Israël
entretient depuis quelque temps un battage médiatique en Europe
où son Premier ministre et son ministre de la Défense intensifient
les contacts, aux fins d’expliquer leur conception des modalités
d’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
Pendant ce temps, l’émissaire européen, Miguel Moratimos
(notre photo) vient d’entamer un nouveau périple proche-oriental
et réaffirme, à son escale damascène, “l’appui des
Quinze à cette résolution”, sans indiquer les moyens de forcer
Tel-Aviv à l’appliquer...
En visite une fois de plus à Damas, M. Miguel Moratimos, émissaire
de l’Union européen-ne, a réaffirmé lundi l’appui
des “Quinze” à la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
Naturelle-ment, sans révéler le moyen que les Européens
envisagent de mettre en œuvre pour amener l’Etat hébreu à
appliquer cette résolution. Surtout, s’ils s’avi-saient d’agir indépendamment
des Etats-Unis ou de les court-circuiter dans un domaine que Washington
considère comme une chasse gardée...
Depuis pus d’une semaine, les responsables israéliens - le chef
du gouvernement Netanyahu et Mordehai, ministre de la Défense, sillonnent
le continent européen, de Madrid à Paris, en passant par
Bonn, Madrid et Oslo - à l’effet d’expliciter leur conception de
la manière dont la 425 doit être appliquée et, aussi,
pour exposer leur plan concernant le processus de paix avec les Palestiniens.
Damas n’a pas tardé à réagir. En effet, le chef
de la diplomatie syrienne est venu, la semaine dernière à
Beyrouth, porteur d’un message du président Assad à son homologue
libanais, en rapport, semble-t-il, avec la stratégie à adopter
en vue de riposter à l’offensive diploma-tique israélienne.
Cette dernière, de l’avis des Syriens, étant des-tinée
à dissocier les volets syrien et libanais des négociations
de paix.
Aussi, est-il question d’un sommet bipartite - restreint ou élargi
- à Damas, aux fins de faire le point de la conjoncture régionale
et de coordonner les positions des deux pays voisins.
Pendant ce temps, Netanyahu rappelait à Londres; puis, à
Bonn et Oslo, la condition qu’il pose pour rapatrier ses troupes du Liban-Sud,
à savoir: garantir la sécurité à la frontière
nord de l’Etat hébreu. Autrement dit, neutraliser la résistance
et, sans doute, mais “Bibi” ne le dit pas expressément, trouver
une solu-tion acceptable, voire honorable, au cas de l’Armée du
Liban-Sud après le retrait de “Tsahal”.
Tel-Aviv intensifie ses démar-ches, surtout auprès de
Paris, en raison des bonnes relations que cette capitale entretient avec
Bey-routh et Damas, d’autant que les Français se disent disposés
à ga-rantir un accord libano-syro-isra-élien sur la 425.
“Cette garantie, a précisé le chef du Quai d’Orsay, pourrait
prendre la forme d’une présence sur le terrain, mais après
la conclusion d’un accord tripartite”.
Cela dit, le sommet libano-syrien s’avère impérieux à
l’approche de la visite que M. Kofi Annan, secrétaire général
de l’ONU, doit effectuer le 20 mars au Liban, dans le cadre d’une tournée
proche-orientale des-tinée à relancer le processus de paix
bloqué depuis plus d’un an.
Nous avons écrit, précédem-ment, au moment où
M. Annan entreprenait son initiative à Bagdad et avant la signature
de son accord avec M. Tarek Aziz, que le secrétaire général
pourrait faire d’une pierre trois coups: Primo, prémunir l’Irak
contre d’éventuelles frappes aériennes américano-britanniques.
Secun-do, tirer Washington d’embarras, en ce sens que l’usage de la force
contre Saddam Hussein risque-rait de se retourner contre l’Amé-rique
comme un boomerang. Tertio, permettre à l’ONU de récupérer
son rôle en tant que gardienne de la sécurité et de
la paix internationales...
...Faute de quoi, les Nations Unies - le “machin”, comme l’ap-pelait
de Gaulle - connaîtraient le même triste sort que la SDN. |