Le président
de la République française, M. Jacques
Chirac avec l’ambassadeur
du Liban,
M. Fouad Turk.
Le président François Mitterrand
et l’ambassadeur du Liban en France. Photo prise
le 31 mai 1988.
M. Jean-Pierre Chevènement, alors ministre
de la Défense, avec M. Fouad Turk. Aujourd’hui, M. Chevènement
est ministre de l’Intérieur.
L’ambassadeur du Liban en conversation avec Mme Danièle
Mitterrand et le ministre français de la Culture, M. Jack Lang.
Ici, en compagnie du président du Sénat,
M. Alain Poher.
|
Le
président de la République française, M. Jacques Chirac
et Mme Bernadette Chirac seront au Liban à partir du vendredi 29
mai, pour inaugurer la Résidence des Pins, qui redeviendra le siège
officiel de l’ambassadeur de France au Liban.
Le président Chirac en est à sa troisième visite
au Liban, en l’espace de deux ans. Ceci témoigne de l’amitié
de la France pour le Liban, son attachement à sa souveraineté
et à l’intégrité de son territoire.
“FIDÉLITÉ, RÉALISME, OPINIÂTRETÉ”
Alors qu’il était ministre français des Affaires étrangères,
M. Hervé de Charette a, ainsi, défini la politique de la
France au Liban: “Fidélité, réalisme et opiniâtreté”.
Il a, aussi, ajouté: “La France ne se laissera pas intimider. Elle
soutiendra le Liban dans la prospérité comme dans l’adversité.”
Parmi tous les diplomates français et libanais qui ont contribué
au resserrement des liens entre la France et le Liban, citons l’ambassadeur
Fouad Turk qui, en tant que secrétaire général du
ministère libanais des Affaires étrangères; puis,
ambassadeur en France, en est un des exemples les plus frappants.
Si on parle, aujourd’hui de Fouad Turk, c’est surtout parce qu’il a
eu, peut-on dire, l’honneur de maintenir ces liens à un moment des
plus difficiles de l’Histoire du Liban.
Il a échu à Fouad Turk de maintenir l’unité du
ministère libanais des Affaires étrangères et de sauvegarder
les relations d’amitié traditionnelles entre le Liban et la France,
alors que des interventions pénibles mettaient en péril cette
amitié.
Traditionnellement, le poste d’ambassadeur du Liban en France est un
poste des plus prisés et s’il n’est pas un poste de tout repos,
il est néanmoins extrêmement agréable. Or, il se fait
que le séjour de Fouad Turk coïncide avec les accords de Taëf
et que les dizaines de milliers de Libanais en France se divisent entre
partisans et adversaires de l’accord. Paris devient, ainsi, un des champs
sur lequel les pro et les anti-Général Aoun, se livrent bataille.
Fouad Turk a su gérer avec sagesse, patience et diplomatie,
la situation, rester l’homme du dialogue permanent et celui de l’unité
nationale.
***
“LA DIVERSITÉ DOIT ENGENDRER LA FORCE...”
L’ambassadeur de “Noël”, né un 22 décembre, est
un fervent partisan de la Paix, de l’amour entre les citoyens et entre
les peuples. Fouad Turk a su maintenir le fragile équilibre entre
le principe et le chaos.
- Que pense-t-il de la situation actuelle au Liban?
“Fidèle à mes principes, je prône toujours que
la diversité doit engendrer la force et non le démembrement
de notre société. Si nous sommes tous sincères et
loyaux, les diverses forces composantes de notre nation pourraient en se
combinant, engendrer une résultante, solide, inébranlable
dans cette partie du monde. L’étincelle de paix peut jaillir des
cendres de la guerre, non seulement au Liban, mais dans tout le Proche-Orient.
“Aussi vrai que paradoxal, nos contrastes ont toujours fait notre richesse.
Le Liban, à travers sa longue Histoire, a porté le triple
message d’amour, de clémence et d’unité et ne pourrait renoncer
à sa vocation.
Fouad Turk poursuit: “Nous sommes contre la terminologie de “coexistence”
qui sous-entend de la passivité. Nous sommes pour l’“unité”,
car c’est une notion agissante. Au Liban, nous ne sommes pas des nations
qui cohabitent, mais une seule qui doit faire face à toutes les
situations, bonnes ou mauvaises. Nous devons être fiers de pouvoir
vivre en paix. Et comme l’a dit le célèbre poète anglais
Milton:
“La paix a ses victoires
Non moins célèbres que celles de la guerre.”
***
LIBAN-FRANCE “UNE AMITIÉ D’INSTINCT”
“Les liens entre le Liban et la France sont séculiers car ils
émanent d’une commune croyance en la Liberté et d’un solide
attachement aux valeurs humaines et ce, d’autant plus que la francophonie
fait du Liban un des centres les plus rayonnants de la région”,
déclare M. Turk.
“Alors que le Liban entretient avec certains pays des relations strictement
diplomatiques, avec d’autres des relations essentiellement économiques,
avec une troisième catégorie des relations culturelles et
touristiques, le Liban entretient avec la France des relations à
tous les niveaux: politique, économique, culturel, touristique,
etc... Pas un seul domaine n’est négligé entre les deux pays”,
explique l’ancien ambassadeur du Liban en France.
A l’occasion de son départ de Paris, au cours du déjeuner
offert au Quai d’Orsay en son honneur, Fouad Turk a prononcé une
allocution restée célèbre:
(...) “J’ai essayé d’être le fidèle et loyal représentant
du Liban, de tout le Liban, étape des plus exaltantes de ma vie
de diplomate car, bénéficiant toujours de l’amitié
généreuse et du soutien indéfectible que la France
n’a eu de cesse de manifester au destin du Liban, amitié et appui
d’autant plus précieux, plus réconfortants que le pays des
Cèdres vivait les moments les plus cruels de son existence.
(...) “Votre illustre président a parlé d’une amitié
d’instinct avec le Liban et qu’il n’acceptera jamais que le Liban devienne
“le remords du monde”.
(...) “Je quitterais le sol français, non sans mélancolie
et émotion mais, aussi, avec une foi inébranlable en un meilleur
futur pour un Liban ayant enfin retrouvé la paix, jouissant de sa
pleine souveraineté, de son unité, de sa liberté,
de son indépendance et confiant que les relations franco-libanaises
demeurent indestructibles, étant le fruit d’un long mariage de cœur
et de raison.”
***
VOLONTÉ D’ACTION, SAGESSE POLITIQUE,
SÉDUCTION RÉFLÉCHIE:
Promoteur d’une diplomatie rajeunie, Fouad Turk est le diplomate qui
pense que la politique extérieure ne peut se régler sur un
programme fixé d’avance dans tous ses détails, elle est au
contraire, l’art de compter avec des facteurs donnés dans l’ordre
mouvant des choses.
Il incarne la définition que donne Paul Cambon du diplomate:
“En diplonatie, déclarait cet ambassadeur de France, il ne suffit
pas d’avoir raison, il s’agit de plaire.”
Cette maxime de Paul Cambon, sied parfaitement à Fouad Turk.
Circonspect et fin, il possède un sens inné de l’humour qui
lui fait voir les choses sous leur meilleur jour.
Parmi les qualités indispensables pour donner de l’éclat
à une mission diplomatique, l’éloquence tient le premier
rang. Et Fouad Turk sait parler et sait aussi se taire; il a fait sien
ce conseil de Metternich:
“On ne doit pas la vérité à ceux qui n’ont pas
le droit de vous la demander.”
Volonté d’action, sagesse politique, séduction réfléchie,
voilà Fouad Turk.
Rentré au Liban, il se livre à des activités culturelles,
intellectuelles, artistiques et prépare ses mémoires.
Il ne fait pas de le politique, il se refuse à participer à
la “politique politicienne”, qu’il juge égoïste, étroite
et sans horizon.
Par contre, il est prêt à servir le Liban, qu’il a toujours
considéré comme son seul patron. Il met son expérience
de 35 ans de vie diplomatique à la disposition de son pays. Il est
à souhaiter que Fouad Turk fasse bénéficier de sa
sagesse les nouveaux diplomates.
Surnommé “l’ambassadeur de la bonne humeur”, il considère
qu’il faut vivre avec son temps. Il affirme qu’on commence à vieillir
dès que l’on cesse d’apprendre. Le vieillissement étant la
conséquence et non la cause, du défaut d’activité
intellectuelle.
“Un être non sollicité est un être réduit
à l’état de néant”, rappelle Valery. Rien à
craindre pour Fouad Turk, il sillonne le Liban en donnant des conférences
et en faisant partager son enthousiasme pour l’avenir, en mobilisant tout
son être et toute son énergie au service de l’unité,
de l’amour.
FOUAD TURK
Né le 22 décembre 1931 à Zahlé. Diplômé
de l’Université libanaise. M.A. en histoire de l’université
d’Ottawa.
Après une carrière universitaire, il est promu attaché
au ministère des Affaires étrangères en 1957; puis,
attaché à l’ambassade libanaise d’Ottawa, avant d’être
premier secrétaire d’ambassade à Bogota (Colombie), de 1964
à 1966; puis, chargé d’Affaires en Colombie, Bolivie, Equateur
et Pérou, de 1966 à 1969. Il revient à l’Administration
centrale de Beyrouth comme chef de la section internationale, en 1969.
Il est membre de la mission présidentielle de bons offices dans
neuf pays d’Afrique de l’Ouest (1970 à 1971). Il est nommé
consul général à New York et conseiller à la
mission permanente libanaise des Nations Unies, en octobre 1971; puis,
ambassadeur en Argentine, au Chili, en Uruguay et au Paraguay en 1973,
avant d’être ambassadeur en Iran; puis, ambassadeur non-résident
en Afghanistan, à partir de novembre 1978. Il est nommé secrétaire
général du ministère des Affaire étrangères
et des Libanais résidant à l’étranger, en 1983. Ambassadeur
du Liban en France de 1988 à 1990, il est ensuite nommé ambassadeur
à Berne (Suisse), en 1990. Membre de la délégation
libanaise à l’assemblée générale des Nations
Unies à plusieurs reprises, il est président de la délégation
libanaise aux assemblées générales des Nations Unies
en 1984, 1986 et 1987. Président de la délégation
libanaise à différentes sessions de la Ligue arabe, il a,
également, été président de la mission présidentielle
de bons offices dans onze pays d’Afrique de l’Ouest en 1987.
Grand officier de l’ordre du Cèdre; grand cordon de l’ordre
de Saint Martin (Argentine); grand cordon de l’ordre de San Carlos (Colombie);
grand cordon de l’ordre de la Croix de Malte. |
|