ENTRETIENS AU PALAIS DE L’ELYSÉE
Dans l’après-midi du premier jour, les deux présidents
ont eu un entretien de deux heures et demie (au lieu de l’heure prévue)
qualifié d’amical et positif au palais de l’Elysée. Il fut
suivi, à 20 heures, d’un dîner officiel offert par M. Chirac
en l’honneur de son homologue syrien et de sa suite. A l’heure des toasts,
le président Chirac a prononcé une allocution dans laquelle
il a mis l’accent sur l’instauration d’une paix juste, globale et durable
au Proche-Orient, “une paix qui garantisse à chacun ses droits et
son existence. Une paix viable, sur laquelle bâtir solidement l’avenir,
la paix de Madrid, d’Oslo et de Taba. Cette paix qui, j’en ai la conviction,
demeure possible.
“C’est le sens de l’appel que le président Moubarak et moi-même
avons lancé depuis Paris, il y a deux mois. Initiative, Monsieur
le président, dont nous avons longuement parlé. Aujourd’hui,
l’idée de réunir une nouvelle fois à la même
table les pays amis de la paix pour réaffirmer, contre la fatalité
de l’échec, la validité du contrat de Madrid, cette idée
fait son chemin. Et je me réjouis, Monsieur le président,
de l’engagement stratégique de votre pays en faveur de la paix.
“Cette paix, dit le président Chirac, le droit international
en a posé les fondements. C’est le principe de l’échange
de la terre contre la paix qui est au cœur des résolutions 242 et
338. C’est l’application, pour le Liban, de la résolution 425 du
Conseil de Sécurité. Ce principe de l’échange de la
terre contre la paix est à l’origine du processus engagé
à Madrid; puis, accepté par tous. Il fonde, depuis, toujours,
la position de la France.
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ISRAËL RESPONSABLE DE L’IMPASSE
Quant au président Assad, après avoir remercié
le président Chirac de son accueil et son hospitalité, il
rappelle les relations historiques liant la France à la Syrie.
De la paix au Proche-Orient: “Le processus de paix qui a commencé
à Madrid et traduit la volonté de la Communauté internationale
d’établir une paix juste basée sur les résolutions
des Nations Unies en la matière et sur le principe de la terre en
échange de la paix est, aujourd’hui, dans l’impasse à cause
de la politique intransigeante pratiquée par Israël. La Syrie
était toujours soucieuse d’établir une paix juste dans la
région, la preuve en est notre fort appui à la tenue de la
Conférence de Madrid.
IMPORTANCE DU RÔLE EUROPÉEN
“Vu le lien existant entre le Proche-Orient et l’Europe et les intérêts
communs multiples, le conflit qui persiste dans la région, rend
la sécurité d’une partie influencée par celle de l’autre.
Ceci met en évidence l’importance du rôle européen
pour aboutir à une solution juste qui règle le conflit et
souligne, également, le rôle important que la France a joué
et pourrait jouer.
“Avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement israélien
actuel, le processus de paix s’est trouvé dans une nouvelle situation.
Le processus de paix est réduit à zéro. Le gouvernement
israélien a refusé la référence juridique du
processus de paix (la terre en échange de la paix) en la remplaçant
par la sécurité pour Israël, tout en négligeant
la sécurité des autres pays de la région et leurs
droits légitimes, insistant sur une paix qui ignore les causes du
conflit, une paix qui lui accorde et la terre et la sécurité
et qui ouvre une voie qui ne mène pas à la paix.
“Ce gouvernement refuse de se retirer du Golan syrien occupé
et du Sud du Liban selon la résolution du Conseil de Sécurité
NÞ425 et essaye de ne pas s’acquitter de ses engagements acceptés
par le précédent gouvernement israélien; il adopte
une position qui pourrait brûler le processus de paix, c’est comme
si les Etats négocient avec des individus et des parties dont les
engagements partent avec eux.
“Dans l’ombre de cette politique, les chantiers de la colonisation
ne s’arrêtent pas, la judaïsation de Jérusalem (Al-Qods)
se poursuit, les maisons se détruisent, la violence contre les civils
se pratique, les habitants sont expulsés de leurs territoires. L’agression
contre le Liban ne s’arrête pas, ses habitants sont tués ou
expulsés.
PAS D’OPPOSITION ENTRE L’EUROPE ET LES ÉTATS-UNIS
“Dans le cadre de l’effort international déployé pour
établir la paix, je ne vois pas d’opposition entre le rôle
européen et les efforts qu’ont déployés et déploient
les Etats-Unis, puisqu’ils saisissent tous l’importance de la paix et la
poussent en avant pour le bien des peuples de la région et du monde.
“Le succès du processus de paix se reflètera d’une façon
positive sur les peuples de la région et les peuples du monde. La
paix garantie pour tous, donnera une forte impulsion aux efforts du développement,
épargne à tous un grand nombre de victimes et de tragédies
humaines. Nous restons attachés à la paix dans sa véritable
signification.
“Nous apprécions les efforts que vous déployez pour développer
le partenariat entre la Syrie et l’Union européenne et pour développer
les relations entre les pays arabes et l’Union européenne. Les intérêts
communs de nos efforts sont susceptibles de servir la cause de la paix
et de la sécurité dans notre région, en particulier
et dans le monde, en général.
“Si notre visite arrive à traduire nos efforts positivement
dans les relations entre le monde arabe et l’Europe, nous aurions contribué
à réaliser un des grands objectifs des peuples de nos deux
régions, qui croient à l’importance de la coopération
et à son efficacité.”
RÉCEPTION À LA MAIRIE DE PARIS
ET DÉJEUNER AU QUAI D’ORSAY
Le 17 juillet au matin, le président Assad a été
reçu, une seconde fois, à l’Elysée par le président
Chirac. Il s’est rendu, ensuite, à la mairie de Paris où
une réception était donnée en son honneur par M. Jacques
Tibéri, maire de Paris.
A midi, il fut reçu par le Premier ministre, M. Lionel Jospin,
dont il fut l’hôte à déjeuner ainsi que la délégation
syrienne.
Des discours furent échangés, à cette occasion
en faveur d’une paix stable et durable au Proche-Orient et d’une meilleure
coopération franco-syrienne à tous les niveaux.
En fin d’après-midi, le président Assad a visité
l’Institut du Monde Arabe, fleuron de la culture arabe à Paris,
où son président, M. Camille Cabana lui a offert la médaille
de vermeil de l’Institut.
ANNONCE D’UNE VISITE PROCHAINE AU LIBAN
Avant de quitter la capitale française, le président
Assad a manifesté sa pleine satisfaction de sa visite à Paris
et de l’espoir qu’elle pouvait engendrer pour le déblocage du processus
de paix au Proche-Orient. De même, il a annoncé sa visite
au Liban, avant la fin de l’année courante.
LES POINTS FORTS DE LA VISITE DU PRÉSIDENT
ASSAD À PARIS
* Soutien officiel de la France aux positions syriennes relatives à la paix au Proche-Orient. * La Syrie s’impose comme un interlocuteur indispensable et incontournable dans les négociations de paix. * Possibilité d’une réussite de l’initiative franco-égyptienne pour la tenue d’un sommet international de la paix au Proche-Orient. * La souveraineté syrienne sur le Golan ne se discute pas. * Nécessité urgente pour le Liban de recouvrer son indépendance, sa souveraineté et sa liberté sur tout son territoire. * Renforcement de l’influence française et européenne au Proche-Orient. * La Syrie trouve dans la France un allié solide et fiable en Europe. * Consolidation des relations franco-syriennes aux plans politique, économique, culturel et social. * Nécessité de respecter et d’appliquer les résolutions 242, 338 et 425 de l’ONU. |