Editorial


Par MELHEM KARAM 

 
APRÈS LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES, MUNICIPALES ET LE PROCESSUS
DU RETOUR À SOI
QUI EST LE FUTUR PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE?
Nous disions, dès le début, que toute chose est possible avec la volonté et la détermination; qu’il n’y a rien d’impossible; que les élections municipales et des moukhtars sont possibles, accompagnées d’une volonté ferme et active, avec le minimum de pertes. Puis, l’élément le plus fort dans l’Etat, c’est l’Etat lui-même. S’il décide d’agir, toutes les considérations susceptibles d’entraver son action tombent. Nous l’avons touché du doigt, preuve en sont les élections, le taux de participation et les résultats auxquels elles ont abouti, sans violence ni effusion de sang.
Au Liban, la période d’après-guerre s’est terminée avec un succès relatif, suivie de la transposition du pays, avec vitalité, à sa précédente situation naturelle. Les élections ont montré le début du retour à la pratique d’une démocratie réussie.
Naturellement, il reste des brèches à combler. Réclamer les petites circonscriptions est courant dans le monde: à New York, dans des capitales, des villes européennes et même dans des capitale arabes. Et ce fait peut être réformé. Mais le plus important en cela est que l’Etat applique le système à tous, pour devenir l’Etat des institutions, c’est-à-dire l’Etat de la loi.
La république est un terme d’origine latine: Res Publica, c’est-à-dire la chose publique; telle est la traduction arabe de la république. Quiconque est responsable de la chose publique, fait partie des piliers de la république.
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Maintenant, seule nous intéresse la future élection présidentielle. Le prochain président doit être d’une pâte distinctive, appliquant la loi à tous les citoyens; jouissant d’une forte personnalité et consolidant l’administration pour la rendre apte à appliquer les textes. Quant à l’engagement de fonctionnaires, c’est une autre chose. Il existe une pléthore de fonctionnaires, assurent les responsables. L’Etat ne peut améliorer leur situation financière et ils se doivent de l’améliorer eux-mêmes. On doit compter à l’avenir sur le secteur privé qui doit se développer, à l’effet d’assurer un emploi à ceux qui en ont besoin.
Et l’administration, comme disent les gens du pouvoir, n’a pas à accroître le nombre des fonctionnaires. Il n’y a pas de travail à de nouveaux ronds-de-cuir, sinon leur nomination serait une “prébende” qui ne leur convient pas, pas plus d’ailleurs qu’à ceux qui les nomment.
Ces milieux ajoutent qu’il y a un sentiment de frustration et de prostration chez les fonctionnaires percevant des augmentations déplacées. De là, il faut réhabiliter la fonction publique qui, d’honneur, est devenue un fardeau et un “moyen d’en tirer profit”.
Une partie du développement s’est réalisée, après que lui fut assurée l’infrastructure, car il est impossible pour un pays de se relever sans routes, ni téléphone, ni eau, ni électricité.
Le grand problème auquel le nouveau régime sera confronté est la corruption énorme dont l’administration est affligée, ce qui fait à l’avance de tous les investisseurs et auteurs de projets, des victimes de l’administration. Ils doivent se déplacer d’un service à l’autre, se soumettre au chantage et accepter de payer des pots-de-vin. Ceci les pousse, en définitive, au désespoir et à la fuite.
Il est demandé des chances de travail que le secteur privé est appelé à créer, dans le cadre de la technologie évoluée, comme c’est le cas dans le monde moderne. L’industrie n’est pas, uniquement, des usines, mais une compétitivité qualitative internationale.
Le nouveau régime devra combattre l’émigration, le Liban n’étant pas seulement un centre financier et touristique, mais également un centre technologique, à l’instar d’Israël où le revenu des nouvelles sociétés équivaut au tiers du revenu national. Cette haute technicité (High Tech) et l’assainissement de l’administration, s’ils venaient à se réaliser, faciliteraient le sort de la bataille.
Le futur président de la République doit être un connaisseur versé dans l’économie, ne comptant pas sur des experts engagés; il doit être expert lui-même, au summum de la probité et appliquer la loi envers et contre tous.
D’une manière fondamentale et nécessaire, il doit préserver la solidarité avec la Syrie aux fins de faire face au danger que constituent les projets criminels d’Israël, lesquels confirment que l’Etat hébreu bluffe et ne veut pas la paix. Et que dans la mesure où nous consolidons nos pas sur terre, Israël fera marche arrière.
Le futur président doit inspirer confiance; avoir un passé sans tache, transcendant dans son domaine, ouvert à toutes les communautés, accepté par tous les citoyens, spécialement par sa communauté, apte à assurer une solidarité totale avec la Syrie.
Que nul ne nous rabâche les oreilles en répétant qu’il est pour la coordination libano-syrienne parfaite. Car c’est le moins qu’on puisse dire et nous n’avons pas une autre option.
C’est ce que nous voulons nous-mêmes et non la Syrie, les manœuvres sournoises et dangereuses d’Israël ne devant pas nous porter à capituler.
Le prochain président doit avoir conscience des implications du conflit arabo-israélien; du sens et de la profondeur des relations internationales, résolu à combattre ceux qui sèment la sédition à l’intérieur et imposent la capitulation, en dénouant la solidarité arabe soutenue par l’Arabie séoudite et l’Egypte. Il n’est pas permis de transiger sur les questions du destin, sinon nous serions perdus, spécialement les chrétiens. Ce que nous devons savoir avec clarté.
Les élections présidentielles ne sont pas une coïncidence et ne devraient pas l’être, le président en étant le fondement par sa personne et ses capacités, non en comptant sur des fonctionnaires, des conseillers et des experts. Il est tenu de sauvegarder le système financier et économique, de prévenir des crises économiques et sociales avant qu’elles se produisent.
Un lien existe entre toutes ces affaires et nous devons combattre un marasme ayant pour cause Israël, tout en n’ignorant pas le fait pour les Libanais et les étrangers de ne pas venir au Liban et de ne pas y investir.
Le Liban a besoin de fonds; pour cela, il doit encourager sa politique d’ouverture, afin d’intégrer le plus grand nombre de personnes désireuses d’en tirer profit et de le faire profiter.
Ceci en ce qui concerne les spécifications. Quant aux noms, ils viendront par la suite. Lorsque les formules se concrétiseront, toute chose s’éclaircira, l’établissement des noms étant prématuré aujourd’hui.
Le choix de la personne du président est tributaire des développements régionaux et internationaux. Historiquement, il n’y a pas de président au Liban avant le dernier quart d’heure; plus précisément, deux ou trois semaines avant l’élection. Il en fut ainsi avec le président Camille Chamoun. Le nom de Hamid Frangié était posé; puis, Camille Chamoun a émergé. Idem pour le président Fouad Chéhab. Des noms étaient avancés; la Chambre étant pour le président Camille Chamoun; puis, le général Jamil Lahoud était candidat, mais c’est le président Chéhab qui fut élu.
Le président Charles Hélou fut le candidat du moment. Il y avait, également, Abdel-Aziz Chéhab, Emile Boustany et le président Sleiman Frangié, celui-ci ayant été le candidat de la dernière heure, les deux anciens ministres Abdel-Latif el-Zein et Nassim Majdalani ayant fait pencher la balance en sa faveur. Le président Elias Sarkis était l’alternative à la reconduction du mandat du président Fouad Chéhab, son nom ayant été cité au dernier instant; Pierre Hélou, Camille Chamoun et Raymond Eddé figuraient parmi les présidentiables.
Bachir Gemayel fut le candidat du dernier moment; puis, Amine Gemayel et, après Taëf, René Mouawad. Dix-sept jours plus tard, le président Elias Hraoui fut élu à la première magistrature, un accord ayant été réalisé in extremis autour de sa personne.
Le timing n’est donc pas important, mais l’option. Puis, la conviction que seul le connaisseur, le capable, le pur à la vue futuriste et celui qui se distingue par la fermeté sera le futur président. 

Photo Melhem Karam

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