FIN D'UN CAUCHEMAR

Israël livre les dépouilles de 40 résistants et libère soixante détenus libanais
Une vue des imposantes obsèques qui ont été faites aux martyrs.
Hariri: “Nous aurions voulu ramener tous les Libanais, morts ou vivants, mais cela n’a pas été possible”
 
 
 Sayed Hassan Nasrallah, secrétaire
général du “Hezbollah” récitant la 
“prière de l’absent” devant les cercueils. 
(Téléphotos AFP).  
 
  
Le président Rafic Hariri (de dos)
échangeantune accolade avecun 
ancien détenu des geôles israéliennes. 

 

L’échange des dépouilles de quarante résistants et la libération de soixante détenus libanais s’est déroulé sans accroc, sous la supervision du CICR, au terme de plusieurs mois de pourparlers et de tractations, le chef du gouvernement s’étant chargé de les mener à leur terme sans aucune interférence de la part des mouvements de la résistance.

Sur le tarmac de la base aérienne militaire de l’AIB, le président Rafic Hariri, la voix étranglée par l’émotion, prend l’engagement “de ramener à la mère-patrie tous les résistants libanais, morts ou vivants.”
Le Premier ministre se tient face à quarante cercueils en bois brut, sur lesquels sont inscrits des numéros à l’encre rouge. Il est entouré de MM. Béchara Merhèje, ministre de la Réforme administrative; M. Hardane, ministre du Travail; Daniel Jouanneau, ambassadeur de France - ce pays ayant servi d’intermédiaire entre le Liban et Israël - ainsi que de représentants de “Amal”, du “Hezbollah” et du Parti communiste.
Il y a là, aussi, M. Jean-Jacques Frésard, représentant du CICR à Beyrouth, exténué mais heureux d’avoir accompli un exploit; c’est un peu grâce à ses efforts que ce premier échange a pu avoir lieu.
M. Hariri a remercié le CICR, non sans exprimer sa gratitude aux présidents Assad et Chirac, au commandement de l’Armée libanaise, au président Nabih Berri et à Sayed Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, la dépouille de son fils Hadi se trouvant parmi le lot.
 


Les personnes libérées près de la
résidence Hariri à Majdelioun, à l’est de Saïda. 
 

Moins de vingt-quatre heures après la livraison des dépouilles et la libération de soixante prisonniers, la Résistance entreprenait une opération contre une base de “Tsahal” et de l’ALS au Liban-Sud.

Précédé des ambulances du CICR, 
le convoi à son arrivée à Kfarfalous. 
 
 

NASRALLAH PASSE LA MAIN SUR LE VISAGE DE SON FILS MARTYR
D’ailleurs, dans un geste émouvant, il a passé la main sur le visage de son fils, enroulé dans un linceul blanc, alors que son fils cadet posait un baiser sur le corps qui avait été conservé, dit-on, dans la morgue d’un hôpital israélien. Ceci explique le fait qu’il ait été conservé jusqu’à sa livraison.
Les familles des martyrs ne cachent pas leur émotion et la plupart des personnes présentes ne peuvent retenir leurs larmes devant un spectacle aussi poignant! “Les négociations ont été dures et complexes, dit le président du Conseil. Elles se sont prolongées pendant neuf mois. Nous aurions voulu ramener tous les Libanais, morts ou vivants retenus en Israël, mais cela n’a pas été possible.”
La fanfare de l’armée exécute la sonnerie aux morts; puis, l’hymne national en hommage aux martyrs, avant qu’il soit procédé à la remise des dépouilles aux représentants de “Amal”, du “Hezbollah” ou aux familles éplorées.
Par la suite, un regrettable incident, vite réprimé par les effectifs de l’Armée, devait opposer les deux partis lors du décompte des corps, devant la caserne Henri Chéhab.
Les quarante dépouilles ont été échangées contre les restes d’un soldat israélien, Itamar Elia, ramassés à Ansarieh à la suite d’une opération effectuée par un commando de “Tsahal” ayant tourné à la catastrophe.
Quant à la libération des prisonniers, elle s’est effectuée sur base de deux critères: l’ancienneté et l’état de santé.
Un “Transall” de l’armée française de l’air devait transporter, via Chypre, les quarante dépouilles et les restes du soldat israélien.

Un ancien prisonnier porté en triomphe par les siens.
 

LIBÉRATION DES DÉTENUS
Les détenus libanais étaient libérés le lendemain par voie de terre, via Kfarfalous. Ceux-ci devaient se retrouver au domicile du président Hariri à Majdelioun, non loin de Saïda où les attendaient leurs parents.
Les calvaires des résistants prenaient fin, au terme d’une incarcération qui s’était étendue pour certains durant dix ans et davantage. “Mort à Israël! Vive la résistance”, se sont-ils écriés, laissant éclater leur colère contre l’Etat hébreu et, en même temps, leur joie de retrouver les leurs.
Mais il reste à régler le cas de dizaines d’autres prisonniers.
Une immense clameur s’élève dans la foule massée à la voie de passage de Kfarfalous, lorsque le convoi des revenants apparaît au loin, précédé de trois véhicules blancs frappés de l’emblème du CICR.
Après une brève halte à Majdelioun, les personnes libérées regagnent leurs foyers respectifs, encadrés des membres de leurs familles qui n’en croient pas leurs yeux de voir à leurs côtés des êtres chers qu’ils avaient désespéré de revoir vivants.
C’était la fin d’un cauchemar!



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