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![]() Nous nous demandions, la semaine dernière, si faute d’une liste consensuelle, les élections municipales seraient ajournées à Beyrouth, à l’effet d’éviter un éventuel déséquilibre au plan de la représentativité de la fraction chrétienne. A vrai dire, il aurait été préférable de reporter le scrutin, ne serait-ce de quelques semaines, afin d’apporter à la loi sur base de laquelle sont élus les conseillers municipaux (et les moukhtars), les amendements destinés à la rendre plus valable. Comme le temps ne se prête pas, pour le moment, à une refonte de ladite loi, de façon à permettre le découpage de la capitale - à l’instar des arrondissements de Paris, lesquels tiennent lieu de circonscriptions électorales et administratives - on aurait pu, tout au moins, la modifier de manière à assurer une représentation équilibrée des différentes comunautés nationales. Exactement comme c’est le cas au sein de l’Assemblée: l’accord de Taëf n’a-t-il pas réparti, à égalité, les sièges parlementaires? Pourquoi n’en serait-il pas de même au niveau des conseils municipaux? Des hommes politiques soutiennent - et sur quoi se basent-ils pour le faire? - que les citoyens veilleront à préserver l’équilibre intercommunautaire au moment du vote! Pourtant, un exemple tout récent réfutant leur assertion, nous est donné par les résultats obtenus dimanche dernier à Tripoli, où le scrutin municipal a marqué un net recul de la représentativité chrétienne à la municipalité de la ville; de fait, les conseillers municipaux chrétiens ne sont plus que deux (grecs-orthodoxes) sur vingt-quatre... N’en déplaise aux Ligues et aux partis (chrétiens), les résultats des élections municipales et des moukhtars à Beyrouth risquent d’être similaires à ceux de la capitale nordiste, en dépit de la liste consensuelle constituée à Koraytem. Pour la simple raison que celle-ci n’a pas été agréée par une large frange de la population. En effet, une autre liste a été formée, soutenue par la “Jamaa islamiya”, les “Ahbache” et le “courant aouniste”, ce dernier s’étant allié avec M. Najah Wakim. Puis, comment les parties chrétiennes ayant choisi les candidats chrétiens de la “liste de l’entente beyrouthine” (celle de Koraytem), peuvent-elles s’arroger le droit de fixer leur choix sur des personnes déterminées à l’exclusion d’autres? Il est de notoriété publique que la représentativité des partis laisse beaucoup à désirer... Puis, on a politisé le scrutin municipal et au lieu ou en plus des partis, on aurait dû consulter les Ordres des professions libérales - ceux des médecins, des avocats, des ingénieurs, des journalistes, les associations féminines et les syndicats qui comptent bien des éléments connus pour leur honorabilité et leur compétence. Les deux listes qui vont s’affronter dimanche feront, sans nul doute, l’objet d’un panachage sur une large échelle et ceci ne rassure nullement quant à l’équilibre communautaire au sein du nouveau Conseil municipal. D’ores et déjà, le bureau médiati-que de l’évêché grec-orthodoxe a démenti la rumeur selon laquelle le métropolite de Beyrouth aurait “béni” le choix des candidats représentant sa communauté dans la liste consensuelle et réitéré son refus d’avancer des noms, car il est le père de tous ses coreligion-naires”... |