Saturnale

Par MARY YAZBECK AZOURY  
L’intérêt supérieur de la nation
- Quelle est la première partie de la politique? demande Michelet?
- L’Education.
- La seconde?
- L’Education.
- Et la troisième?
- L’Education.
Or, ce qui manque le plus à la plupart des hommes politiques libanais, c’est, en vérité, l’éducation.
Ils ne répondent pas aux lettres, ni aux messages téléphoniques, bien qu’ils aient un nombre incalculable de secrétaires et assistants-secrétaires.
Ils ne remercient pas pour les cadeaux envoyés à l’occasion des fêtes et s’étonnent que les secrétaires des diplomates en poste essaient de s’enquérir (discrètement) si le cadeau ou les fleurs ont été bien reçus.
Ils se moquent du tiers comme du quart et s’imaginent que tout leur est dû.
On les aperçoit sur les écrans de TV, affalés dans leurs fauteuils les jambes croisées, offrant leurs semelles en paysage à leurs visiteurs.
Ou ils sont assis, jambes écartées et leurs mains placées on ne sait trop sur quoi...
Ou ils sont debout avec les mains dans les poches de leur pantalon.
L’Education?
C’est ce qui leur manque le plus au sens moral et maintien physique du terme.
Quant à la maîtrise de soi, au célèbre “self-control”, ceci est, aussi, une notion inconnue.
La prochaine fois, les électeurs devront se poser la question: “Ce candidat a-t-il de l’éducation?”
***

UN SOUFFLET? L’INSOLENT EN EUT PERDU LA VIE...
“Si mon âge n’eut trahi ma généreuse envie...”
Quel lecteur a oublié les vers célèbres de Corneille?
Que de réminiscences à l’occasion d’une gifle?
Vlan... Et c’est parti.
Mérité ou pas, ce soufflet devient historique, car on ne voit pas beaucoup de personnes et de responsables s’en allant souffleter leurs adversaires...
La violence physique est rarement utilisée chez les chefs d’Etat, sauf quelquefois dans les républiques bananières. L’on assassine et l’on tue beaucoup plus qu’on ne gifle, dans le monde politique du tiers monde.
Heureux encore de s’en être tiré à bon compte, le “souffleté” devrait remercier sa bonne étoile, car un “accident” est si vite arrivé.

***

TOUT ÇA NE VAUT PAS...
Un clair de lune... à Damas.
Une taloche et toute la République est en branle.
Des scénarios-catastrophes sont montés de toutes pièces.
On prête aux uns et aux autres. On suppute, on analyse, on dissèque, on distingue, on examine, on étudie...
Et tout le monde sait comment cela va se terminer: par une balade à Damas.
Tout le monde va s’embrasser...
Et tout va recommencer.
Et cela s’appelle gouverner!

***

RÉDUIRE LES LIBANAIS À DES MENDIANTS!
Que d’embarras pour une gifle!
On ne discute pas ici du procédé, de l’opportunité ou de l’inopportunité du geste...
Que de gifles devraient être données à de nombreux dirigeants et patrons qui, depuis des mois, blablatent sur l’échelle des salaires.
Faut-il augmenter la pension des retraités?
Une misère plus une misère?
Alors que le gouvernement et les députés devraient plancher sur la crise économique que traverse le pays; alors que de nombreux patrons tardent à payer ou paient la moitié des salaires, tout en faisant signer à leurs employés des fiches complètes de paie, sous peine de renvoi en cas de refus; que font-ils ces messieurs?
Ils discutent, soulèvent des questions marginales, se disputent au sujet de leurs privilèges et préséances, établissent des listes de fautes commises à leur égard, etc...
Les “Confessions d’un Révolutionnaire”, nous viennent à l’esprit: “Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays, sont presque toujours ceux qui le représentent.”

***

“AFFECTEZ DU MOINS L’APPARENCE DE LA VERTU”
Il y a quelque chose de pourri dans la république libanaise.
Alors que dans le monde civilisé, les responsables pensent à améliorer la vie de leurs peuples; alors qu’on espère appliquer dans plusieurs pays la semaine de 35 heures; alors qu’on pense relever l’âge du travail de 14 à 16 ou 17 ans, à quoi rêvent les responsables libanais?
A relever l’âge du travail autorisé de l’enfant de huit ans (c’est bien huit) à douze ans...
Voilà la prouesse de ceux qui s’intéressent aux droits de l’homme et de l’enfant! Voilà bien les dirigeants de ce pays.
Mais à qui la faute?
Aux Libanais eux-mêmes.
Il est vrai que leur excuse est: “Qu’il y a peu à choisir entre des pommes pourries.”


Home
Home