![]() Sayed Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah” récitant la “prière de l’absent” devant les cercueils. (Téléphotos AFP). |
![]() Le président Rafic Hariri (de dos) échangeantune accolade avecun ancien détenu des geôles israéliennes.
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Sur le tarmac
de la base aérienne militaire de l’AIB, le président Rafic
Hariri, la voix étranglée par l’émotion, prend l’engagement
“de ramener à la mère-patrie tous les résistants libanais,
morts ou vivants.”
Le Premier ministre se tient face à quarante cercueils en bois
brut, sur lesquels sont inscrits des numéros à l’encre rouge.
Il est entouré de MM. Béchara Merhèje, ministre de
la Réforme administrative; M. Hardane, ministre du Travail; Daniel
Jouanneau, ambassadeur de France - ce pays ayant servi d’intermédiaire
entre le Liban et Israël - ainsi que de représentants de “Amal”,
du “Hezbollah” et du Parti communiste.
Il y a là, aussi, M. Jean-Jacques Frésard, représentant
du CICR à Beyrouth, exténué mais heureux d’avoir accompli
un exploit; c’est un peu grâce à ses efforts que ce premier
échange a pu avoir lieu.
M. Hariri a remercié le CICR, non sans exprimer sa gratitude
aux présidents Assad et Chirac, au commandement de l’Armée
libanaise, au président Nabih Berri et à Sayed Hassan Nasrallah,
secrétaire général du “Hezbollah”, la dépouille
de son fils Hadi se trouvant parmi le lot.
![]() Les personnes libérées près de la résidence Hariri à Majdelioun, à l’est de Saïda. |
![]() Moins de vingt-quatre heures après la livraison des dépouilles et la libération de soixante prisonniers, la Résistance entreprenait une opération contre une base de “Tsahal” et de l’ALS au Liban-Sud. |
![]() Précédé des ambulances du CICR, le convoi à son arrivée à Kfarfalous. |
NASRALLAH PASSE LA MAIN SUR LE VISAGE DE SON
FILS MARTYR
D’ailleurs, dans un geste émouvant, il a passé la main
sur le visage de son fils, enroulé dans un linceul blanc, alors
que son fils cadet posait un baiser sur le corps qui avait été
conservé, dit-on, dans la morgue d’un hôpital israélien.
Ceci explique le fait qu’il ait été conservé jusqu’à
sa livraison.
Les familles des martyrs ne cachent pas leur émotion et la plupart
des personnes présentes ne peuvent retenir leurs larmes devant un
spectacle aussi poignant! “Les négociations ont été
dures et complexes, dit le président du Conseil. Elles se sont prolongées
pendant neuf mois. Nous aurions voulu ramener tous les Libanais, morts
ou vivants retenus en Israël, mais cela n’a pas été
possible.”
La fanfare de l’armée exécute la sonnerie aux morts;
puis, l’hymne national en hommage aux martyrs, avant qu’il soit procédé
à la remise des dépouilles aux représentants de “Amal”,
du “Hezbollah” ou aux familles éplorées.
Par la suite, un regrettable incident, vite réprimé par
les effectifs de l’Armée, devait opposer les deux partis lors du
décompte des corps, devant la caserne Henri Chéhab.
Les quarante dépouilles ont été échangées
contre les restes d’un soldat israélien, Itamar Elia, ramassés
à Ansarieh à la suite d’une opération effectuée
par un commando de “Tsahal” ayant tourné à la catastrophe.
Quant à la libération des prisonniers, elle s’est effectuée
sur base de deux critères: l’ancienneté et l’état
de santé.
Un “Transall” de l’armée française de l’air devait transporter,
via Chypre, les quarante dépouilles et les restes du soldat israélien.
LIBÉRATION DES DÉTENUS
Les détenus libanais étaient libérés le
lendemain par voie de terre, via Kfarfalous. Ceux-ci devaient se retrouver
au domicile du président Hariri à Majdelioun, non loin de
Saïda où les attendaient leurs parents.
Les calvaires des résistants prenaient fin, au terme d’une incarcération
qui s’était étendue pour certains durant dix ans et davantage.
“Mort à Israël! Vive la résistance”, se sont-ils écriés,
laissant éclater leur colère contre l’Etat hébreu
et, en même temps, leur joie de retrouver les leurs.
Mais il reste à régler le cas de dizaines d’autres prisonniers.
Une immense clameur s’élève dans la foule massée
à la voie de passage de Kfarfalous, lorsque le convoi des revenants
apparaît au loin, précédé de trois véhicules
blancs frappés de l’emblème du CICR.
Après une brève halte à Majdelioun, les personnes
libérées regagnent leurs foyers respectifs, encadrés
des membres de leurs familles qui n’en croient pas leurs yeux de voir à
leurs côtés des êtres chers qu’ils avaient désespéré
de revoir vivants.
C’était la fin d’un cauchemar!