ET POURTANT, NOUS L’AVONS PAYÉ CHER... |
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Contrairement
à Victor Hugo qui écrivait que “l’avenir est à Dieu”,
au Liban, l’avenir - du moins celui actuellement prévisible - semble
plutôt être au diable, dans la mesure où tout va de
mal en pis.
Prenons l’électricité, par exemple. Il fut un temps qui nous paraît aujourd’hui remonter au déluge (ce même déluge que nos dirigeants évoquent après eux) où l’on voyait un Georges Frem, alors ministre des Ressources hydrauliques et électriques, se mettre en quatre pour tenter de ménager les deniers de l’Etat. Bien mal lui en avait pris. Il fut fichu à la porte, sans autre forme de procès et remplacé par Elias Hobeika qui, à sa manière, mena l’obtention des crédits tambour battant. Des centaines de millions de dollars se mirent, alors, à pleuvoir sur l’EDL, assortis de la promesse mirobolante: “dans 6 mois, vous aurez le courant 24 heures sur 24”. On nous expliqua, aussi avec force détails exclusivement techniques (afin que nous n’y comprenions rien), que ces centaines de millions devaient servir à refaire entièrement l’infrastructure d’un réseau national tout juste bon à s’en débarrasser au profit de Sukleen et que sitôt les travaux achevés, nous ne saurions plus, dans notre bonheur, sur quel bouton appuyer pour faire jaillir la lumière comme en plein jour. A la clé, une facture salée et une sérieuse rallonge à l’interminable liste de nos dettes. Mais qu’à cela ne tienne! N’allions-nous pas recouvrer la vue après presque un quart de siècle de cécité nocturne et nous pavaner devant nos postes de télévision, en nous laissant bercer par le ronronnement rassurant de nos réfrigérateurs?!... Où en est cette fable, sept ans après cette stupide euphorie et ces monstrueuses factures? Presque au même point que le jour où la lumière s’en fut. Chaque mois, à la suite de pannes sauvages, on nous raconte qu’il est arrivé on ne sait trop quoi aux lignes de haute tension; que la station de Jamhour est aussi capricieuse qu’une diva; que la centrale de Zouk est caractérielle et ne supporte pas qu’on jette des ordures dans on ne sait lequel de ses bassins, ordures qu’elle a d’ailleurs refilées à une turbine qui, d’indignation, s’est arrêtée de tourner. Et voilà, dites l’acte de contrition et vous n’aurez que six heures de coupure par jour. Ainsi, messieurs les responsables, ministre Hobeika en tête, vous avez mis 7 ans et nous autres presque un milliard de dollars pour réentendre les mêmes arguments qu’on nous servait du temps des milices! Avec des sommes aussi fabuleuses, nous aurions pu domestiquer le Niagara et drainer l’Amazone jusqu’aux réservoirs de la banlieue-sud. Mais nous ne pouvons toujours pas nettoyer un bassin et faire redémarrer une turbine récalcitrante?! En Turquie, où un séisme d’une magnitude de 7 sur l’échelle Richter, a détruit à 25% les deux villes d’Adana et de Ceyhan; les techniciens ont réussi à rétablir le courant électrique en quelques heures. Et chez nous, quel séisme a forcé M. Hobeika, après 7 ans de travaux, à revenir à des coupures de 6 heures par jour? Il est vrai que, faute d’un tremblement de terre (Dieu merci!), nous souffrons d’un tremblement de gouvernement dont la magnitude dépasse de loin les possibilités de l’échelle Richter. Et si ce n’était que ça. En effet, non contents de nous plonger dans les ténèbres extérieures, les responsables de l’EDL (après avoir mis au rancart les éléments compétents du service), se vengent de leur carence sur les notes d’électricité qui plafonnent, actuellement, au zénith et ce, sans la moindre justification. Est-ce une raison suffisante, si M. Sanioura vit en perpétuel état de manque et se trouve endetté jusqu’aux gencives, pour venir rançonner les usagers? Aujourd’hui, nos notes d’électricité, surgonflées, représentent 40% des revenus d’un salarié moyen, alors que ces messieurs de la nomenklatura et leurs protégés, gavés jusqu’à la nausée, se refusent à imiter la racaille - dont nous sommes - en payant les leurs de factures. Quoi qu’il en soit, nous voulons bien payer - la mort dans l’âme il est vrai - mais qu’on cesse cette ridicule farce des coupures. A moins que le gouvernement pense que nous n’avons pas besoin de courant, puisque chacun de nos trente ministres est à lui seul une lumière. |
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