LA SECURITE ROUTIERE, UNE PRIORITE
NOS JEUNES MEURENT SUR LES ROUTES

Désormais, au Liban la vie humaine est en danger à chaque détour de chemin et l’Etat ne réagit pas ou si peu! D’autre part, les propriétaires des auto-écoles accusent leur jeune clientèle d’être, généralement, irresponsable, trop délurée encore à 18 ans pour tenir le volant. En effet, est-il plus dangereux d’élire son représentant au parlement (majorité politique fixée à 21 ans) que de tuer son semblable ou de se faire tuer sur la route? (majorité civile fixée à 18 ans), d’autant plus que l’examen de routine est un jeu d’enfant.
LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT...
A qui la faute?
A l’Etat, au citoyen? Ou aux deux à la fois?
L’Etat n’instaure aucun contrôle de la vitesse sur les routes: ni indications de vitesse-limite, ni caméras pour capter en photo les contrevenants, ni radars, ni agents de l’ordre pour veiller à la sécurité, arrêter et sanctionner ceux qui roulent tous feux éteints ou en “between”, clignant d’un feu unique à peine plus lumineux qu’une petite luciole.
L’Etat n’impose aucun test d’alcoolémie sur les routes, tarde encore à imposer le port de la ceinture de sécurité obligatoire, ne signale pas assez les travaux en cours et laisse des trous béants ouverts sur les bords des trottoirs, véritables dangers tant pour les piétons que pour les voitures.
L’Etat autorise - ou du moins n’interdit pas - des “épaves” à rouler sans feux, ni phares, sans freins parfois, flageolant sur leurs roues, polluantes, leur moteur cuit à point, d’autant que les voitures ne sont plus soumises, surtout cette année, au contrôle technique des services de la mécanique, hormis celles nouvellement acquises. Or, n’est-il pas aberrant d’y soumettre celles-là mêmes que l’on vient d’acheter et que l’acquéreur a, en général, passé au peigne fin et montré à son mécanicien pour s’assurer de son bon état?
 

Un véhicule venant en sens interdit sous les yeux
- détournés - de l’agent de police. On se croit tout permis! 
 

Auto-école: “L’examen pour l’obtention 
du permis de conduire est primitif”. 
 
 Au moment de l’acquisition, d’accord. Mais après, qui en assure le “suivi”, une fois que la voiture a pris la route? “Il incombe aux Forces de Sécurité intérieure (FSI) de s’acquitter de cette tâche”, nous dit un responsable du service de la mécanique, de dresser des barrages, de rédiger des procès-verbaux à l’encontre de ceux dont les véhicules ne répondent pas aux critères légaux”...

...ET CELLE DU CITOYEN
Si la faute incombe, en grande partie, à l’Etat qui n’applique pas les principes élémentaires de la sécurité, elle retombe, aussi, sur le citoyen qu’il soit parent ou enfant offrant, dans le premier cas, à son fils une motocyclette presque “volante” lui permettant de zigzaguer en sens interdit dans les rues de la ville ou un bolide rutilant pour ses 18 ans qu’il ira finir, fracassé, contre un mur ou un poteau.
Dans le second cas, ce sera un fils à moitié fou qui revient échauffé d’une party, après deux bières et trois whisky et qui, au lieu de tituber en marchant, roulera à tombeau ouvert...
Et les tests d’alcoolémie? Eh! bien chez nous on n’en a guère entendu parler et on est fier de se taper une bouteille de vin avant de raccompagner les amis, en prenant une “autoroute” plus en lacets qu’une route de montagne et ressemble davantage au circuit des vieilles “matchbox”.
...Ou bien encore s’agira-t-il d’un “monsieur tout le monde” qui s’arrogera sans façons le droit de s’approprier votre âme, roulera à 100 à l’heure sur une route étroite, prendra les virages en épingle et viendra tout simplement vous heurter de plein fouet? Puis, s’avèrera sans le sou lorsqu’il s’agira de réparer les dommages qu’il aura causés quand ce n’est pas l’irréparable?
 


Un cimetière de voitures en plein Achrafieh, 
alors que les places aux parkings se paient cher.  
Avis aux municipalités!

Des accidents comme on en voit  
si souvent sur nos routes. 
 
L’AVIS DES PROPRIÉTAIRES DES AUTO-ÉCOLES
Mais qu’en pensent encore les propriétaires des auto-écoles? Nous en avons interrogé deux d’entre eux, MM. E.D et R.M.
- Etes-vous satisfait de vos élèves?
- Vous semblent-ils assez mûrs pour tenir le volant?
- L’examen d’obtention du permis de conduire est-il sérieux? Et ceux qui l’obtiennent le méritent-ils?
- Quelle est la proportion d’échec à cet examen?
Nos deux interlocuteurs répondent à ces questions par la négative: Non, ils ne sont nullement satisfaits du niveau de leurs “élèves”, d’autant plus que l’examen, disent-ils, est archaïque, dépassé et primitif. Les apprentis-conducteurs apprennent à conduire - c’est le cas de le dire - entre les lignes... tracées dans un enclos, alors que c’est parmi les voitures qu’il faut apprendre pour avoir l’habitude des routes. C’est la façon moderne. “Cela nous aurait permis de les faire profiter de notre expérience dans ce domaine”. Le contraire est une catastrophe.
E.D. ajoute: “Les avocats font bien un stage, de même que tous les diplômés, en général. Pourquoi ne pas soumettre à un stage obligé après l’obtention du permis, le nouveau conducteur ayant à ses côtés l’un de ses parents qui contrôlera sa vitesse et sa façon de conduire? Il faut que l’obtention du permis soit progressive.”
R.M, lui, souhaite le changement des modalités de l’examen qui n’a pas changé depuis le mandat français. “Il faut le moderniser pour qu’il réponde, effectivement, aux exigences de la route encombrée du XXIème siècle et aux normes de sécurité.”
Aussi, sont-ils tous les deux d’accord pour dire que leurs “élèves” ne sont pas assez mûrs pour prendre la route et que près de 90% d’entre eux ne méritent pas d’obtenir leur permis, mais l’obtiennent souvent de la manière que l’on sait.
“Si l’examen était plus sérieux, précise E.D., seuls 10% le passeraient avec succès.
“Paradoxalement, près de 97% des apprentis-conducteurs “réussissent” brillamment leur examen et tout le monde gagne comme à “l’école des fans”.
Avant 1975, les choses allaient mieux, disent-ils. Depuis le mandat français et jusqu’en 1975, 400.000 permis furent délivrés, alors que depuis 1975 à nos jours, 1.600.000 permis ont été obtenus, soit une augmentation de 1.200.000 permis pour un nombre d’années beaucoup plus réduit.
Un regard sans grille protectrice au bord d’un trottoir,
danger sérieux tant pour les automobilistes que pour les piétons.
LES ACCIDENTS
Ils ne se comptent plus et deviennent de plus en plus mortels. Les FSI ont eu l’amabilité de nous fournir des chiffres-spécimen pour les accidents qui ont eu lieu en 1997:

Les causes de ces accidents de la route sont multiples, il s’agit notamment de:
• facteurs humains, à 90% avec 90% dus à la vitesse, 4% à des pannes de mécanique du véhicule, 5% en raison de l’état de la route et de son encombrement;
• facteurs environnementaux, 1%.
Notons qu’il existe, également, une proportion d’accidents complexes où plusieurs facteurs entrent en jeu.
Exemple: vitesse + panne due à la mécanique ou vitesse + vieux qui traverse.

Nombre de blessés par an:
Moins de 18 ans: 20%.
18 à 45 ans: 68%.
Plus de 45 ans: 12%.

Nombre de tués par an:
Moins de 18 ans: 16%.
18 à 45 ans: 53%.
Plus de 45 ans: 31%.

Tués:
Hommes: 79,691%.
Femmes: 20,209%.
Etrangers: 17,447%.
Piétons: 33,526%.

Blessés:
Hommes: 79,268%.
Femmes: 20,632%.
Etrangers: 11,616%.
Piétons: 19,558%.
 

NON ET NON 
l A la vitesse. 
l A la surcharge des camions. 
l Aux routes mal éclairées la nuit. 
l Aux feux et phares éteints des véhicules, la nuit. 
l A l’alcool au volant. 
l Aux feux rouges brûlés. 
l Aux motocyclettes qui “swinguent” en sens interdit. 
l A l’imprudence et à la négligence qui peuvent coûter la vie.

QUELQUES CHIFFRES
Voici un échantillon des accidents de la route survenus à Beyrouth et au Liban aux mois de juin, juillet et août 1997:


Ces chiffres ne semblent-ils pas assez révélateurs: N’est-il pas temps de réagir?
Tel qu’il apparaît de ces chiffres, des hommes et des femmes, jeunes et vieux payent de leur vie et de leur corps ces graves “écarts de conduite”.
Quand on parle de blessés, il ne s’agit généralement pas d’une égratignure, mais d’un traumatisme crânien, d’un œil perdu, d’un bras cassé ou d’une jambe amputée.

QU’EN PENSENT LES COMPAGNIES D’ASSURANCE?
Dans 50% des cas, les accidents sont, dans la capitale, de petits accrochages, alors que les “grands” ont lieu sur les routes de montagne. Les causes en sont presque toujours les mêmes: la vitesse due au jeune âge du conducteur avec ou sans permis ou le retour d’une soirée tardive avec ou sans ingestion d’alcool.
Le coût moyen de “petits” sinistres varie entre 250 et 300 dollars. Quant aux blessés et aux tués, les compagnies d’assurances paient les dédommagements et les frais médicaux selon le montant de la couverture et selon l’ampleur des dégâts physiques occasionnés tels qu’estimés par les tribunaux.
Le coût moyen par sinistre en 1997 s’élevait:
• Pour les compagnies ayant soumis les chiffres par catégories, le coût moyen de la catégorie:
- Responsabilité civile est de US$ 191,19.
- Tous risques est de US$ 515,88.
- Autres catégories est de US$ 424,63.
• Pour les compagnies ayant soumis le total des chiffres, le coût moyen est de US$ 261,23.
D’où résulte un coût moyen par sinistre de US$ 267,84.
Note: On remarque une augmentation sensible du coût moyen par sinistre des autres catégories (79%).
Le pourcentage des polices frappées de sinistres en 1997 s’élevait:
• Pour les compagnies ayant soumis les chiffres par catégories, la fréquence de la catégorie:
- Responsabilité civile est de 23%.
- Tous risques est de 65%.
- Autres catégories est de 33%.
• Pour les compagnies ayant soumis le total des chiffres, la fréquence est de 34%.
D’où résulte un pourcentage moyen des sinistres par rapport aux polices émises de 32%, soit une légère progression par rapport à l’année précédente.
Note: On remarque une nette augmentation de la fréquence des sinistres des voitures assurées en tous risques par rapport à l’année 1996 (de 55% à 65%).

N.B.: Les chiffres ci-haut mentionnés ont été convertis au taux de 1 dollar = L.L. 1.527.


 

SOLUTIONS: 
Il est temps d’intervenir, menacés que nous sommes de perdre sur nos routes le peu de jeunes qui nous restent et qu’il nous faut protéger. Pour cela nous proposons plusieurs procédés: 
l Permis de conduire mérités sur base de nouvelles méthodes. 
l Education civique devant inclure l’apprentissage du respect de la vie d’autrui. 
Et, plus urgemment: 
l Campagnes médiatiques de sensibilisation et de prévention des jeunes. 
l Contrôles routiers par les forces de l’ordre et limite de vitesse, surtout la nuit. 
l Contrôle sérieux des véhicules par les services de la mécanique. 
l Ceinture de sécurité obligatoire. 
l Indications claires des travaux en cours. 
l Etat des routes: remblayage des trous, pose de grilles aux regards béants sur les routes... 
Certes, il y a beaucoup à faire, mais la vie reste un don précieux; elle n’appartient qu’à celui qui nous en a gratifiés et un “fou du volant” n’a nullement le droit et sous aucun prétexte, de nous l’ôter. 

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