Chronique


Par JOSE M. LABAKI  

 
BIENVENUE, MONSIEUR LE PRÉSIDENT!
 Monsieur le président,
Nous saluons en vous la France, dans ce qu’elle a de plus beau: sa langue, sa culture, ses vertus, son Histoire et ses héros qui, au bout de deux millénaires d’héroïsme et de sacrifices, au bout de mille ans de royauté et deux siècles de vie républicaine, aura marqué de son empreinte les civilisations qui ont parcouru notre planète. Quand on possède un si fabuleux patrimoine, comment peut-on s’abandonner au destin sans lui opposer une volonté de grandeur et d’admiration?
La France avec qui nous avons forgé des liens séculaires nous est tout le temps omniprésente.
Votre présence pour la troisième fois au Liban en est la preuve irréfutable.
Depuis un âge lointain, nous tenons la France comme ces images d’histoire, sur lesquelles, enfants, nous rêvions des nuits entières. Si cette France n’avait pas existé, le seul fait qu’elle est au monde, signifie que l’Histoire racontée par François Guizot continue à vivre dans nos mémoires; la France révolutionnaire et des droits de l’homme, précurseur du suffrage universel, érigés depuis, comme un dogme à perpétuité. La liberté, n’est-elle pas devenue à travers les âges l’identité française, le sens profond de l’épanouissement de la personne humaine, alors qu’ailleurs elle est méprisée et ridiculisée?
“Encore faut-il réfléchir, disait le général de Gaulle, à la liberté, au sens classique du terme, pour comprendre ce qu’elle mérite d’entreprises et de sacrifices pour sa sauvegarde.
“Certes, c’est au pluriel qu’il faudrait la conjuguer, pour la rendre plus évidente à chacun et à tous. C’est ce que la civilisation accorde et que la formation morale, l’éducation et la culture revendiquent: liberté individuelle, liberté de conscience, liberté civile, liberté politique, celles-ci et quelques autres vertus républicaines que la France incarne depuis des lustres.”
***

Monsieur le président,
Nous ne saurons raconter dans un bref article, assujettis que nous sommes à l’espace qui nous est réservé, toute l’Histoire de France et ce qu’elle a accompli à travers les âges.
Français et Libanais, entendons mettre au premier plan, les rapports humains, le contact des civilisations, les échanges culturels, nos intérêts économiques et politiques n’étant pas étrangers à cette stratégie commune, toujours sous le signe de l’évidence et de la raison et, surtout, de l’amitié qui se veut pérenne. Les affinités existant entre nos deux peuples, pour tout ce qui a trait aux choses de l’esprit, compte tenu du fait qu’elles portent dans leurs profondeurs, sympathie et considération réciproques, doivent, inéluctablement, les con-duire à une croissante coopération à tous les ni-veaux, ce que la France ne cesse de réaliser sans re-lâche, sous votre égide en tout cas, profondément sentie et sincèrement souhaitée des Libanais de tous bords. C’est, d’ailleurs, dans cette optique que la France et le Liban œuvrent inlassablement.
Toutefois, comment imaginer le monde sans la civilisation française? Sans la Francophonie qui se fait entendre au quotidien dans le concert des nations? Sans vouloir ergoter sur des dates, il est fort certain que l’identité même de la Francophonie, espace vitale de l’identité française, est faite à la fois de durée et de diversité, d’une certaine permanence non pas figée, mais dans le mouvement même de l’Histoire. Jamais peut-être la France, grâce à un monde francophone qui a vraiment mûri et au sein duquel le français progresse, ne retrouvera dans l’Histoire, la chance qui s’offre aujourd’hui, dont il incombe de diffuser à l’échelle planétaire, la générosité, les valeurs, le génie créateur qui sont les fondements de sa civilisation.
Cependant, forte d’un héritage sans précédent, il apparaît impossible et inacceptable que la France se replie sur l’Europe, abandonnant un empire francophone, quel que soit le statut de cette Francophonie selon les pays. On aurait tort de croire que la France irait à contresens de l’Histoire, qu’elle ne se situerait pas exactement dans cette conscience historique, où la connaissance du passé entraîne, forcément, une vision dynamique de l’avenir, le rayonnement de la civilisation et de la culture française. On ne reconnaîtrait pas la France sous un autre visage. Les décideurs français, le président Chirac en premier, ont toujours secouru le Liban dans les moments les plus cruciaux de son Histoire. Le jour où la France ne pourra plus supporter qu’un seul peuple innocent de la planète, souffre de persécution et d’hégémonie, l’innocence redeviendra dans le monde un titre suffisant pour vivre indépendant, libre et prospère. C’est le plus grand défi que relèvera la France de l’an 2000: donner un sens nouveau et profond aux ambitions des peuples opprimés.
Puisse la France, dont l’amitié séculaire nous est chère à plus d’un titre, demeurer à jamais bastion de liberté, de justice et de civilisation, pour son salut, celui de l’Europe dont elle est le bâtisseur, pour l’humanité et pour le nôtre! 

 
 “On nous dira qu’y a-t-il entre la France et le Liban? Il y a la France, la même France, la France éternelle. Il y a, aussi, pour garder vivante l’amitié, le Liban de tous les temps.”

Charles Hélou
(Mémoires Tome 1)

 

 

 

 
 

 

  

 


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