ANCIEN SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU PALAIS BUSTROS DE 1983 À 1988 ET EX-AMBASSADEUR DU LIBAN
EN FRANCE DE 1988 À 1990
FOUAD TURK:
“LES RELATIONS ENTRE LE LIBAN ET LA FRANCE SONT DICTÉES PAR LA RAISON ET LE CŒUR”

 
Le président 
de la République française, M. Jacques Chirac avec l’ambassadeur 
du Liban, 
M. Fouad Turk.

 Le président François Mitterrand et l’ambassadeur du Liban en France. Photo prise 
le 31 mai 1988.


M. Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense, avec M. Fouad Turk. Aujourd’hui, M. Chevènement est ministre de l’Intérieur.


L’ambassadeur du Liban en conversation avec Mme Danièle Mitterrand et le ministre français de la Culture, M. Jack Lang. 


Ici, en compagnie du président du Sénat, M. Alain Poher.
 

 Le président de la République française, M. Jacques Chirac et Mme Bernadette Chirac seront au Liban à partir du vendredi 29 mai, pour inaugurer la Résidence des Pins, qui redeviendra le siège officiel de l’ambassadeur de France au Liban. 
Le président Chirac en est à sa troisième visite au Liban, en l’espace de deux ans. Ceci témoigne de l’amitié de la France pour le Liban, son attachement à sa souveraineté et à l’intégrité de son territoire. 

“FIDÉLITÉ, RÉALISME, OPINIÂTRETÉ” 
Alors qu’il était ministre français des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette a, ainsi, défini la politique de la France au Liban: “Fidélité, réalisme et opiniâtreté”. Il a, aussi, ajouté: “La France ne se laissera pas intimider. Elle soutiendra le Liban dans la prospérité comme dans l’adversité.” 
Parmi tous les diplomates français et libanais qui ont contribué au resserrement des liens entre la France et le Liban, citons l’ambassadeur Fouad Turk qui, en tant que secrétaire général du ministère libanais des Affaires étrangères; puis, ambassadeur en France, en est un des exemples les plus frappants. 
Si on parle, aujourd’hui de Fouad Turk, c’est surtout parce qu’il a eu, peut-on dire, l’honneur de maintenir ces liens à un moment des plus difficiles de l’Histoire du Liban. 
Il a échu à Fouad Turk de maintenir l’unité du ministère libanais des Affaires étrangères et de sauvegarder les relations d’amitié traditionnelles entre le Liban et la France, alors que des interventions pénibles mettaient en péril cette amitié. 
Traditionnellement, le poste d’ambassadeur du Liban en France est un poste des plus prisés et s’il n’est pas un poste de tout repos, il est néanmoins extrêmement agréable. Or, il se fait que le séjour de Fouad Turk coïncide avec les accords de Taëf et que les dizaines de milliers de Libanais en France se divisent entre partisans et adversaires de l’accord. Paris devient, ainsi, un des champs sur lequel les pro et les anti-Général Aoun, se livrent bataille. 
Fouad Turk a su gérer avec sagesse, patience et diplomatie, la situation, rester l’homme du dialogue permanent et celui de l’unité nationale. 

***  

“LA DIVERSITÉ DOIT ENGENDRER LA FORCE...” 
L’ambassadeur de “Noël”, né un 22 décembre, est un fervent partisan de la Paix, de l’amour entre les citoyens et entre les peuples. Fouad Turk a su maintenir le fragile équilibre entre le principe et le chaos. 
- Que pense-t-il de la situation actuelle au Liban? 
“Fidèle à mes principes, je prône toujours que la diversité doit engendrer la force et non le démembrement de notre société. Si nous sommes tous sincères et loyaux, les diverses forces composantes de notre nation pourraient en se combinant, engendrer une résultante, solide, inébranlable dans cette partie du monde. L’étincelle de paix peut jaillir des cendres de la guerre, non seulement au Liban, mais dans tout le Proche-Orient. 
“Aussi vrai que paradoxal, nos contrastes ont toujours fait notre richesse. Le Liban, à travers sa longue Histoire, a porté le triple message d’amour, de clémence et d’unité et ne pourrait renoncer à sa vocation. 
Fouad Turk poursuit: “Nous sommes contre la terminologie de “coexistence” qui sous-entend de la passivité. Nous sommes pour l’“unité”, car c’est une notion agissante. Au Liban, nous ne sommes pas des nations qui cohabitent, mais une seule qui doit faire face à toutes les situations, bonnes ou mauvaises. Nous devons être fiers de pouvoir vivre en paix. Et comme l’a dit le célèbre poète anglais Milton: 
“La paix a ses victoires 
Non moins célèbres que celles de la guerre.” 

*** 

LIBAN-FRANCE “UNE AMITIÉ D’INSTINCT” 
“Les liens entre le Liban et la France sont séculiers car ils émanent d’une commune croyance en la Liberté et d’un solide attachement aux valeurs humaines et ce, d’autant plus que la francophonie fait du Liban un des centres les plus rayonnants de la région”, déclare M. Turk. 
“Alors que le Liban entretient avec certains pays des relations strictement diplomatiques, avec d’autres des relations essentiellement économiques, avec une troisième catégorie des relations culturelles et touristiques, le Liban entretient avec la France des relations à tous les niveaux: politique, économique, culturel, touristique, etc... Pas un seul domaine n’est négligé entre les deux pays”, explique l’ancien ambassadeur du Liban en France. 
A l’occasion de son départ de Paris, au cours du déjeuner offert au Quai d’Orsay en son honneur, Fouad Turk a prononcé une allocution restée célèbre: 
(...) “J’ai essayé d’être le fidèle et loyal représentant du Liban, de tout le Liban, étape des plus exaltantes de ma vie de diplomate car, bénéficiant toujours de l’amitié généreuse et du soutien indéfectible que la France n’a eu de cesse de manifester au destin du Liban, amitié et appui d’autant plus précieux, plus réconfortants que le pays des Cèdres vivait les moments les plus cruels de son existence. 
(...) “Votre illustre président a parlé d’une amitié d’instinct avec le Liban et qu’il n’acceptera jamais que le Liban devienne “le remords du monde”. 
(...) “Je quitterais le sol français, non sans mélancolie et émotion mais, aussi, avec une foi inébranlable en un meilleur futur pour un Liban ayant enfin retrouvé la paix, jouissant de sa pleine souveraineté, de son unité, de sa liberté, de son indépendance et confiant que les relations franco-libanaises demeurent indestructibles, étant le fruit d’un long mariage de cœur et de raison.” 

*** 
VOLONTÉ D’ACTION, SAGESSE POLITIQUE,  
SÉDUCTION RÉFLÉCHIE: 
Promoteur d’une diplomatie rajeunie, Fouad Turk est le diplomate qui pense que la politique extérieure ne peut se régler sur un programme fixé d’avance dans tous ses détails, elle est au contraire, l’art de compter avec des facteurs donnés dans l’ordre mouvant des choses. 
Il incarne la définition que donne Paul Cambon du diplomate: “En diplonatie, déclarait cet ambassadeur de France, il ne suffit pas d’avoir raison, il s’agit de plaire.” 
Cette maxime de Paul Cambon, sied parfaitement à Fouad Turk. Circonspect et fin, il possède un sens inné de l’humour qui lui fait voir les choses sous leur meilleur jour. 
Parmi les qualités indispensables pour donner de l’éclat à une mission diplomatique, l’éloquence tient le premier rang. Et Fouad Turk sait parler et sait aussi se taire; il a fait sien ce conseil de Metternich: 
“On ne doit pas la vérité à ceux qui n’ont pas le droit de vous la demander.” 
Volonté d’action, sagesse politique, séduction réfléchie, voilà Fouad Turk. 
Rentré au Liban, il se livre à des activités culturelles, intellectuelles, artistiques et prépare ses mémoires. 
Il ne fait pas de le politique, il se refuse à participer à la “politique politicienne”, qu’il juge égoïste, étroite et sans horizon. 
Par contre, il est prêt à servir le Liban, qu’il a toujours considéré comme son seul patron. Il met son expérience de 35 ans de vie diplomatique à la disposition de son pays. Il est à souhaiter que Fouad Turk fasse bénéficier de sa sagesse les nouveaux diplomates. 
Surnommé “l’ambassadeur de la bonne humeur”, il considère qu’il faut vivre avec son temps. Il affirme qu’on commence à vieillir dès que l’on cesse d’apprendre. Le vieillissement étant la conséquence et non la cause, du défaut d’activité intellectuelle. 
“Un être non sollicité est un être réduit à l’état de néant”, rappelle Valery. Rien à craindre pour Fouad Turk, il sillonne le Liban en donnant des conférences et en faisant partager son enthousiasme pour l’avenir, en mobilisant tout son être et toute son énergie au service de l’unité, de l’amour.    
FOUAD TURK
Né le 22 décembre 1931 à Zahlé. Diplômé de l’Université libanaise. M.A. en histoire de l’université d’Ottawa.
Après une carrière universitaire, il est promu attaché au ministère des Affaires étrangères en 1957; puis, attaché à l’ambassade libanaise d’Ottawa, avant d’être premier secrétaire d’ambassade à Bogota (Colombie), de 1964 à 1966; puis, chargé d’Affaires en Colombie, Bolivie, Equateur et Pérou, de 1966 à 1969. Il revient à l’Administration centrale de Beyrouth comme chef de la section internationale, en 1969. Il est membre de la mission présidentielle de bons offices dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest (1970 à 1971). Il est nommé consul général à New York et conseiller à la mission permanente libanaise des Nations Unies, en octobre 1971; puis, ambassadeur en Argentine, au Chili, en Uruguay et au Paraguay en 1973, avant d’être ambassadeur en Iran; puis, ambassadeur non-résident en Afghanistan, à partir de novembre 1978. Il est nommé secrétaire général du ministère des Affaire étrangères et des Libanais résidant à l’étranger, en 1983. Ambassadeur du Liban en France de 1988 à 1990, il est ensuite nommé ambassadeur à Berne (Suisse), en 1990. Membre de la délégation libanaise à l’assemblée générale des Nations Unies à plusieurs reprises, il est président de la délégation libanaise aux assemblées générales des Nations Unies en 1984, 1986 et 1987. Président de la délégation libanaise à différentes sessions de la Ligue arabe, il a, également, été président de la mission présidentielle de bons offices dans onze pays d’Afrique de l’Ouest en 1987.
Grand officier de l’ordre du Cèdre; grand cordon de l’ordre de Saint Martin (Argentine); grand cordon de l’ordre de San Carlos (Colombie); grand cordon de l’ordre de la Croix de Malte.
 

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