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Frank Sinatra
s’est éteint à l’âge de 82 ans à la suite d’un
arrêt cardiaque à la salle des urgences de l’hôpital
Cedars-Sinaï le 16 mai. Il avait incarné la quintessence du
crooner impeccable, avec une manière unique de chanter...
On l’avait surnommé “The Voice”, un surnom qui lui allait comme
un gant puisqu’il représentait tout ce que le public adorait: une
voix de velours au parfum mâle et délicat, sachant susurrer
à merveille les mots d’amour embaumés de parfum de roses,
une voix suave, mielleuse, chaude, prouvant que Frankie était un
professionnel hors-pair, un technicien de la voix...
Il était un mélange d’insouciance, d’élégance et avait, le premier, déclenché l’hystérie des “bobbysoxers”, ces hordes d’adolescentes en socquettes blanches, des fans qui toutes craquaient pour le chanteur aux yeux bleus. Sinatra était un mythe, le plus moderne des ringards, le roi de la romance, le chanteur le plus cool de sa génération, un “performer” à qui rien ne manquait: ni la gloire, ni l’argent, ni les femmes, les scandales en plus... En soixante ans de métier ponctués très souvent par des coups d’éclats, Sinatra aura endossé tous les rôles... Lui qui fut durant sa jeunesse un jeune homme chétif, s’était imposé par ses notes retenues, coulantes, une technique que peu de chanteurs utilisent et qu’on appelle “le souffle continu”, en accentuant les syncopes, ce qui donnait encore plus de swing dans les tempos vifs.
L’enfant d’Hoboken avait compris très vite que si les jeunes filles s’intéressaient à sa personne et à sa voix, c’est que ceci était dû surtout à la simplicité de ses sentiments, au romantisme diffus de son timbre. En 1942, Frank Sinatra enregistre ses deux premiers titres sous son nom: “Night and Day” et “The night we called it a day” rompant ainsi avec le groupe “Down Beat”. Honneur rare, la radio CBS lui consacre une soirée... son succès est énorme. Désormais plus rien n’arrêtera Sinatra le jeune rital, dans sa conquête de l’Amérique. En 1943, Hollywood l’appelle. Sinatra signe son premier contrat pour tourner un film avec pour partenaire Michèle Morgan. La légende dit que Sinatra en arrivant dans la capitale du cinéma américain, avait épinglé sur le mur les noms d’une vingtaine des plus belles femmes parmi lesquelles Lana Turner, Marilyn Monroe, Marlene Dietrich... Et qu’en fin de tournage il serait arrivé à ses fins... C’est que Frankie était le tombeur de ces dames, osant s’afficher aux bras de toutes les stars du moment dans cette Amérique puritaine. Chanteur adulé, il enchaîne film sur film, partageant le générique avec des partenaires comme Judy Garland, Esther Williams, Gene Kelly... Il s’engage politiquement soutenant à fond le président Roosevelt qui brigue sa réélection. La presse l’attaque, livre sa vie privée, propage des ragots... Mais Frankie n’en a cure et continue à braver la presse, allant même jusqu’à insulter publiquement une journaliste la traitant de “pute à deux dollars”. Provocateur, arrogant, il tombe amoureux de Ava Gardner. C’est le coup de foudre, mais tout se ligue contre eux l’inconscience d’Ava, star gâtée, les spectaculaires colères de Sinatra.
Le chanteur est au bout du rouleau, il frôle la dépression, son étoile de chanteur ne brille plus autant, la Columbia et la MCA résilient leurs contrats; on annule ses shows télévisés pendant que la carrière de sa femme Ava ne cesse de briller... Alors qu’Ava se prépare à partir en tournage au Kenya, Sinatra lit le roman de Jones: “Tant qu’il y aura des hommes”, il sait que la Columbia vient d’acheter des droits... Aussitôt il monte le siège de la maison de production, Ava s’en mêle et l’on va même jusqu’à prétendre que la mafia aussi. Il faudra l’insistance de Zinneman, le réalisateur, pour qu’il aboutisse à ses fins et incarne Maggio, un film dans lequel il ne chante pas et joue le rôle d’un personnage pathétique. Entretemps Ava et lui se sont séparés... Mais c’est le succès à nouveau, ce rôle aura donné un nouvel élan à sa carrière cinématographique. En 1953, c’est le sommet de la gloire. Sinatra est plus puissant que jamais. Il crée des disques, tourne avec les plus grands. Outre un épais matelas de dollars, il possède une compagnie de jets privés, une société de production cinématographique, un important patrimoine immobilier. En 1962, il épouse la toute jeune Mia Farrow, mais en 1968 c’est le divorce. Quelques années plus tard, il épousera Barbara qui a vingt-cinq ans de moins que lui et sera sa dernière épouse. PARFUM DE MAFIA ET RÊVES POLITIQUES
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