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La mort de plusieurs personnes ayant pris du Viagra a fait hésiter beaucoup d’acheteurs potentiels qui y fondaient leurs espoirs. Un autre problème se pose pour le cachet bleu : celui de sa paternité. D’aucuns affirment qu’elle est un droit absolu pour le docteur Ronald Virag ayant collaboré aux recherches. Ce dernier accuse toujours l’indifférence des investisseurs de l’Hexagone en insistant sur le fait que le Viagra serait aujourd’hui un produit à 100% français, si ses conseils avaient été retenus. L’appellation “Viagra” inclut tout le nom “Virag”, plus une lettre. Cette “coïncidence” a le don d’irriter l’intéressé, qui exige le changement du terme. Une action en justice a déjà commencé. L’affaire est entre les mains des avocats des deux parties. Nombre d’observateurs parlent d’une pilule identique fabriquée en Europe. Si le conflit persiste, on aboutira certainement à la création d’un clone de Viagra européen.
Mal de tête ? Un peu d’aspirine et vous voilà guéri. Déprime ? Prozac vous fera planer. Excès de cholestérol ? Une cure de Lipitor et le tour est joué. Panne sexuelle ? Le nouveau remède est là : Viagra ! Aujourd’hui, tout se soigne, à condition d’y mettre le prix et la volonté. Plusieurs décennies après l’invention de la pilule pour femme, l’homme dispose désormais de la sienne ; et il compte le faire savoir. Viagra = réussite ? Doux euphémisme. Du jamais vu, les ordonnances se multiplient, les ventes explosent ! Qu’est-ce qui explique ce phénoménal succès ? Une des raisons est que la plupart des hommes, se jugent et sont jugés sur leurs performances sexuelles. Le sexe faible étant, plus ou moins directement, le prescripteur de cette exigence. Alors, Pfizer, marchand de bonheur ? Toujours est-il que les ventes de la belle bleue font le sien. Avec Viagra, tout le monde est content : l’acheteur, raide de joie ; les médecins, enchaînant les ordonnances et enfin les laboratoires Pfizer qui se frottent les mains de l’arrivée accidentelle de cet or bleu. Ne vous y fiez pas, cette petite pilule azur fait des ravages. En toute logique un marché noir s’est instauré, poussé par une forte demande faiblement assouvie. Si le Prozac soignait une dépression déjà ancrée, Viagra peut prévenir une cause qui mènerait vers un état dépressif : l’impuissance. A une époque où l’Homme se soucie de tout et néglige sa santé, il lui faut des palliatifs. Mais le Viagra tient-il ses promesses ? Le monde veut y croire. Las de voir Viagra sur les couvertures des journaux, les gens espèrent enfin connaître son efficacité sous leurs couvertures… A l’inverse des injections par aiguilles – encore douloureuses – Viagra est utilisable par voie orale et c’est là tout son charme. Dans son confort d’utilisation : plus besoin d’aller se faire piquer, une pilule avant l’acte et c’est – en principe – gagné ! Ce comprimé fait-il réellement des miracles ? Il doit être aidé par son utilisateur – c’est à dire que le désir doit effectivement exister – une certitude toutefois : il redore l’ego de celui qui l’avale ! Parmi les participants au projet “Sildenafil”, qui mena à la concrétisation du Viagra, le professeur Ronald Virag, chirurgien cardio-vasculaire de renommée mondiale, spécialisé dans les maladies liées à l’impuissance. Le Docteur Virag, inventeur des injections de papavérine et un des cerveaux à l’origine du projet Viagra, met les points sur les “i” et affirme que les résultats obtenus avec une piqûre demeurent les plus probants. Viagra, contraction de Vigueur et Niagara, ou anagramme de Virag ? Les tribunaux trancheront. Récemment, une succession de mauvaises nouvelles vint noircir les desseins de Pfizer et par là même, affecter leur cote en bourse. Nombre de personnes sont mortes après avoir pris du Viagra. L’enquête suit son court et on ignore encore s’il y a eu mélange de médicaments incompatibles. Les responsables de Pfizer ont averti quant à une mauvaise utilisation du produit. Ces problèmes confirment les recommandations du professeur Virag : les prescriptions faites par un médecin généraliste, doivent avoir l’approbation d’un spécialiste. Son livre, intitulé : “La pilule de l’érection et votre sexualité : mythes et réalités”, sort le 18 juin aux éditions Albin Michel. “La Revue du Liban” a eu un entretien avec le docteur Virag qui s’est expliqué sur le conflit, l’opposant à Pfizer, ainsi que sur la réalité et l’avenir du Viagra.
La Revue du Liban : Professeur Virag, vous êtes reconnu pour être le père de la guérison des maladies concernant l’impuissance. On a beaucoup parlé récemment du Viagra, qui emprunte à votre nom quelques lettres. Quelle est l’histoire du Viagra ?
Professeur Virag : En effet, il prend toutes les lettres de mon nom et il en rajoute une. Tout d’abord, une précision importante : je n’ai pas inventé le Viagra ; pour une bonne raison. Personne ne l’a inventé, il s’est inventé tout seul. L’histoire appartient à la firme Pfizer. Tout débute en 1993-94 ; à cette époque, nous assistons à un petit-déjeuner dans un hôtel à San-Francisco, où des responsables de la firme Pfizer, multinationale à prédominance américaine, réunissent une quinzaine d’experts les plus connus dans le domaine, pour nous parler d’une molécule qui s’appelait à l’époque “Sildenafil”, mise au point par ce même laboratoire, destinée à traiter l’angine de poitrine et les maladies cardiaques. Cette molécule ne fonctionnait pas très bien pour le cœur. Toutefois, les volontaires rapportaient qu’ils parvenaient à avoir des érections beaucoup plus facilement. Pfizer a donc voulu creuser dans ce sens et nous a demandé, ce jour-là, de réfléchir à des protocoles et d’y participer. C’est comme cela qu’a démarré l’investigation…
La Revue du Liban : Quel était le rôle du docteur Virag dans cette histoire ?
Professeur Virag : J’ai été un investigateur parmi d’autres. J’ai dirigé une équipe France-Norvège-Angleterre, chargée d’effectuer des expériences avec des patients. Nous avions deux centres de recherches : un aux Etats-Unis, à Groton, dans le Connecticut et l’autre, à Sandwich en Angleterre. J’ai moi-même apporté un certain nombre d’éléments, puis j’ai présenté les résultats de l’étude européenne au congrès mondial de l’impuissance en 1996 ; et c’est là que j’ai vu apparaître le nom de Viagra. Je me renseigne et l’on m’affirme qu’il s’agit d’une coïncidence, qui correspond à une divinité indienne. Je cherche, pas de divinité indienne à l’origine ! J’ai toujours pensé qu’il y aurait un accord de coopération, compte tenu de ce que j’avais fait, me proposant quelque chose à la sortie du produit. Depuis cette médiatisation énorme, tout s’est compliqué. D’abord, les gens pensaient que j’avais découvert le médicament, ensuite tout le monde affirmait que mon nom avait été utilisé, Pfizer infirmant ces déclarations.
La Revue du Liban : Un litige vous oppose à la firme Pfizer au sujet de l’analogie entre Viagra et Virag. Qu’en est-il ?
Professeur Virag : Ce que je souhaite, c’est que Pfizer donne des explications sur la similitude entre les noms.
La Revue du Liban : Une solution à l’amiable est-elle envisageable ou bien les tribunaux trancheront ?
Professeur Virag : Ce sont les avocats qui ont les cartes en mains. J’ai toujours entretenu de très bonnes relations avec les chercheurs de Pfizer et je continue à travailler avec eux sur des publications. J’espère que l’on aboutira à un accord, mais vis-à-vis de ma famille et de mes proches, je ne pouvais pas ne pas réagir.
La Revue du Liban : Le Viagra est-il vraiment efficace ?
Professeur Virag : Oui, tout à fait. Tous les travaux sont sérieux. Il l’est dans 40 à 70% des cas, suivant les séries de malades étudiés. C’est un médicament qui renforce les érections quand on en a encore, mais qu’elles sont faibles.
La Revue du Liban : Ce n’est pas à prendre n’importe comment…
Professeur Virag : Ni n’importe comment, ni avec une certitude absolue de réussite.
La Revue du Liban : Le malade doit donc être vu par un médecin
Professeur Virag : Absolument ! Il y a une exagération formidable en Amérique où l’on semble distribuer le médicament à n’importe qui, n’importe comment et je crains qu’à un moment ou un autre il n’y ait des accidents.
La Revue du Liban : Viagra a-t-il un père ?
Professeur Virag : Il n’y a pas de père. Deux hommes ont contrôlé les études. Le Français Wicker et l’Anglais Osterloh, en ont été les coordonateurs.
La Revue du Liban : Le Viagra affecte-t-il le cœur ?
Professeur Virag : Je déconseillerai formellement aux cardiaques de prendre le Viagra. Déjà, il y a une contre-indication absolue, c’est l’association entre Viagra et les dérivés nitrés, destinés aux cardiaques. De même, j’ai découvert une autre contre-indication chez les patients suivant un traitement capillaire à base de Minoxidil. Et j’estime que Viagra est à déconseiller aux gens souffrant d’hypertension et prenant deux médicaments afin de la traiter, car il y a cumulation des effets et il peut y avoir des chutes tensionnelles.
La Revue du Liban : Viagra est effectif après 40 à 60 minutes. Viagra II, qui est à l’étude agirait seulement quelques minutes après.
Professeur Virag : Viagra II, ce sera dans 10 ans ! Disons en se pressant 5, voire 6 ans.
La Revue du Liban : Ce n’est pas un paradis à conseiller à tout le monde ?
Professeur Virag : Il y a beaucoup de questions qui se posent. Pour qui Viagra est bon essentiellement ? Pour l’homme de la cinquantaine, qui fume un peu, a un peu de cholestérol – il y en a des milliers au Liban –, qui boit pas mal d’arak et aime la bonne cuisine. Ce bon vivant, commence à cinquante ans à avoir quelques fatigues avec des échecs. Si l’on s’adresse à des personnes n’ayant pas trop de difficultés, on va faire des heureux…
La Revue du Liban : Le docteur Virag pourrait-il faire en France, une pilule comme le Viagra ?
Professeur Virag : Sûrement, si j’avais trouvé – depuis 15 ans que je préviens l’industrie pharmaceutique française – les concours nécessaires, la pilule ne serait pas américaine, mais française à 100%, puisqu’on avait 15 années d’avance ! Personne n’a voulu prendre la décision.
La Revue du Liban : Si maintenant quelqu’un le faisait ?
Professeur Virag : Il faut améliorer la technique des traitements locaux. Il faut les simplifier, qu’ils ne soient pas forcément liés à ce médicament que l’on avale et qui a tout de même des effets secondaires : céphalées, douleurs muscu-laires, troubles digestifs…
La Revue du Liban : Quelle est la dose hebdomadaire du Viagra ?
Professeur Virag : Une fois par jour, si le patient le veut.
La Revue du Liban : Et il sera toujours en forme ?
Professeur Virag : On ne sait pas quelle est la capacité du produit à durer dans le temps. Pour le moment, on a deux ans de recul. Ce n’est pas assez. Y aura-t-il un épuisement des effets chez les patients qui prennent le médicament ?
La Revue du Liban : Si un grand pourcentage des problèmes liés à l’impuissance sont d’ordre psychologique, pourrait-on substituer un placebo au Viagra ?
Professeur Virag : Les cas psychologiques purs, sont rares. Mais l’association de l’anxiété de performance et de petits troubles organiques est plus fréquente.
La Revue du Liban : Vous avez déclaré qu’il n’avait pas été testé sur les impuissances sévères. Quel est son taux de réussite ?
Professeur Virag : Son taux de réussite est de 40 à 70% dans les séries de patients traités. On a éliminé des études à peu près 50% des patients tout venant. Il ne faut pas confondre les résultats bruts d’une étude et les résultats qui sont produits dans le cadre de la recherche d’une autorisation de mise sur le marché. Dans ce cas les laboratoires cherchent à optimiser leurs résultats et à démontrer que le médicament en question – s’il est le premier de sa catégorie – fonctionne mieux qu’un placebo. Ils ne cherchent pas à démontrer qu’il a un maximum d’activité sur tous les impuissants. Donc que font-ils ? Ils choisissent ceux chez qui il y a des chances que cela marche bien.
La Revue du Liban : Quelle est la durée de l’érection ?
Professeur Virag : 30 à 40 minutes mais l’effet peut revenir. Chaque cas est unique.
La Revue du Liban : Comparé aux injections intra-caverneuses lequel des deux est le plus efficace ?
Professeur Virag : L’injection ! Il n’est indiqué nulle part, on n’a aucune certitude que le Viagra guérit l’impuissance. Il aide à avoir des érections. Avec les injections on a 25 à 30% d’améliorations vraies des impuissances.
La Revue du Liban : Peut-on limiter la douleur de la piqûre ?
Professeur Virag : Il existe aujourd’hui de petites aiguilles très fines, pratiquement impercep-tibles. On verra prochainement des dispositifs quasi-indolores.
La Revue du Liban : Si c’est le cas, le succès du Viagra risque-t-il d’en être affecté ?
Professeur Virag : Oui, mais soyons clairs : le Viagra va rester en tête d’affiche pendant quelques années, trois ans au moins. D’abord, parce qu’il y a la fascination du comprimé. Dans l’esprit des gens, prendre un comprimé et être guéri, c’est l’idéal. C’est la potion magique d’Astérix, le philtre d’Yseult…
La Revue du Liban : Pfizer n’est pas le premier laboratoire, il est le sixième après : Glaxo Wellcome (G.B.), Merck (E.U.), Novartis (Suisse), Bristol-Myers-Squibb (E.U.), Johnson & Johnson (E.U.). Risque-t-il d’être devancé ?
Professeur Virag : Il est le sixième, mais c’est celui qui a le meilleur carnet de molécules nouvelles dans son portefeuille. La puissance d’un laboratoire se mesure plus qu’à son chiffre d’affaires global, à sa capacité à développer de nouvelles molécules. Pfizer a signé une joint-venture avec Takeda pour faire ce fameux Viagra II. Alors la concurrence s’active.
La Revue du Liban : Quel est l’effet du Viagra sur une personne ne souffrant d’aucun syndrome ?
Professeur Virag : Le laboratoire dit : ça n’a pas d’intérêt pour lui, mais le patient pense différemment. Ça ne peut pas lui faire grand mal sur le plan physiologique. Les effets secondaires existent, mais il n’y aura pas de gravité particulière. Par contre, il y a un risque de le faire tomber dans une dépendance vis-à-vis du médicament. Il facilite l’érection dans tous les cas.
La Revue du Liban : Il peut alors y avoir accoutumance et le cas échéant affaiblissement de l’effet. Donc nécessité d’augmenter de la dose ?
Professeur Virag : Il existe trois doses 25, 50 et 100 milligrammes. La dose efficace c’est 50 mg pour les gens qui n’ont pas grand chose et 100 mg pour ceux qui souffrent profondément. La dose de 25 mg est destinée aux personnes qui supportent mal les effets secondaires.
La Revue du Liban : Les femmes peuvent-elles utiliser le Viagra ? Et quel en est l’effet ?
Professeur Virag : Il est à déconseiller aux femmes avec les doses pour hommes. Il guérit une forme de frigidité que l’on appelle les troubles de l’excitation. Des femmes qui n’ont pas de réaction clitoridienne ou pas assez de lubrification vaginale. Il semble que ça marche, mais il est encore trop tôt pour donner des appréciations ; c’est une voie de recherche.
La Revue du Liban : Le Viagra est-il disponible en Europe, ou à défaut sur le marché parallèle ?
Professeur Virag : Le Viagra n’existe pas
dans l’Europe de la communauté, officiellement, car il n’a pas obtenu
de l’Agence européenne du médicament son visa de sortie.
Après quoi, il faut que chaque pays confirme ; tel pays va
peut-être confirmer avant la France… En théorie, c’est illégal
de s’en procurer, mais en pratique les gens vont se fournir en Andorre,
en Suisse, au Vatican…
La Revue du Liban : Pensez-vous qu’il s’agit d’une bonne décision de la part de la France que d’exiger du recul face à un tel enthousiasme ?
Professeur Virag : Le produit est attendu en France pour novembre. Les responsables de l’Agence européenne du médicament ont été très énervés par l’ensemble de la couverture médiatique, la ruée des Américains pour ressembler à leur président. Cette agence pourrait peut-être même limiter l’autorisation des prescriptions à des cas particuliers dans un premier temps. Ce que j’aurai souhaité, c’est que l’on réserve les indications aux spécialistes, c’est-à-dire que le généraliste demande le conseil d’un spécialiste. Sinon tout le monde va prendre le Viagra.
La Revue du Liban : Le prix du Viagra est voué à baisser ou au contraire à augmenter ?
Professeur Virag : Si on lit la politique de Monsieur William Steere [président de Pfizer depuis 1991 – Ndlr], il ne semble pas vouloir le faire baisser. Il me semble que le prix est surévalué par rapport au coût du développement. Un laboratoire n’intègre pas le prix dans le coût spécifique du médicament, mais plutôt dans sa politique générale. Il est bien évident qu’une étude de marché avait été effectuée chez Pfizer et que l’on savait qu’il y aurait une explosion derrière. Pour preuve : on n’a jamais manqué de stock, alors qu’il y a eu une ruée ! Je souhaite que le prix baisse, une boîte de 30 cachets coûte, actuellement, en Andorre 2900 F.F.
La Revue du Liban : La couleur du cachet est-elle liée à un des effets secondaires, qui fait voir bleu ?
Professeur Virag : Je ne sais pas qui en a décidé ainsi, mais j’ai dit dans une intervention que j’avais faite lors d’une conférence où le staff qui expérimentait le Viagra était présent : “la seule chanson française que les Américains connaissent bien, c’est ‘La vie en rose’, maintenant les hommes pourront chanter ‘La vie en blue’”. Ça leur a beaucoup plu. La couleur des médicaments est choisie avec autant de soin que le nom. C’est pour cette raison que le nom n’est pas innocent.
La Revue du Liban : Le sexe est-il une nécessité ?
Professeur Virag : C’est propre à chacun. Bien sûr que le sexe est une nécessité ! Sinon vous n’auriez pas vu cette légion de gens se précipiter. Le sexe est nécessaire à l’équilibre de la vie. Ce n’est pas le sexe en tant que tel, c’est que l’homme est structuré dans son cerveau avec une machine qui lui indique quand il a faim, quand il a soif et quand il a des besoins sexuels à satisfaire. Après, avec son intellect, avec sa volonté, il a le choix de savoir : est-ce qu’il veut manger un hamburger ou préfère-t-il aller dans un restaurant pour fins gourmets ? C’est son choix personnel. La sexualité c’est pareil. Est-ce que vous la voulez pour votre équilibre de vie ou non ?
La Revue du Liban : Viagra devrait-il être remboursé ?
Professeur Virag : Grand problème ! Toutes les assurances américaines qui avaient commencé par dire : “On le rembourse”, étaient refroidies lorsqu’elles ont vu le nombre d’ordonnances ! Il faut faire des remboursements sélectifs et on ne peut faire cela qu’à partir du moment où ce sont les spécialistes qui statuent sur un besoin absolu du médicament et une utilisation par confort. Il faut avoir la volonté de faire cela. Mais ce n’est pas la politique du laboratoire qui veut faire marcher la machine à sous.
La Revue du Liban : Aujourd’hui, on soigne par cachets : les migraines, les insomnies, la calvitie et désormais l’impuissance. On parle de la nouvelle ère des drogues de “mode de vie”. Jusqu’à quelle mesure peut-on être assisté ?
Professeur Virag : On le sera de plus en plus, c’est inéluctable. Génétiquement, l’homme est programmé pour vivre 120 ans. La moyenne de vie d’un homme ou d’une femme est entre 70 et 80 ans dans les pays occidentaux. Elle est variable dans chaque Etat. On a aujourd’hui, même dans les pays les plus riches, une marge de 40 ans à gagner. On essaye de trouver les molécules qui freinent le vieillissement des cellules, d’effectuer des recherches sur les médicaments qui vont prévenir ou tuer le cancer. Il n’y a aucune raison que cela s’arrête, parce que l’Homme le veut, car il a peur de la mort et que la philosophie est à la consommation et beaucoup moins au spirituel, c’est-à-dire à se préparer au fait que l’on doit mourir un jour. De nos jours on ne veut plus mourir.