BILAN POSITIF DE LA VISITE DU PRÉSIDENT HAFEZ ASSAD À PARIS

La visite officielle du président Hafez Assad à Paris, du 16 au 18 juillet, a revêtu un caractère particulier vu la rareté des déplacements à l’étranger du chef de l’Etat syrien - sa dernière visite en France remonte à 1976 - et à l’importance qu’attache ce pays quant au rôle primordial de la Syrie dans le processus de paix au Proche-Orient, lequel, en ce moment, se trouve dans l’impasse.
Le président Assad entouré de MM. Chirac et Jospin au dîner
que le président français a offert en son honneur au palais de l’Elysée.
 
Le président Assad, accompagné de cinq de ses ministres et d’une importante délégation d’hommes d’affaires, fut accueilli, à sa descente d’avion à l’aéroport d’Orly, par le président Jacques Chirac, entouré des hauts dignitaires de la République.

ENTRETIENS AU PALAIS DE L’ELYSÉE
Dans l’après-midi du premier jour, les deux présidents ont eu un entretien de deux heures et demie (au lieu de l’heure prévue) qualifié d’amical et positif au palais de l’Elysée. Il fut suivi, à 20 heures, d’un dîner officiel offert par M. Chirac en l’honneur de son homologue syrien et de sa suite. A l’heure des toasts, le président Chirac a prononcé une allocution dans laquelle il a mis l’accent sur l’instauration d’une paix juste, globale et durable au Proche-Orient, “une paix qui garantisse à chacun ses droits et son existence. Une paix viable, sur laquelle bâtir solidement l’avenir, la paix de Madrid, d’Oslo et de Taba. Cette paix qui, j’en ai la conviction, demeure possible.
“C’est le sens de l’appel que le président Moubarak et moi-même avons lancé depuis Paris, il y a deux mois. Initiative, Monsieur le président, dont nous avons longuement parlé. Aujourd’hui, l’idée de réunir une nouvelle fois à la même table les pays amis de la paix pour réaffirmer, contre la fatalité de l’échec, la validité du contrat de Madrid, cette idée fait son chemin. Et je me réjouis, Monsieur le président, de l’engagement stratégique de votre pays en faveur de la paix.
“Cette paix, dit le président Chirac, le droit international en a posé les fondements. C’est le principe de l’échange de la terre contre la paix qui est au cœur des résolutions 242 et 338. C’est l’application, pour le Liban, de la résolution 425 du Conseil de Sécurité. Ce principe de l’échange de la terre contre la paix est à l’origine du processus engagé à Madrid; puis, accepté par tous. Il fonde, depuis, toujours, la position de la France.
 

Le président Assad, accompagné du président Chirac,
passe en revue la garde d’honneur sur l’aire 
de stationnement de l’aérogare.
 
... Et M. Roland Dumas, ex-ministre français des A.E.
Les deux présidents sur le perron de l’Elysée.
Les présidents Assad et Chirac recevant
M. Lionel Jospin, chef du gouvernement français,
parmi les personnalités ayant été invitées au dîner présidentiel...
LA PAIX AUSSI AU LIBAN, CHER À LA FRANCE
“La paix contre la terre avec le retour du Golan à la Syrie. La paix contre la terre avec la poursuite des redéploiements israéliens et des transferts de compétences dans les territoires palestiniens, conformément aux accords signés.
“La paix, aussi, au Liban. Le Liban cher à la France et que nous souhaitons uni, libre et souverain sur tout son territoire. Le Liban que nous soutenons dans la voie de la réconciliation, de la reconstruction, de la démocratie et de la liberté.
“Mais, aussi, la terre contre la sécurité pleine et entière d’Israël. La terre en échange de frontières sûres et reconnues, de relations de voisinage apaisées, confiantes et normales.
“Oui, nous voulons la paix, mais pas n’importe quelle paix, pas à n’importe quel prix. Une paix qui garantisse à chacun ses droits, son existence.”
Le chef de l’Etat français accueillant son illustre hôte au palais de l’Elysée.

ISRAËL RESPONSABLE DE L’IMPASSE
Quant au président Assad, après avoir remercié le président Chirac de son accueil et son hospitalité, il rappelle les relations historiques liant la France à la Syrie.
De la paix au Proche-Orient: “Le processus de paix qui a commencé à Madrid et traduit la volonté de la Communauté internationale d’établir une paix juste basée sur les résolutions des Nations Unies en la matière et sur le principe de la terre en échange de la paix est, aujourd’hui, dans l’impasse à cause de la politique intransigeante pratiquée par Israël. La Syrie était toujours soucieuse d’établir une paix juste dans la région, la preuve en est notre fort appui à la tenue de la Conférence de Madrid.

IMPORTANCE DU RÔLE EUROPÉEN
“Vu le lien existant entre le Proche-Orient et l’Europe et les intérêts communs multiples, le conflit qui persiste dans la région, rend la sécurité d’une partie influencée par celle de l’autre. Ceci met en évidence l’importance du rôle européen pour aboutir à une solution juste qui règle le conflit et souligne, également, le rôle important que la France a joué et pourrait jouer.
“Avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement israélien actuel, le processus de paix s’est trouvé dans une nouvelle situation. Le processus de paix est réduit à zéro. Le gouvernement israélien a refusé la référence juridique du processus de paix (la terre en échange de la paix) en la remplaçant par la sécurité pour Israël, tout en négligeant la sécurité des autres pays de la région et leurs droits légitimes, insistant sur une paix qui ignore les causes du conflit, une paix qui lui accorde et la terre et la sécurité et qui ouvre une voie qui ne mène pas à la paix.
“Ce gouvernement refuse de se retirer du Golan syrien occupé et du Sud du Liban selon la résolution du Conseil de Sécurité NÞ425 et essaye de ne pas s’acquitter de ses engagements acceptés par le précédent gouvernement israélien; il adopte une position qui pourrait brûler le processus de paix, c’est comme si les Etats négocient avec des individus et des parties dont les engagements partent avec eux.
“Dans l’ombre de cette politique, les chantiers de la colonisation ne s’arrêtent pas, la judaïsation de Jérusalem (Al-Qods) se poursuit, les maisons se détruisent, la violence contre les civils se pratique, les habitants sont expulsés de leurs territoires. L’agression contre le Liban ne s’arrête pas, ses habitants sont tués ou expulsés.

Le chef de l’Etat syrien au cours de sa visite à l’Institut du monde arabe.

PAS D’OPPOSITION ENTRE L’EUROPE ET LES ÉTATS-UNIS
“Dans le cadre de l’effort international déployé pour établir la paix, je ne vois pas d’opposition entre le rôle européen et les efforts qu’ont déployés et déploient les Etats-Unis, puisqu’ils saisissent tous l’importance de la paix et la poussent en avant pour le bien des peuples de la région et du monde.
“Le succès du processus de paix se reflètera d’une façon positive sur les peuples de la région et les peuples du monde. La paix garantie pour tous, donnera une forte impulsion aux efforts du développement, épargne à tous un grand nombre de victimes et de tragédies humaines. Nous restons attachés à la paix dans sa véritable signification.
“Nous apprécions les efforts que vous déployez pour développer le partenariat entre la Syrie et l’Union européenne et pour développer les relations entre les pays arabes et l’Union européenne. Les intérêts communs de nos efforts sont susceptibles de servir la cause de la paix et de la sécurité dans notre région, en particulier et dans le monde, en général.
“Si notre visite arrive à traduire nos efforts positivement dans les relations entre le monde arabe et l’Europe, nous aurions contribué à réaliser un des grands objectifs des peuples de nos deux régions, qui croient à l’importance de la coopération et à son efficacité.”

RÉCEPTION À LA MAIRIE DE PARIS ET DÉJEUNER AU QUAI D’ORSAY
Le 17 juillet au matin, le président Assad a été reçu, une seconde fois, à l’Elysée par le président Chirac. Il s’est rendu, ensuite, à la mairie de Paris où une réception était donnée en son honneur par M. Jacques Tibéri, maire de Paris.
A midi, il fut reçu par le Premier ministre, M. Lionel Jospin, dont il fut l’hôte à déjeuner ainsi que la délégation syrienne.
Des discours furent échangés, à cette occasion en faveur d’une paix stable et durable au Proche-Orient et d’une meilleure coopération franco-syrienne à tous les niveaux.
En fin d’après-midi, le président Assad a visité l’Institut du Monde Arabe, fleuron de la culture arabe à Paris, où son président, M. Camille Cabana lui a offert la médaille de vermeil de l’Institut.

ANNONCE D’UNE VISITE PROCHAINE AU LIBAN
Avant de quitter la capitale française, le président Assad a manifesté sa pleine satisfaction de sa visite à Paris et de l’espoir qu’elle pouvait engendrer pour le déblocage du processus de paix au Proche-Orient. De même, il a annoncé sa visite au Liban, avant la fin de l’année courante.
 
LES POINTS FORTS DE LA VISITE DU PRÉSIDENT ASSAD À PARIS 
* Soutien officiel de la France aux positions syriennes relatives à la paix au Proche-Orient. 
* La Syrie s’impose comme un interlocuteur indispensable et incontournable dans les négociations de paix. 
* Possibilité d’une réussite de l’initiative franco-égyptienne pour la tenue d’un sommet international de la paix au Proche-Orient. 
* La souveraineté syrienne sur le Golan ne se discute pas. 
* Nécessité urgente pour le Liban de recouvrer son indépendance, sa souveraineté et sa liberté sur tout son territoire. 
* Renforcement de l’influence française et européenne au Proche-Orient. 
* La Syrie trouve dans la France un allié solide et fiable en Europe. 
* Consolidation des relations franco-syriennes aux plans politique, économique, culturel et social. 
* Nécessité de respecter et d’appliquer les résolutions 242, 338 et 425 de l’ONU.


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