Mme Eve Barre.
Signature de l’accord de partenariat entre
les villes de Lyon et de Beyrouth par MM. Raymond Barre
et Mohamed Ghaziri.
A Deir el-Kamar à partir de la gauche,
MM. Georges Dib Nehmé, Farouk Barbir, Marwan Hamadé et Elias
Hanna.
A Deir el-Kamar: Mme Raymond Barre et le maire
de Lyon, le député et président de la municipalité,
M. Georges Dib Nehmé; Mme Dominique Nachury, maire du VIe arrondissement
de la ville de Lyon.
Mme Eve Barre, M. Raymond Barre, Mme Daniel
Jouanneau et l’ambassadeur de France au Liban, MM. Georges Dib Nehmé,
Dory Chamoun et Marwan Hamadé.
MM. Gabriel Acar, Raymond Barre et Mme Dominique
Nachury paraphant la “Charte de l’Amitié”.
M. et Mme Raymond Barre visitant le musée
de cire Baz à Deir el-Kamar.
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Arrivé
un mardi soir au Liban, quittant Beyrouth un vendredi matin, l’ancien Premier
ministre français et actuel maire de Lyon a fait le maximum en un
minimum de temps.
Programme chargé pour Raymond Barre et la délégation
qui l’accompagne.
Un accord de partenariat a été signé
entre Lyon et Beyrouth et un accord d’amitié conclu entre le sixième
arrondissement de Lyon et la municipalité de Deir el-Kamar.
Raymond Barre a qualifié d’“historiques” les relations entre
“sa” ville et la capitale libanaise, des relations qui, a-t-il dit, ont
revêtu plusieurs formes: culturelle, économique et financière.
Il a souligné avoir préféré un accord
de partenariat entre les deux cités et non un jumelage, cette dernière
forme revêtant surtout un aspect touristique.
Pour M. Barre, cet accord pourrait se traduire par un transfert
à Beyrouth des compétences lyonnaises, notamment en matière
de reboisement et de distribution de l’eau.
L’ancien Premier ministre
Raymond Barre
reçu par le chef
de l’Etat.
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Le président du Conseil Rafic Hariri
recevant l’ancien Premier ministre et l’ambassadeur M. Daniel Jouanneau.
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HOMME POLITIQUE, ÉCONOMISTE,
ÉCRIVAIN
Qui est l’homme que le Liban a reçu la semaine dernière?
Né le 12 avril 1924 à St Denis de la Réunion,
Raymond Barre est marié depuis le 19 novembre 1954 à Eva
Hégedüs, dont il a deux fils. Diplômé de Sciences
Po, agrégé de Droit, il se lance bientôt dans la politique.
Elu député du Rhône; puis, vice-président français
de la Commission unique des communautés européennes, il devient
ministre du Commerce extérieur en 1975. Candidat à la Présidence
de la République en 1988, il obtient au 1er tour 16,54% des voix.
En 1995, il devient maire de Lyon, est nommé Premier ministre et
ministre de l’Economie et des Finances.
Raymond Barre est l’auteur d’“Une politique pour l’avenir”, “Réflexions
pour demain”, “Question de confiance” et “Au tournant du siècle”,
ouvrages tous d’une actualité brûlante.
Telle est rapidement la personnalité de l’illustre visiteur
du Liban.
COOPÉRATION ET AMITIÉ ENTRE LYON
ET BEYROUTH
La cérémonie de signature s’est déroulée
au palais gouvernemental de Sanayeh. Précédée d’une
réunion de travail entre les deux parties ayant groupé: d’un
côté, M. Raymond Barre entouré de ses collaborateurs
à la mairie de Lyon et de l’ambassadeur de France au Liban M. Daniel
Jouanneau; de l’autre, les membres du Conseil municipal de Beyrouth, leur
président Mohamed Ghaziri et l’administrateur.
L’accord consigné en deux versions, française et arabe,
fixe les priorités dans la coopération entre les deux cités
et l’aide que pourra apporter la ville de Lyon à Beyrouth. Il prévoit,
notamment, dans le domaine de la formation professionnelle, des sessions
d’entraînement pour les employés municipaux de la capitale
et des projets destinés à améliorer les prestations
en matière de santé publique et de salubrité.
En matière d’urbanisme, le texte stipule l’élaboration
d’études sur l’organisation des places publiques, de parcs de stationnement
des voitures, ainsi que l’échange de données dans le domaine
de la gestion des services publics (eau, ramassage des ordures ménagères,
etc...) dans un esprit de préservation et de protection de l’environnement.
Selon M. Barre, il s’agit d’un accord menant à des actions concrètes
et à des résultats positifs.
De plus, il a souligné que Lyon était l’une des villes
pionnières en France à avoir établi une stratégie
des transports urbains touchant à la fois le trafic automobile en
général, les transports publics et le code de la route. Selon
lui, des résultats positifs dans ce domaine ne peuvent être
obtenus qu’à partir d’une vision globale, nécessaire pour
faire face aussi à la pollution.
“CHARTE D’AMITIÉ” AVEC DEIR EL-KAMAR
A la municipalité de Deir el-Kamar, il a fallu trois cachets
pour sceller cette “Charte d’amitié” entre le 6ème arrondissement
de Lyon et la ville du Chouf ceux de Raymond Barre, Dominique Nachury,
maire du 6ème arrondissement de Lyon et Georges Dib Nehmé,
député et président de la municipalité de Deir
el-Kamar.
“Nous apportons, aujourd’hui, des projets modestes, mais d’autres horizons
pourraient être ouverts. Notre objectif est précis: établir
une coopération concrète avec nos amis. C’est la volonté
de la France...”
Quant à Mme Dominique Nachury, elle a déclaré
que la coopération entre son arrondissement et Deir el-Kamar se
traduira par un transfert de compétences lyonnaises notamment dans
les secteurs techniques et urbains, espaces publics et espaces verts, échanges
scolaires et culturels, coopération médicale mais aussi gastronomique.
Lyon étant réputée pour sa cuisine avec ses restaurants
étoilés et ses chefs culinaires célèbres tels
Georges Blanc, Paul Bocuse, Jean-Paul Lacombe ou encore Pierre Orsi.
Un festival lyonnais est prévu, d’ores et déjà,
à Deir el-Kamar, du 22 au 26 juillet. A l’affiche, le théâtre
Guignol, des concerts classiques du Conservatoire national de Lyon, une
projection de films des Frères Lumière qui ont inventé
à Lyon le cinématographe et une exposition agro-alimentaire
de la région Rhône-Alpes.
CAUSERIE À L’ESA: “LA CLÉ DE
LA RÉUSSITE, LE POIDS DES ÉCHANGES”
Outre les visites officielles de courtoisie au président Hraoui;
au chef du gouvernement, M. Rafic Hariri et au chef du Législatif,
M. Nabih Berri, M. Raymond Barre n’a pas oublié qu’il est profes-seur
des Sciences politiques et d’éco-nomie.
Il a, donc, réservé deux bonnes heures à une causerie,
suivie de débats à l’Ecole supé-rieure des Affaires
de Beyrouth (ESA).
Grande foule de qualité à l’ESA, car Raymond Barre est
considéré comme l’un des économistes mon-diaux les
plus réputés. Il a tenu à souligner le succès
de l’ESA et l’aspect indispensable pour le Liban d’un enseignement supérieur
de ce niveau dans un contexte mondial difficile.
Laissant de côté, intentionnellement, les difficultés
des rapprochements bilatéraux ou multilatéraux entre les
pays européens et ceux du Moyen-Orient, l’ancien Premier ministre
français a, surtout, insisté dans son exposé sur l’ouverture
des marchés dans la région et avec l’Europe.
“Lorsque j’étais responsable des travaux européens en
France, j’ai été le témoin d’une résistance
importante de la part de groupes hostiles à l’ouverture du marché
français. En fait, rares étaient ceux qui étaient
vraiment convaincus des bienfaits du libre-échange économique.
Pour autant, dix ans plus tard, tout un chacun s’accordait à constater
l’énorme élan donné aux entreprises françaises
par l’ouverture, encore modérée des frontières.
Par ailleurs, le professeur d’économie a reconnu qu’avec l’explosion
du bloc de l’Est, une priorité a été donnée
au développement des relations de l’Europe occidentale avec les
pays de l’Est.
Pour M. Barre, une seule recette contre tous les obstacles au développement
des partenariats entre pays: le poids des échanges. Avec les échanges
commerciaux et ceux des capitaux, viennent aussi des échanges culturels
et la paix. La paix du marché, c’est-à-dire la sécurité
des transactions qui amoindrit la volatilité des capitaux nécessaires
à la reconstruction du Liban, mais aussi au développement
des régions dites émergentes. M. Barre insiste sur le fait
que “si les capitaux étrangers sont importants, il n’en est pas
moins vrai que l’épargne locale doit avoir un poids égal
dans l’investissement national.”
A se rappeler que “L’Emprunt Barre” (qui porte son nom) a été
un succès. Initié en 1977 à 8,80%, nominal (1.000F)
indexé sur la valeur en francs de l’Unité de compte européenne,
UCE, sur base de sa composition et de sa valeur au 29 avril 1977, valeur
instantanée. Dernière tranche amortie le 23 mai 1992 (prix
de remboursement) 1.258,81F. par obligation.
Pour Raymond Barre, le poids de l’économie et de la culture
acquises par le développement humain, doit influer sur le poids
politique avec l’objectif d’une stratégie équilibrée
entre les pays partenaires, plus que la mise en place de protocoles liant
les pays les uns aux autres, sans que les plus défavorisés
aient vraiment les moyens de tels accords formalistes.
Enfin, répondant à une question “hors cadre” posée
par l’un des étudiants à propos de l’occupation israélienne
et étrangère en général, M. Raymond Barre a
tenu à souligner la nécessité d’un certain pragmatisme:
“Même si pragmatisme est souvent équivalent de médiocrité,
mieux vaut une situation médiocre qu’une situation intolérable”,
a-t-il conclu, sous les applaudissements de l’auditoire.
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