TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE
Des banques en difficulté avec des centaines d’employés
au chômage.
De grosses “boîtes” parmi lesquelles des importateurs en produits
pharmaceutiques et de beauté qui limitent le nombre de leur personnel.
Des médias dont Télé-Liban qui n’ont plus de quoi
payer leurs employés.
Des professeurs de l’enseignement public qui menacent de boycotter
la correction des examens.
Des étudiants qui n’ont qu’une hâte: partir au loin.
Des bourses d’études à l’étranger qui se réduisent
comme peau de chagrin, car les bénéficiaires (pour plus de
80%) ne reviennent plus au Liban.
Des Libanais qui ne peuvent plus payer leurs factures “gonflées”
au maximum, de téléphone, d’électricité, d’eau,
etc... grâce à un matraquage de taxes et d’impôts.
Telle est la sombre image du Liban actuel: un bateau à la dérive
sans capitaine, son équipage au bord d’une mutinerie.
Loin de nous l’idée de jouer les Cassandre, mais il faut que
Fouad Sanioura et consorts pensent, en premier lieu, à une refonte
fiscale radicale qui devra chercher ailleurs ses revenus, loin des taxes
indirectes, abusives et discriminatoires. Plutôt que de consulter
des juristes étrangers pour détecter l’enrichissement illicite,
il serait plus approprié de consulter des spécialistes en
fiscalité, qui indiqueraient aux responsables où et comment
harponner le gros poisson.
La technique de la liberté s’apprend et s’enseigne. Libanais
levez-vous. Cessez d’accepter d’être humiliés par une bande
d’ignares qui vous ont réduit au rang, non pas d’esclaves, mais
pire, de mendiants soi-disant libres!
***
N’EST PAS ATATURK QUI VEUT
Mariage civil ou chant du cygne?
On parle et discute du mariage civil comme s’il était seul en
question.
On en oublie les corollaires indispensables.
C’est tout le statut personnel qui est en cause.
Qu’adviendra-t-il au cas où l’un des conjoints décide
de se marier, religieusement, dans sa communauté avec une autre
personne?
Qu’adviendra-t-il des enfants du couple marié civilement?
Qu’adviendra-t-il des propriétés?
Qu’adviendra-t-il en cas de polygamie?
Qu’adviendra-t-il en cas de répudiation?
“Gai, gai marions-nous civilement” ne résoudra rien.
Il est vrai que le mariage civil présente un progrès
certain pour la femme dans certaines communautés.
Dans ce domaine, il ne peut être question d’une évolution.
Il faut faire une révolution en bonne et due forme, avec un code
civil adéquat qui envisage tous les cas d’espèces.
C’est de l’inconscience, de l’incompétence, de l’incohérence
de lancer l’idée d’un mariage civil facultatif, car c’est de là
que découleront tous les problèmes. Ataturk a imposé
le mariage civil à tous les Turcs sans exception. D’où cohésion.
Mais dans le cas présent du Liban, l’adopter, c’est ajouter un nouveau
mal aux nombreux problèmes auxquels le Libanais fait déjà
face.
N’est pas Ataturk qui veut.
SAGESSE, SAGESSE, SAGESSE
Oubliés les soucis, balayée la politique, c’est beau
le sport. C’est passionnant, c’est enivrant. Le Liban a vécu grâce
à La Sagesse et son équipe de basket-ball des heures d’euphorie.
“On a gagné... On a gagné...” On n’a pas dormi, mais
ce n’est pas grave. Ne pas dormir d’allégresse, n’est pas un cas
fréquent chez les Libanais.
On n’avait pas vu cela depuis la visite du Pape en mai 1997. Des milliers
et des milliers de Libanais dans les rues. Leur joie faisait plaisir à
voir.
Tous les pays développés encouragent le sport, la musique.
De quoi canaliser l’énergie des jeunes et des moins jeunes.
On devrait rendre le sport plus accessible aux jeunes Libanais. “Un
esprit sain dans un corps sain.” Combien d’écoles et de collèges
encouragent le sport au Liban? Combien offrent les terrains et les facilités
nécessaires à la pratique du sport?
Le gouvernement devrait les encourager, allouer des aides... Le Liban
était absent de Nagano... Dommage! Il sera aussi absent du Mondial
de Football cet été en France, encore plus dommage!
Bravo à Antoine Chouéri qui a su mener et encourager
le club dont il est le président. Bravo au coach, aux joueurs; bravo,
aussi, aux spectateurs.
Sagesse, Sagesse, Sagesse qui porte bien son nom. Combien aurions-nous
souhaité que cette sagesse fût aussi le lot de nos dirigeants.
Nous n’en serions pas là.
***
À NOS GRANDS HOMMES LA PATRIE... INGRATE
Ce qui est inscrit au Panthéon, c’est “A nos grands hommes la
Patrie reconnaissante.”
Nos grands hommes libanais sombrent dans l’oubli... On leur donne le
nom d’une rue et c’est tout!
On ne les mentionne même pas dans les livres d’Histoire, puisque
livres d’histoire il n’y en a pas pour le moment. Et tel qui est
grand pour telle partie, ne l’est pas pour l’autre!
Mais, enfin, il y a de grands Libanais pour tous!
Il y a Charles Malek, élu président de la XIIIème
session de l’Assemblée générale de l’ONU en 1948...
Il y a Fouad Ammoun, magistrat à la Cour Internationale de Justice
de La Haye...
Il y a Philippe de Tarazi, fondateur de la Bibliothèque nationale
du Liban... C”est en 1921 que Philippe de Tarazi a offert une vingtaine
de milliers de livres imprimés et plus de trois mille manuscrits
et ouvrages rares à ce qui devait devenir la Bibliothèque
nationale.
Quels honneurs leur a réservés l’Etat?
La jeunesse libanaise connaît-elle ces grands noms?
Connaît-on un Georges Naccache, un des plus brillants journalistes
francophones du XXème siècle?
Connaît-on même le nom du compositeur de l’Hymne national
libanais? Sait-on que c’est Wadih Sabra?
Et on pourrait continuer des pages et des pages ainsi... Malheureusement.
“Et le rapide oubli, second linceul des morts...”
Ne pourrait-on décréter 1998 au Liban, “Année
Charles Malek”?
La gloire des morts porte-t-elle ombrage aux vivants?
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