gouvernement ou demande l’appui des Etats-Unis en vue de la relance du processus de paix, il dit à tout le monde qu’il ne peut influer sur le cours des événements, ni sur la décision des Etats-Unis et que Benjamin Netanyahu contrôle toutes les affaires de l’Etat. C’est que le Premier ministre jouit d’une double légitimité: depuis les élections générales de 1996, il est le président effectif du parti de la majorité, directement élu au suffrage universel, non par les membres de la Knesset à l’instar du chef de l’Etat. 
Quant à ces élections, elles signifient que les parlementaires israéliens ont voulu, à leur manière, instaurer une sorte de cohabitation non équilibrée, en confirmant à son poste un homme du centre, même après son passage de la droite à la gauche. 
Les avantages de cette opération résident en ce qu’elle a amené un président modéré et pris une initiative courageuse, apparaissant comme une leçon de haute moralité, s’il existe quelqu’un pour en tirer la déduction qui s’impose.
Photo Melhem Karam

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